« On est au bout d’un cycle »

mai 2013 | PAR Michel Gairaud, Rafi Hamal
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Entretien en partenariat avec Radio Grenouille
Edouard Baldo, candidat à la primaire PS d’Aix-en-Provence, invité de la Grande Tchatche

Le mariage pour tous vient d’être adopté. Pourquoi suscite-t-il encore autant de réactions radicalisées ?
Le mot que je retiens, c’est celui de « réaction » ! J’ai vécu l’évolution du Code Civil à une époque où la filiation légitime était la seule légale. Les enfants naturels, incestueux ou adultérins n’existaient pas. Aujourd’hui, il faut s’adapter à certaines réalités. Le mariage est un acte d’état civil. Ne regardons pas les choix sexuels des gens. Dans un État laïc, on ne peut pas vouloir faire abroger une loi en raison d’une philosophie personnelle ou interdire aux autres d’exercer leur choix. On a beaucoup critiqué le président Hollande en disant qu’il n’avait pas d’autorité, il faut reconnaître qu’il a tenu !

Pourquoi placer votre candidature aux primaires socialistes à Aix-en-Provence sous la bannière de l’éthique ?
Je crois à la probité en politique : on ne mélange pas son portefeuille avec les affaires publiques.

Au parti socialiste, le député Jean-David Ciot que vous avez soutenu aux législatives, est mis en examen, comme le président PS du Conseil généraI. Et comme la députée Sylvie Andrieux qui vient d’être condamnéeà de la prison ferme mais fait appel et reste aussi en fonction. Votre position ?
Je pense qu’un élu, investi de la confiance des citoyens, doit rendre à son parti son mandat avant d’être jugé lorsqu’il est mis en examen sur des sujets qui concernent ses prérogatives politiques.

Vous travailleriez avec un élu mis en examen ou qui aurait des soucis avec la justice ?
Je ne m’embarquerai pas avec des gens véreux ou douteux. Surtout pas dans ma liste aux municipales !

Comment faire dans ce contexte pour redonner confiance aux citoyens ?
Je suis opposé au cumul du nombre des mandats et au cumul des années de mandat. Je regrette profondément que la réforme sur le non cumul n’ait pas été proposée au vote dès la première année du gouvernement Hollande. Les professionnels de la politique sont coupés de la population. Il faudrait un statut de l’élu qui limite une carrière à un seul mandat, éventuellement renouvelé une fois.

La primaire est un dispositif nouveau pour des élections municipales. Avez-vous le sentiment que c’est une chance pour Aix-en-Provence ?
Pour avoir bien connu les mécanismes internes du PS dans les Bouches-du-Rhône, dès que le principe des primaires a commencé à monter, j’en ai été un partisan acharné. La primaire, c’est la parole donnée aux citoyens.

Une primaire locale ne risque-t-elle pas de subir l’influence de pratiques clientélistes ou de barons locaux ?
Si le président du Conseil général se manifeste, je pense que ça desservira celui au bénéfice duquel il intervient ! A Aix-en-Provence, les choses se présentent bien. Lors de la primaire pour la présidentielle, la participation sur Aix était presque de 10 % de l’ensemble du corps électoral. Aujourd’hui, l’engouement de la population est à nouveau palpable. Les élections municipales sont passionnantes. Les citoyens se sentent déjà concernés par la primaire…

Votre première priorité est la gratuité sur le réseau des bus. Est-ce vraiment la mesure qui va débloquer Aix et son pays ?
Dans les cinq dernières années, 13 000 jeunes adultes ont quitté Aix, faute de logements à leur portée et de places pour leurs enfants dans les crèches. Ils travaillent toujours à Aix mais habitent désormais dans toutes les communes aux alentours jusqu’à 50 kilomètres à la ronde. Ceux qui habitent le plus loin payent le plus cher pour les déplacements en transports en commun. La gratuité des transports existe déjà dans vingt villes en France, dont Aubagne.

Les transports sont payants dans l’agglomération marseillaise. Est-ce logique, alors qu’on parle de métropole, d’envisager la gratuité seulement à Aix ?
Il n’y a aucune difficulté à avoir un système de transports gratuit à l’intérieur d’une commune et des transports intercommunaux payants…

Vous êtes très favorable à une métropole. Contrairement à la quasi-totalité des maires du département…
En Allemagne, dans les années 1970, on a diminué le nombre de communes en les fusionnant. En France nous avons toujours les régions, les départements, les inter-communalités et 13 000 communes. On est arrivé à un point de non-retour : les gens de l’économie n’ont plus en face d’eux des décideurs qui tranchent. Certains élus renvoient sans cesse à d’autres leur responsabilité en disant « ce n’est pas moi c’est la communauté de communes, ou ce n’est pas moi c’est la région »… On a trop de collectivités publiques !

Maryse Joissains estime que les Aixois, en substance, « n’ont pas à payer pour voler au secours des pauvres Marseillais ». Seront-ils obligés, si la métropole est créée, de payer les dettes des pauvres Marseillais ?
Je ne vois pas pourquoi Aix irait financer Marseille. La loi sur la métropole va laisser leur budget aux communes. La piétonisation de la vieille ville d’Aix ne va pas être payée par Marseille !

Aix ne doit pas avoir peur de Marseille ? C’est un vieux fantasme ?
C’est un moyen pour une équipe, à bout de forces et en bout de cycle, d’essayer de se maintenir…

Souhaiteriez-vous rendre la ville d’Aix plus populaire, moins élitiste, par les prix de l’immobilier notamment ?
De 1965 à 1978 (Ndlr période où la municipalité est SFIO puis PS), la ville a construit la ZUP d’Encagnane, la ZAC du Jas de Bouffan, la zone industrielle, la zone d’activités de la Pioline, tous les parkings extérieurs du tour de ville. Tout en conservant le génie de cette ville avec une vie culturelle hors du commun, on a réussi à héberger les personnes qui n’étaient pas fortunées…

Que pensez-vous du ralliement de Jean Chorro, premier adjoint de Maryse Joissains, à Bruno Genzana (UDI) pour les prochaines municipales ?
M. Chorro va devoir partager le poids du passif actuel : pour arriver à faire tenir leur budget, la maire d’Aix et son équipe ont vendu 17 immeubles appartenant à la commune en 2011, 27 en 2010, 16 en 2009…

Propos recueillis par Michel Gairaud et Rafi Hamal, mis en forme par Clément Barraud