Prime aux notables

mars 2021 | PAR Michel Gairaud
Éclipsées par le Covid et les régionales, les élections départementales mobilisent seulement les pros de la politique. Démocratie locale en berne !

Le doyen des six présidents des départements de notre région, Maurice Chabert, 77 ans, a le sens de la formule : « Il ne faut pas trop faire rêver les gens ! » Mission accomplie ! Élu par défaut à la tête d’une institution sans véritable majorité, toujours inconnu, après six ans de mandat, de la plupart des habitants de son propre département, le Vaucluse, il a donc parfaitement accompli son programme.

L’âge de nos élus est un indicateur relatif. Des jeunes défendent des idées bien plus datées que celles de leurs aînés. Mais les chiffres sont têtus : en Provence-Alpes-Côte d’Azur, les présidents actuels des « CD » ont en moyenne 68,5 ans. Malgré une réforme du dernier scrutin imposant des binômes paritaires, ce sont presque tous des hommes, de droite, étiquetés LR. Comme la benjamine du casting, 58 ans, dans les Bouches-du-Rhône, Martine Vassal, qui ne fait donc pas exception côté couleur politique. Et le seul socialiste de la galerie, René Massette, 71 ans, gouverne les Alpes-de-Haute-Provence en s’alliant… à la droite !

Alors qui sait qu’approchent des élections départementales ? Pourtant, leur date, les 20 et 27 juin, est imminente. Elle a longtemps été menacée par un report au motif « sanitaire ». Autre subtilité : pour la première fois, nous élirons en même temps le président de la région et ses conseillers. La campagne, si elle démarre, va donc être aussi rapide que confuse. Une prime aux « pros », aux sortants, aux notables, aux appareils politiques. Et la crainte de devoir ensuite placer la démocratie locale en réanimation.

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