L’ombre d'Hubert Falco
Depuis un an et demi, Hubert Falco se fait beaucoup plus discret au conseil départemental du Var. L’intérêt de la justice pour l’utilisation à son profit des cuisines de la collectivité qu’il a présidé de 1994 à 2002, et qui a été perquisitionnée le 9 mars, a visiblement coupé l’appétit de l’actuel maire LR de Toulon.
Mais pas son influence au sein du département. En plus de se faire préparer, servir et parfois livrer ses repas du midi et du soir, week-end et jours fériés compris (1), l’ex secrétaire d’État et sénateur disposait d’un bureau à l’Hôtel des Lices, le siège du CD 83. Hubert Falco aimait aussi y venir prendre un café matinal avec Marc Giraud, qu’il a installé en 2015 dans son ancien fauteuil. Certainement pour parler popotes, en particulier de celles du conseil départemental. « Marc Giraud n’a pas les coudées franches, explique un cadre de la collectivité. Falco n’intervient pas dans la gestion courante, mais s’il a besoin d’argent pour Toulon ou la métropole [qu’il préside également, Ndlr] Giraud signera les chèques. » Et de donner « un exemple au-delà de la caricature », selon les mots du fonctionnaire : « Giraud s’est fait choper par Falco pour avoir supprimé des subventions à la métropole ! »
« Falco a chopé Giraud »
En plus d’être des amateurs de rugby, les deux partagent des élus dans leurs collectivités respectives. « Ils ont des intérêts communs et sont très liés », assure également le conseiller départemental SE (ex RN) Damien Guttierez, qui les a connus lorsqu’il était encarté à l’UMP. C’est ce que constate également Faouzia Mehazem, la secrétaire générale Unsa de la collectivité. Depuis des années, la syndicaliste réclame inlassablement en comité technique la mise en place « d’actions correctives » aux recommandations de la chambre régionale des comptes, notamment en matière de ressources humaines.
Dans leur rapport sur la gestion du département du Var, rendu public en juin 2016, les magistrats financiers se sont notamment étonnés des « passe-droits » et des « logiques familiales prégnantes » en cours dans la collectivité. Dans leur viseur en particulier, le fils et la femme d’Hubert Falco lui-même. Directeur du patrimoine, le premier aurait bénéficié d’un CDI irrégulièrement et n’avait pas les compétences pour le poste. « Par courrier du 20 juillet 2005, le préfet a considéré que ce contrat était “entaché d’illégalité” », rappellent les magistrats financiers. La seconde, directrice adjointe de l’association du personnel de la collectivité (Assovar), a elle bénéficié de six passages de grades en dix ans. Un record !
Dans les deux cas, Marc Giraud a défendu bec et ongles les dossiers. Alors même que la CRC l’invitait « fermement […] à mettre un terme aux nombreuses pratiques irrégulières relevées et aux interférences familiales ou interpersonnelles constatées dans la gestion des ressources humaines de la collectivité. » Le président du « CD 83 » attend l’autorisation d’Hubert ?
1. Var Matin, 17/10/2019