“La bataille des idées a été gagnée”

juin 2022 | PAR Michel Gairaud, Nina Cardon
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Entretien en partenariat avec Radio Grenouille
Henrik Davi, nouveau député Nupes (LFI) à Marseille, était l'invité de la Grande Tchatche avant son élection.

1 077 voix d’écart ! Il s’en est fallu de peu qu’Hendrik Davi devienne député Insoumis de Marseille. C’était il y a cinq ans, en 2017, dans la 5eme circonscription. Il est alors battu par la candidate macroniste Cathy Racon-Bouzon. Leur duel, celui de deux inconnus dans le paysage politique local, avait cristallisé les bouleversements politiques à l’œuvre.

Les 12 et 19 juin prochains,  ce sera l’heure du match retour. Le voilà investi par la Nupes, la Nouvelle union populaire écologique et sociale. La grande alliance inattendue, arc en ciel fédérant, autour de l’Union populaire conduite par Jean-Luc Mélenchon, les Insoumis mais aussi, cette fois ci, Europe Écologie, le PCF et le PS.

Ça tombe bien parce que l’écologie et le social, c’est l’ADN d’Hendrik Davi. Son boulot, c’est d’étudier la vulnérabilité et l’adaptation des forêts méditerranéennes au changement climatique. Sujet brûlant alors que la sécheresse menace déjà dés ce printemps notre région. Il est directeur de recherche à Avignon à l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. Après une thèse à Paris, il a aussi obtenu en Provence un master de philosophie des sciences.

Mais il est également un syndicaliste actif : porte parole de la CGT INRAE, membre de la commission exécutive CGT de l’union fédérale des syndicats de l’État. Issu des classes moyennes intellectuelles – mère institutrice, père ingénieur du bâtiment membre du PCF, l’engagement, chez lui, c’est une histoire familiale… Mobilisé contre les guerres en Afghanistan et en Irak, il mène de près les batailles altermondialistes en participant aux forums mondiaux de Gênes à Athènes, en passant par Evian, Paris et Londres.

Il adhère, à 26 ans, à la LCR de Besancenot, puis au NPA, puis au Front de Gauche, au sein d’Ensemble, composante de la France insoumise. Sans oublier un bref passage chez les Verts. Aux municipales marseillaises, en 2014, il figure en bonne place sur la liste conduite par le communiste Jean-Marc Coppola.  Bref il est à lui tout seul une union des gauches et des écologistes !

Il a aussi rédigé, dans « l’avenir en commun », le programme de l’union populaire, le chapitre sur la forêt, bien entendu, mais aussi celui sur l’enseignement supérieur et la recherche, ainsi que celui sur les savoirs pour la bifurcation écologique. Mais l’heure n’est plus à la théorie : il doit prouver, cette fois-ci, qu’il peut faire bifurquer une circonscription symbolique détenue par la majorité Macron. Chaud ! Chaud ! C’est aussi chaud que le climat !

M. G.

Actualisation le 20/06/2022 : Hendrik Davi est élu député Nupes (LFI) de la 5eme circonscription de Marseille avec 56,64 % des suffrages exprimés contre 43,36 % pour Cathy Racon-Bouzon (Renaissance-Ensemble). Et 55,56 % d’abstention.

le Ravi : L’ambiance est-elle aussi chaude que le climat pour la Nupes, la nouvelle alliance populaire sociale et écologique, avant les législatives ?

Hendrik Davi : En effet, il fait beaucoup trop chaud pour un mois de mai, surtout en Inde. Pour ce qui est de la politique, on a bon espoir de gagner. Nous n’étions qu’à 1 000 voix en 2017 (dans la 5eme circonscription à Marseille, Ndlr). Mais il peut tout se passer tant que la campagne n’est pas finie, il faut continuer de convaincre les électeurs un à un. La menace pour nous c’est l’abstention de nos électeurs. Le problème c’est l’inversion du calendrier depuis que les législatives sont après la présidentielle : celui qui gagne mobilise son électorat et pour celui qui perd, l’électorat se démobilise.

Il y a 5 ans l’abstention a été très très élevée, 60 % sur votre circonscription

Oui on a regardé cela de manière assez précise récemment. En gros Cathy Racon-Bouzon (la candidate LREM qui a emporté l’élection en 2017, Ndlr) avait conservé le nombre de votants d’Emmanuel Macron au second tour. En ce qui concerne la France Insoumise on avait perdu 50 % de notre électorat. Donc on voit bien que l’enjeu c’est de mobiliser nos électeurs en leur expliquant qu’effectivement c’est une élection importante, d’autant plus importante qu’il y a une chance qu’on ait une majorité, une cohabitation, et que Macron ne puisse pas appliquer son programme anti-social et anti-écologique.

« Pap Ndiaye : l’arbre qui cache la forêt »

Quelques mots sur le gouvernement d’Elisabeth Borne ?

Elisabeth Borne c’est un peu comme Olivier Véran, c’est la caution de gauche. Mais les électeurs ne savent même pas qu’elle est passée par les Cabinets de la gauche. En réalité, elle a mené une politique relativement antisociale quand elle était ministre. Notamment sur le chômage on s’en souvient tous. Elle a participé à la privatisation de la SNCF, aux modifications du statut de la RATP. Donc, foncièrement, c’est la même politique assez ancienne de réformes libérales qui consiste à marchandiser nos services publics. Donc il n’y a pas de surprise pour Elisabeth Borne, pas de surprise non plus pour de nombreux ministres qui ont été reconduits. C’est quand même un gouvernement très à droite avec quelques ministres comme Pap Ndiaye qui effectivement sont là pour être l’arbre qui masque la forêt.

Pap Ndiaye qui a été, dès son arrivée, confronté au racisme…

Oui les réactions sont tout à fait inacceptables. Le racisme dont il fait l’objet et dont beaucoup de nos compatriotes font l’objet dès qu’ils entrent en politique ou dès qu’ils sont vus dans les médias, est tout à fait inacceptable. D’autant plus que c’est une personnalité intéressante qui a écrit sur la condition noire en France. Après on ne comprend pas très bien ce qu’il vient faire dans ce gouvernement. Un peu comme Hulot en 2017, on a peur qu’il soit finalement dans une situation qui le mène à l’impasse.

Que pensez-vous de Sylvie Retailleau, la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ?

Elle a été la présidente de Paris-Saclay, une immense machine à détruire l’Enseignement supérieur et la Recherche. Ce sont de grands établissements qui vont, de dérogation en dérogation, petit à petit, démanteler les structures habituelles. Ils ouvrent la possibilité de l’augmentation massive des frais d’inscription pour les étudiants. Il y a de la mise en concurrence encore plus forte et encore plus féroce pour les enseignements et pour les étudiants. Donc c’est ce contre quoi je me bats maintenant depuis près de 20 ans en tant que syndicaliste, cette Recherche marchandisée qui finalement devient plus difficile d’accès pour le plus grand nombre.

Et puis il y a Damien Abad, ministre des solidarités, visé par deux accusations de viol…

Il devrait démissionner, tout de suite.

Même s’il n’y a pas d’affaire de justice en cours ?

Non il n’y a pas d’affaire de justice en cours mais comme pour Taha Bouhafs (candidat LFI soupçonné de violences sexuelles, Ndlr) on a pensé que c’était nécessaire, une fois que les accusations étaient faites, qu’il ne soit pas candidat. J’ai lu attentivement l’enquête de Mediapart, les deux accusations sont extrêmement graves. Une collaboratrice qui ne se souvient plus de ce qui s’est passé après avoir bu un verre de champagne, qui se retrouve le lendemain chez lui. C’est quand même très surprenant. Puis beaucoup de témoignages qui concordent, son ex-mari qui raconte qu’elle a subi quelque chose de pas normal puisqu’elle a pleuré toute la journée le lendemain. Tout cela, elle l’a livré très courageusement, elle a aussi expliqué que c’était grâce à #Metoo. C’est très important pour les femmes que maintenant, quand il y a des agresseurs, des violeurs ou du harcèlement sexuel, elles prennent la parole et dénoncent ceux qui les agressent. Donc il devrait démissionner au moins pour pouvoir se défendre. Ce qui a changé avec #Metoo et il faut vraiment en prendre conscience, c’est qu’on ne met plus en doute à priori la parole des femmes.

Dans un autre registre, nos confrères de Marsactu, ont documenté les pratiques de Claire Pitollat, députée sortante LREM, mise en cause pour du harcèlement vis à vis de ses assistants et son usage personnel des frais de mandat. Votre réaction ?

J’ai lu aussi l’article. Bien sûr, il y a des choses qui sont tout à fait inacceptables. Si elle a fait des choses qui sont répréhensibles, il faut que cela soit sanctionné. Mais pour ce qui est des frais, en réalité elle les a remboursés. Bien sûr que cela paraît surprenant qu’elle ait fait ça mais néanmoins ce n’est pas un scandale absolu… Ça arrive à tous les français de faire des erreurs. Le problème des attachés parlementaires, est effectivement plus préoccupant. Une dizaine d’entre eux qui se plaignent, ce n’est pas normal. Il y a un gros souci et nous devons prendre collectivement en compte la situation des attachés parlementaires qui sont trop souvent harcelés moralement, qui font beaucoup trop d’heures. Il y a même un syndicat des attachés parlementaires. Si je suis élu, je serai attentif avec les attachés parlementaires. J’essaierai de me battre pour qu’il aient de meilleures conditions de travail.

Des électeurs qui espéraient un renouvellement des pratiques avec l’élection en 2017, de nombreux nouveaux députés qui n’ayant jamais fait de politique ont été déçus. Pensez-vous pouvoir faire mieux ?

Cette question, je me la pose bien évidemment mais néanmoins sur ces questions-là, je suis sûr que c’est organisé socialement. Quand une population souffre d’exploitation ou d’oppression c’est parce que socialement c’est organisé. On retrouve en fait ce type de comportement dans tous les partis, dans toutes les forces politiques. Donc on ne va pas résoudre cela seulement avec une éthique individuelle, je crois très peu à ce genre de choses. Évidemment individuellement, et c’est mon cas, quand on a conscience des conditions de travail des autres et qu’on veut éviter qu’elles se dégradent, des différentes oppressions, le racisme, le sexisme, on évite dans son comportement de promouvoir ce genre de choses. Mais en réalité si on veut vraiment avancer globalement, il faut favoriser des systèmes qui évitent cela. Cela passe par des règles, par l’information des députés à mon avis. Donc cela s’organise socialement. Ce n’est pas juste une question d’éthique individuelle. La preuve ce n’est pas une histoire de trajectoire. Parce qu’en fait, on a des politiciens professionnels qui ont eu ce type de comportement et on a eu des citoyens plus nouveaux dans la politique qui peuvent avoir des comportements qui ne sont pas éthiques.

« Nous sommes au début d’une refondation de la gauche et de l’écologie »

Avec la Nupes, il se passe vraiment quelque chose de nouveau ?

Oui il se passe quelque chose de nouveau. En réalité, la gauche est divisée, elle l’a toujours été. Elle s’est fracturée à partir du traité constitutionnel parce qu’il y a eu ceux qui ont appelé à voter oui, ceux qui ont appelé à voter non. Ça a créé une ligne de fracture assez forte entre ceux qui étaient plus pour s’adapter au capitalisme et ceux qui étaient plutôt pour affronter le néo-libéralisme et proposer une société d’entraide et soutenable écologiquement y compris en affrontant les puissances d’argent. Il y avait ces deux gauches-là. Il y a d’autres clivages sur le racisme, sur l’écologie mais ce qui est en train de se résorber avec la formation de la Nupes centrée autour d’un point de gravité plutôt de rupture. On a réussi à rassembler presque tout le monde. La plupart du temps quand on avait l’union de la gauche c’était plutôt le parti le moins en rupture avec le système qui prédominait notamment du temps de François Mitterrand. Là c’est le contraire. C’est nouveau et c’est lié à la situation grave de crise sociale, de crise écologique et surtout de crise démocratique qui fait qu’on ne peut pas résoudre ces trois crises sans un programme franc de rupture. L’ossature de ce programme a été l’Union populaire, on a réussi à l’enrichir. Il y a 650 propositions maintenant dans la Nupes avec des idées du parti communiste français, du parti socialiste ou d’Europe Écologie Les Verts. On a maintenant quelque chose qui, quand on le relit, donne vraiment de l’espoir. Il y a quelque chose de solide. Il y a un horizon, des méthodes, des moyens qui sont mis en place. Nous sommes au début d’une refondation de la gauche et de l’écologie politique.

La retraite à 60 ans, qui figure au programme de la Nupes, n’était pas au sommaire de celui du PS notamment…

C’est une mesure qui fait consensus au sein de la population. Les salariés français ne veulent pas travailler après soixante ans. Le droit de partir à la retraite à 60 ans c’est vraiment une proposition qui permet de rassembler tout le monde. Je ne sais pas si vous avez déjà été en Angleterre ou aux États-Unis mais j’ai toujours été frappé de voir le nombre de personnes très âgées travaillant dans les aéroports, faisant des petits boulots, ramassant des papiers etc… Parce qu’à partir du moment où on n’a plus de système de retraite et qu’on ne peut plus partir à la retraite à un âge relativement décent comme soixante ans, la conséquence c’est que nos anciens travaillent et font de tout petits boulots dans des conditions extrêmement précaires.  Ce n’est pas la société qu’on veut. En plus, du travail il y en a mais il faut le partager. Beaucoup de jeunes n’arrivent pas à en trouver ou ne trouvent que du travail précaire. Donc le partage du travail par la baisse des 35 heures, une sixième semaine de congés payés, personne n’en parle mais c’est dans le programme figurez-vous. On doit aller vers une société qui produit moins, qui consomme moins et qui travaille moins, c’est le sens de l’histoire en réalité.

Le coût pour financer ces mesures est-il supportable ?

Si, si ! C’est comme en 1936 pour les congés payés. Les patrons disaient que c’était impossible, que c’était complètement utopique. Les premiers systèmes de retraite avant 1945, c’était pareil : c’était impossible. Ceux qui détiennent l’argent et les capitaux disent toujours à ceux qui n’ont rien qu’ils ne peuvent pas partager et que c’est impossible. Les moyens, ils existent évidemment. Pour cela il faut faire revenir les cotisations sociales car Hollande puis Macron n’ont pas arrêté de faire des cadeaux aux patrons. Les cadeaux c’est quoi ? C’est faire en sorte que les cotisations sociales qu’il payaient avant, il ne les paient plus. Par ce fait, on a des déficits que ce soit pour la branche maladie ou pour la branche vieillesse. Mais si on refait payer à la hauteur de ce que sont capables de payer les entreprises, les grandes entreprises surtout, en réalité on remplit les caisses très vite. Par exemple, l’égalité salariale hommes-femmes déjà finance la retraite à 60 ans.

« Que nous soyons au pouvoir ou pas, nous les ferons échouer sur la retraite »

Sur les retraites le gouvernement actuel semble déjà rétropédaler. Vous pensez qu’ils peuvent renoncer à repousser à 65 ans l’âge légal de départ ?

Ce gouvernement est pieds et mains liés aux grandes puissances financières qui ont un intérêt immense à ça. Pourquoi ? Parce qu’à partir du moment où on allonge l’âge du départ à la retraite en fait les gens vont partir quand même à 58 ans, 60 ans parce qu’il vont être licenciés. Et donc pour pouvoir avoir une retraite décente ils vont capitaliser. C’est énorme toute cette masse d’argent qui est dans la sécurité sociale ou dans notre système de redistribution des retraites. Elle ne passe pas par les assurances privées, elle ne permet pas de faire du profit à des entreprises. Donc ça les rend fous les gens qui veulent faire du profit. Ils voudraient pouvoir toucher le pactole. Ce sont de très grands groupes de spéculation financière qui font pression. On a beaucoup parlé de Black Rock qui est un fonds d’investissement, ils exercent une pression énorme sur les gouvernements pour pouvoir accéder à cet argent. Après, le jour où il y a une faillite financière, les retraités n’ont plus de retraite. C’est pour cela qu’il ne faut surtout pas aller vers cela. Macron va pourtant essayer. Néanmoins, ils ont toujours échoué à casser la retraite par répartition en France. Je suis entré en militance en 1995, lors du grand mouvement des retraites, ça m’a toujours marqué. Ils y sont revenus à plusieurs reprises en dénaturant un peu le système mais fondamentalement ils n’y sont pas arrivés. La retraite à points, il n’y sont pas arrivés. Ce n’est pas à cause du Covid, c’est parce que socialement et au Parlement, il y avait une résistance telle qu’ils ont dû renoncer. Sur la retraite à 65 ans, que nous soyons au pouvoir ou pas, nous les ferons échouer.

Au sein de la Nupes, les différentes sensibilités sont donc d’accord sur le fond du programme ?

Oui, oui il y a un accord sur le fond. La retraite à 60 ans est un bon exemple. Prenez la réaction de François Hollande, celle de Manuel Valls, et vous comprenez que les clarifications ont eu lieu. D’ailleurs Olivier Faure a eu un courage que l’histoire lui reconnaîtra. Les divisions au sein de la gauche sur la grande question du néolibéralisme et de l’accompagnement du démantèlement du contrat social traversent les partis, au moins le PS et EELV. Ce qui s’est passé c’est que la ligne de rupture a été majoritaire avec les 22 % de Jean-Luc Mélenchon et qu’on a réussi à recomposer autour d’elle. On n’entend plus Yannick Jadot et on voit Carole Delga, Anne Hidalgo et d’autres au PS qui sont fous furieux. Cela prouve bien qu’on a réussi à reconstituer et à rassembler réellement non pas une “soupe à logos” mais des forces collectives pour un objectif commun. Ça a du sens.

Il reste toutefois entre vous ce que la Nupes appelle des “nuances”. Ce n’est pas de la com pour désigner des désaccords ?

Il y a toujours des désaccords bien sûr. Même moi j’en ai. Concernant la retraite à 60 ans, je suis toujours pour les 37 annuités et demi par exemple. Mais effectivement c’est beaucoup plus cher à financer. On a tous des nuances. La question c’est : est-ce qu’on est tous sur la même ligne de rupture pour la planification écologique, pour la justice sociale ? A partir de là heureusement que le gouvernement va pouvoir retrouver son rôle. Un parlement c’est des députés qui discutent, des groupes parlementaires qui essaient de se convaincre pour élaborer des lois et c’est très bien comme cela.

« A terme il faudra se passer du nucléaire »

Quid du nucléaire auquel le PCF reste très attaché ?

A terme il faudra se passer du nucléaire aux vues des risques et du problème de l’extraction. Je rappelle toujours ce qui se passe dans les mines d’uranium au Niger où les populations vivent un enfer. On peut discuter mais la question de la sortie du nucléaire, c’est ce que je défends et c’est ce que nous défendons à l’Union populaire. Mais après, les modalités de cette sortie et comment on organise le mix énergétique pendant l’intervalle, n’est pas si simple à régler en réalité. Tout va dépendre de notre capacité à baisser notre consommation d’énergie et de matières. Dans le projet de l’Union populaire, dans un des plans, on s’était donné comme objectif de diviser par trois la consommation d’énergie primaire. C’est quand même quelque chose de très ambitieux, on ne sait pas si on va y arriver. On aura peut-être besoin du nucléaire dans le mix…

Comment garantir, une fois élu, que vous ne changerez pas d’avis sur ce sujet comme l’a fait Macron lors de son dernier mandat ?

Vous pouvez nous faire confiance, on va vouloir aller vers cette sortie du nucléaire. Après, je pense que sur ces sujets-là, et c’est ce qu’on avait trouvé comme compromis en 2012, il n’est peut-être pas inintéressant d’avoir une convention citoyenne. On l’a vu sur le climat, ça a très bien marché. Ce n’est peut-être pas inintéressant d’avoir un référendum d’initiative citoyenne, un grand débat national pour que les experts puissent s’exprimer, que les citoyens comprennent tous les tenants et les aboutissants et qu’à partir de cela, on arrive à trouver les solutions.

Il y a un vrai sujet sur les centrales nucléaires vieillissantes en France et l’EPR, le nouveau réacteur censé les remplacer, dont les coûts explosent et la technologie questionne…

Il y a un vrai sujet, c’est pour cela qu’on est prêts à sortir du nucléaire il n’y a pas de doute là-dessus. Mais on est un peu accros à l’énergie facile en France. Doublement accros même. Le monde est accro aux énergies faciles avec les énergies fossiles et la France est en plus accro au nucléaire. Par rapport à d’autres pays, on a beaucoup de chauffage électrique alors que ce n’est pas le principal mode de chauffage pour d’autres pays, parce qu’on a le nucléaire et donc l’électricité à bon marché. Il faut quand même entamer tout cela, c’est pour cela qu’on parle de bifurcation et de planification. Il n’y a pas de bouton “on/off” facile à actionner en réalité. On a la volonté politique de sortir du nucléaire. Si cela fait débat avec nos collègues du parti communiste français et bien il y aura un grand débat et ce sera tranché par référendum ou par une majorité à l’Assemblée nationale, nous verrons les modalités.

« J’engage vraiment les électeurs à la jouer utile »

Pensez-vous que la Nupes est un attelage qui va tenir ? Un peu partout des candidats dissidents apparaissent…

Sincèrement, il y a des dissidences mais les électeurs ne se tromperont pas. Il y a le rassemblement très large de la gauche qui va de la France Insoumise jusqu’au PS en passant par le PC et EELV, c’est-à-dire toute la famille. Les électeurs ne se tromperont pas. Après il se peut que dans certains endroits il y ait des personnalités connues qui arrivent à changer les choses et à empêcher souvent un candidat de la Nupes soit d’être au second tour soit de gagner. On risque d’avoir une majorité qui peut se jouer à très peu de choses, il y a un petit trou de souris pour qu’on ait la majorité absolue : 289 députés. On est en tête dans les intentions de vote et le second tour n’est pas du tout gagné pour Emmanuel Macron et pour Renaissance. On sait que ça va se jouer à peu de chose. On ne peut pas se permettre de rater pour deux députés ou trois députés. J’engage vraiment les électeurs à la jouer utile et pour le coup c’est assez facile parce qu’il n’y a pas besoin de faire 36 calculs pour savoir quel est le vote utile.

Pourquoi avoir choisi de diffuser Ma France de Jean Ferrat lors de votre Grande Tchatche ?

C’est d’abord un choix très personnel parce que mon père la passait tous les samedis sur le vinyle. Je me souviens encore comment ça craquelait. Pour moi c’est quelque chose de très sentimental. Après politiquement je trouve qu’elle résume très bien notre nouveau rassemblement, c’est cette France là en fait qu’on défend. Bien sûr il manque la composante écologique, là-dessus ça a vieilli, néanmoins elle est très belle et c’est ce récit qui passe de la Révolution française à la Commune de Paris, à 1936, 1968… C’est cette France-là que nous voulons voir gagner le 12 et 19 juin.

Certains regrettent la place du nationalisme – avec les nombreux drapeaux tricolores dans les meetings – dans le mélenchonisme. Vous sentez-vous à l’aise avec cette dimension ?

La revendication nationale n’est pas ma tradition. Ce que je défends dans la France des Lumières c’est l’universalisme derrière “Liberté, égalité, fraternité”. Je suis un scientifique et je me retrouve aussi dans l’importance du rationalisme dans l’histoire politique. Mais je ne suis pas forcément à l’aise avec la mise en avant du drapeau français. Ce n’est pas ma culture politique car je suis assez internationaliste. Aussi parce que dans mon histoire j’ai un grand-père allemand, officier de la Wehrmacht, un autre italien, une grand-mère espagnole et une grand-mère française ouvrière. Bref, la France c’est tout ça. Donc si le drapeau français est la représentation de tout ça, effectivement on peut en être fier. Mais il a souvent été aussi utilisé, et c’est l’ambivalence des drapeaux, on le sait bien, pour d’autres choses. Car la France a aussi été un empire colonial, avec des massacres pendant toute la décolonisation. Je me revendique de la première France pas de la deuxième.

« A Marseille, gagner cinq circonscriptions, ce serait énorme ! »

Quels résultats espérez-vous aux législatives dans les sept circonscriptions marseillaises ?

Quatre circonscriptions sont gagnables, l’une l’est un peu plus difficilement. En gagner cinq ce serait énorme. La 7ème circonscription et la 4ème devraient être relativement faciles à gagner. Dans ma circonscription (la 5ème), la gauche totalise 46 % des votes donc on est très loin de la Macronie. Si on arrive à se maintenir loin devant, on devrait pouvoir l’emporter.

Benoît Payan, le maire (PS) de Marseille, soutient la Nupes. Votre réaction ?

Je vous avais dit que c’était historique ! On était très contents que Benoît Payan vienne soutenir Mohammed Bensaada (candidat LFI dans le 3eme circonscription), ce n’était pas du tout prévu. Le maire a pris la balle au bond car lors de la conférence de presse le lundi précédent, en répondant à une question, Bensaada avait dit : “si le maire veut venir il est le bienvenu.” Et il est venu, c’est très gentil de sa part. Parce qu’évidemment dans une campagne comme celle-ci, le soutien de l’ensemble de la gauche et du maire en particulier, est appréciable.

A Marseille, autour de la Nupes, se retrouvent des militants qui avaient soutenu le Printemps marseillais et d’autres non. Quel est votre parcours ?

J’ai fondé le Printemps marseillais avec Sophie Camard (maire des 1er et 7eme arrondissements) et d’autres. Le point un peu complexe, c’est qu’au début je croyais qu’EELV y serait. Après il se trouve que Sébastien Barles et la majorité de EELV, ont fait un autre choix. Donc ça m’a posé des questions et nourrit des débats au sein de La France Insoumise. En revanche mon camarade Mohammed Ben Saada était dans la pacte démocratique (qui n’a pas rejoint le Printemps marseillais, Ndlr). Ce qu’on a décidé pendant l’été, était de réunifier tout cela et que La France Insoumise tire dans le même sens. Donc on ne va pas refaire toute l’histoire mais en gros on avait comme point de convergence qu’il y ait un accord avec le pacte démocratique. Parce que c’était important, ça venait des Etats généraux des quartiers populaires. Cette composante citoyenne qu’a pu incarner Kévin Vacher dans le début de campagne, est très importante. Donc il fallait avoir un accord avec le pacte. L’autre point de désaccord c’est que nous souhaitions que l’incarnation du Printemps marseillais n’émane pas du parti socialiste, c’était ça les deux points de clivage. Je trouve qu’on a plus ou moins échoué au mois de décembre sur ces deux points. En tout cas, il y a eu un échec et j’ai quitté le Printemps marseillais à ce moment-là.

Jean-Luc Mélenchon ne se représente pas à Marseille. C’est une déception ?

C’est son choix, ce n’était plus à cela qu’il aspirait. Et puis il espère bien être premier ministre et on va tout faire pour.

« Emmanuel Bompard veut vraiment être un député de proximité »

La Nupes a investi dans la circonscription de Mélenchon son directeur de campagne, Emmanuel Bompard. Certains dénoncent un parachutage.

Les parcours de vie sont maintenant très variés. Moi aussi je suis arrivé à Avignon en 2005 et à Marseille en 2011 car ma femme travaille à la Timone. Je suis aussi un néo-Marseillais. Emmanuel Bompard veut s’installer à Marseille. Ce n’est pas un parachutage au sens où il va venir et disparaître, en tout cas il s’y est engagé. Il fait une campagne de terrain et veut vraiment être un député de proximité. Qu’il vienne de Toulouse ou d’ailleurs ce n’est pas vraiment le problème. Les députés sont, je le rappelle, des élus de la nation. L’important c’est qu’ils puissent rendre compte de la réalité de la circonscription à l’Assemblée et rendre compte de leurs mandats aux citoyens des circonscriptions. C’est cela le principe de la Vème République, ce ne sont pas des élus locaux comme les sénateurs. Donc, non, ce n’est pas choquant. C’est une chance pour Marseille parce que c’est quelqu’un de compétent et de bon.

Des insoumis regrettent encore que Jean-Luc Mélenchon n’ait pas joué un rôle plus important dans la vie politique marseillaise. Et vous ?

Très honnêtement ça n’aurait pas été sain. Concernant les municipales, je rappelle quand même qu’il a tenté de réunir tout le monde, toutes les composantes entre le pacte démocratique, EELV, le Printemps marseillais, en disant aux uns et aux autres “essayez de vous entendre”. Mais ce n’était ni son rôle ni son objectif politique de participer à la reconstitution de la gauche marseillaise, ce n’est pas son projet de vie. Son projet était d’être député de Marseille et de s’inspirer de la ville. Il l’a fait dans ses propositions. Beaucoup de ce qu’il dit sur la créolisation viennent d’un processus de maturation et aussi au contact de cette ville. Il s’est vraiment inspiré de la politique marseillaise pour faire de la politique nationalement. Il a peut-être été insuffisamment présent pour les associatifs. Mais pour les électeurs qu’on rencontre, tous étaient convaincus. Le score qu’il fait dans sa circonscription à la présidentielle clôt tous les débats : 55 %. Sa force a été effectivement sa faiblesse. Quand on est un dirigeant politique national, qu’on préside un groupe à l’Assemblée, ce n’est pas possible en plus d’être le député qui est là tous les samedis pour écouter les doléances des citoyens. D’ailleurs d’autres ont fait cela en partie. Il y avait des écrivains publics. Il y a eu des choses qui ont été faites dans cette circonscription par La France insoumise. Emmanuel Bompard n’aura pas ce même problème car il est jeune, il veut s’installer à Marseille et ce sera un député de proximité. Il n’aura pas ce souci car il n’aura pas les mêmes responsabilités que Jean-Luc Mélenchon.

La Nupes n’a pas retenu, dans la circonscription de Mélenchon, la candidature de Kevin Vacher, portée par le collectif “nos vies, nos voix” réclamant que les militants issus des quartiers et des mouvements citoyens soient mieux représentés à l’Assemblée…

Je suis sensible à ces arguments car ce sont des militants qui ont travaillé notamment sur la rue d’Aubagne. Mais n’oublions pas que Mohammed Bensaada était au pacte démocratique et que moi même je reste syndicaliste, sauf si je suis élu. J’ai été membre d’Attac et militant anti-guerre plutôt dans les réseaux associatifs. Donc fondamentalement, vouloir identifier dans les parcours militants une composante propre qui serait indépendante des politiques à mon avis ce n’est pas prendre le problème par le bon bout. Kevin Vacher avait cette légitimité de par son parcours politique. Il était militant du NPA, c’est là où je l’ai rencontré, il a aussi été militant à la France insoumise. Il a sa légitimité pour demander à être candidat, ça ne s’est pas fait, bon voilà. Il a eu la très bonne démarche de ne pas continuer sa campagne et de s’insérer dans celle de la Nupes. D’ailleurs on fait un meeting commun sur le logement bientôt. Il y aura Kevin, tous les candidats de la Nupes et c’est super.

« Le féminisme est un vrai enjeu! »

A Marseille, sur les sept candidats investis par la Nupes, il y a seulement une femme. Cathy Racon-Bouzon, la député Renaissance sortante (LREM) que vous affrontez, raille ce casting masculin…

C’est une élection nationale. Si on ne respecte pas la parité, on paie des amendes. L’équilibre existe au niveau national. On s’est engagés à ce qu’il y ait autant d’hommes que de femmes en poste éligible, c’est ça qui est important. C’est une élection nationale, il y a trop de femmes à Paris et personne ne fait un scandale parce que tous les candidats investis par la Nupes sont des femmes. Donc il y a des déséquilibres d’un côté et de l’autre mais c’est un faux procès et c’est assez fatiguant. En plus si on regarde l’assemblée sortante il me semble bien qu’on a un très grand nombre de députés femmes qui sont tout à fait mises en avant dans le groupe LFI : Clémentine Autain, Danièle Obono, Mathilde Panot… Effectivement, c’est mieux si en région il n’y a pas trop de déséquilibre. Mais en treize jours avoir un accord avec toutes les composantes et en plus obtenir un équilibre hommes-femmes dans toutes les villes de France, était impossible. Il faut être raisonnable. Pour moi c’est de la polémique stérile qui sert à masquer les vrais enjeux. Et le féminisme est un vrai enjeu ! Que le ministre accusé de harcèlement voire de viol, démissionne toute suite et on pourra écouter les arguments de Cathy Racon-Bouzon.

L’Europe fait face à la pire sécheresse depuis le 18ème siècle. Elle se fait sentir dès ce printemps dans la région…

Malheureusement, pour moi qui suis scientifique et qui suit les rapports du GIEC et des climatologues sur la région, ce n’est pas une surprise. Les climatologues avaient prévu ça. Depuis déjà 15 ans, on sait qu’en région méditerranéenne, on va avoir des sécheresses de plus en plus prolongées notamment au printemps. Il faut agir, baisser nos émissions de gaz à effet de serre. Il faut s’adapter aussi, donc arrêter d’utiliser l’eau n’importe comment mais rien n’est fait. Les transports en commun par exemple, là je suis venu à pied pour enregistrer cette émission, c’est agréable, à une demi-heure de la Plaine. En réalité, on n’a toujours pas de transports en commun à la hauteur des enjeux du XXIème siècle. Ils ne sont toujours pas accessibles, essayez d’y aller avec une poussette, un fauteuil roulant. Essayez d’y aller quand vous avez des béquilles, ce n’est pas possible. Donc il faut avoir une politique radicale de transformation écologique en allant à la fois vers plus de sobriété, et en allant vers plus d’énergies renouvelables. Tout cela, on sait le faire et on ne le fait pas !

Il n’est donc pas trop tard pour agir contre le réchauffement climatique ?

Bien sûr qu’on peut agir ! Quand on décide de faire quelque chose, l’humanité peut le faire et très vite. On est passé de l’hydroénergie – au début de l’industrie c’était des moulins à eau pour les tisserands – au charbon pour des raisons capitalistiques en moins de 10 ans. On a restauré les terrains de montagne dans toute la région en un siècle. Quand on s’en donne les moyens, on y arrive, l’humanité est capable. On a les techniques, on sait faire. Par contre, on continue d’avoir des appareils qui tombent en panne tout le temps, des jeans qui se trouent au bout de trois jours… Toute une obsolescence programmée parce qu’il faut avoir les marchandise qui circulent, du profit qui circule, parce qu’il faut faire consommer les gens pour que certains s’enrichissent. A la fin on a cinq milliardaires en France qui gagnent autant que 40 % des plus précaires et 20 milliardaires dans le monde qui gagnent autant que 3 milliards d’individus. Pourquoi on n’agit pas alors ? Ce n’est pas parce qu’on ne sait pas, c’est parce que ceux d’en face ne veulent pas. Il ne faut pas me lancer sur la sécheresse. Par exemple à Avignon, un jour je me suis dit : “à quoi sert cet aérodrome ?”. On a un aérodrome qui est financé par les impôts des Avignonnais. On m’a expliqué qu’il y avait pleins d’avions privés dans cet aérodrome et que c’était les riches qui vivent dans ces coins-là, le Luberon, qui prennent leur avion le matin, vont faire leur course au Bon Marché et reviennent en avion. Voilà on vit dans cette société-là. Ça devrait être interdit, point barre. On ne va pas faire ses courses en avion au XXIème siècle lorsque le climat se réchauffe et que les Indiens crèvent sous 51°C. C’est de la volonté politique et tous ceux qui vous disent le contraire sont des menteurs.

« Agir contre le réchauffement climatique, non ce n’est pas compliqué ! »

Malgré les discours sur l’écologie punitive vous pensez que les électeurs de de votre circonscription comprennent l’urgence de ces enjeux ?

La moitié des gens que je rencontre en ce moment ont des allergies et des crises d’asthme, en plus d’avoir des séquelles du Covid. Donc non, les gens ont conscience que l’air pollué à Marseille est une catastrophe. La gestion des déchets, n’en parlons pas, c’est n’importe quoi. Pour trier ses déchets, il faut vraiment être héroïque parce qu’en général tout déborde, vous l’avez vu, j’imagine, comme moi. Ça déborde de partout, c’est impossible, parce qu’il n’y a pas assez de rotations. Les Marseillais en ont parfaitement conscience. Les jeunes générations en ont de plus en plus conscience. La bataille des idées a été gagnée mais il y a une sorte de chape de plomb parce qu’il y a une forme de résignation. On laisse sous-entendre que cela serait très compliqué, comme en 1936 où on laissait sous-entendre que c’était très compliqué les congés payés. Non ce n’est pas compliqué.

Vous croyez vraiment que la bataille des idées est gagnée pour la gauche et les écologistes ?

Sur l’écologie et le changement climatique en réalité, même des gens de droite avec qui vous discutez, ont compris. La crise de la biodiversité, les abeilles, les gens ont à peu près compris. Les français sont contre la retraite à 65 ans. Ils sont pour le SMIC à 1 500€. Donc on est très majoritaires sur un certain nombre de mesures même auprès d’une partie de l’électorat de l’extrême droite où de la droite populaire. Le problème, c’est qu’on n’a pas réussi à traduire cela en majorité politique positive, c’est notre projet avec le rassemblement de la Nupes. Nous voulons que les citoyens s’emparent réellement de cet outil et aillent voter les 12 et 19 juin parce qu’on peut avoir une autre majorité qui permette de faire la transition écologique et la justice sociale.

Selon qu’ils sont bons ou mauvais, la Nupes relaye ou critique les sondages

Certaines techniques tentent de connaître les intentions de vote, elles ont failli à la présidentielle. Actuellement, les intentions de vote nous donnent en tête, ça donne une indication sur le premier tour. Mais sur le second tour aucun travail n’est fait. De toute façon, ce ne sont que des projections et leur modèle dépend d’un tas d’hypothèses selon lesquelles on peut avoir une majorité Nupes ou une majorité Macron. Certains instituts de sondages, ont des hypothèses pour projeter la suite où ils prennent comme modèle de transition le report de voix et ce qui s’est passé en 2017. Mais en 2022 il se passera autre chose. Si les électeurs se mobilisent pour aller voter, on aura une majorité pour la Nupes. Évidemment les sondeurs ont le droit de diffuser des intentions de vote mais ensuite ils doivent préciser que les projections ne sont pas des intentions de vote. Ils n’ont pas demandé aux électeurs ce qu’ils allaient faire au second tour. Ils ne peuvent pas dire en réalité qu’elle sera la projection. Donc là s’ils le font c’est quasiment frauduleux, c’est pour dire à nos électeurs de ne pas aller voter. Nous on leur dit, s’ils tentent de vous truander, allez voter.

Jean-Luc Mélenchon premier ministre ce n’est donc pas pour vous qu’un slogan ?

Bien sûr qu’il y a une possibilité ! C’est un trou de souris, comme il y avait un trou de souris pour être au second tour de la présidentielle. On s’est aperçu qu’à 300 000 voix près, on n’était pas loin. Donc c’est une possibilité. Ce n’est pas le fait qu’il soit premier ministre qui est intéressant, c’est qu’on puisse ne pas perdre cinq ans de plus. Cinq ans avec la retraite à 65 ans. Cinq ans avec une politique qui n’est pas suffisante au niveau écologique…

Propos recueillis par Michel Gairaud, mis en forme par Nina Cardon