Martine aime faire des cadeaux

février 2020 | PAR Jean-François Poupelin
Martine Vassal a multiplié les aides d’investissement du conseil départemental des Bouches-du-Rhône pour les communes du département. Voici le détail pour une trentaine d’entre-elles, qui représentent les trois quart de la population.

Dans les aides aux communes du Département des Bouches-du-Rhône présidé par la LR Martine Vassal, c’est un peu comme dans le cochon : tout est bon ! En tout cas tout peut être financé : de la rénovation d’un monument aux morts à l’achat de caméras de vidéoprotection ou de véhicules utilitaires électriques. Mais aussi des investissements plus classiques et structurants : extension d’une école, réfection d’un gymnase, requalification de voiries etc. Avec la baisse des dotations de l’état, tous les maires du département s’accordent d’ailleurs à reconnaître que sans le soutien de la collectivité, et en premier lieu les très recherchés contrats départemental de développement et d’aménagement, ils ne pourraient ou auraient certainement beaucoup de mal à investir.

Martine fait des surprises

Parce que pendant les élections départementales de 2015 elle dénonçait l’explosion de cette ligne et l’utilisation partisane qu’en faisait son prédécesseur, le sulfureux et ex-socialiste Jean-Noël Guérini, le Ravi a voulu faire le point sur la manière dont Martine Vassal, l’actuelle présidente LR du « CD 13 » et candidate à la mairie de Marseille, s’en sert. Le mensuel d’enquête et de satire s’est donc replongé dans le panel de 32 communes du département qu’il avait déjà ausculté en 2018 : des grandes, des moyennes, des petites ; des de droite, de gauche et du centre. Soit un gros quart des 119 communes du territoire, mais presque les trois quart de la population. Malgré nos efforts, le travail n’est pas tout à fait exhaustif : certaines lignes peu significatives n’ont pas été prises en comptes (gestion durables des déchets non dangereux par exemple) et il est très probable que nous  n’ayons pas mis la main sur toutes les délibérations. Le « CD13 » n’étant Open Data « friendly », la réalité est donc probablement supérieure. Sympa, le Ravi vous offre l’intégralité de ses recherches : montants et lignes reçues par année pour chacune des 32 villes.

Première surprise, la ligne budgétaire a explosé depuis l’élection de Martine Vassal à la tête du département ! En six ans, de 2008 à 2013, Jean-Noël Guérini a distribué aux 119 communes du département 623,6 millions d’euros, soit 103 millions d’euros par an en moyenne. Sous la présidence de Martine Vassal, entre 2015 et 2019, soit cinq exercices, le montant accordé s’est envolé  de 25 % pour atteindre 778,3 millions d’euros (1), soit 155,3 millions d’euros par an en moyenne ! Pour la présidente et ses soutiens, il s’agissait de « rééquilibrer » les crédits en faveur de Marseille. Un rééquilibrage sans toucher au pactole des autres communes…

Martine aime le sud

Pour Martine, rien n’est en effet trop beau pour la ville qu’elle brigue. Selon nos calculs, en prenant en compte les subventions pour la requalification du centre ville, d’artères principales ou des façades des immeubles, Marseille a reçu depuis 2015 quelques 232 millions toutes lignes confondues – pour la rénovation d’écoles, d’églises (17 millions d’euros) ou d’équipements sportifs, l’entretien du patrimoine ou des parcs et jardins. Dont 123 millions d’euros rien que pour 2019, année pré-électorale. Soit deux fois et demi de plus qu’en 2018 (2). Mais tous les Marseillais n’en ont pas profité de la même manière. Sur les 68,1 millions injectés dans les arrondissements cette année-là, 65% (44,4 millions d’euros) ont atterrit dans les cinq secteurs détenus par la droite et 51 % (34,6 millions d’euros) juste dans les quartiers Sud (7e, 8e, 9e, 10e, 11e et 12e arr.). Qui ne sont pas les plus à plaindre dans la ville.

Martine boude

Seconde surprise, comme Jean-Noël Guérini, Martine Vassal a une utilisation très personnelle de l’aide aux communes du « CD 13 ». Comme vient de le raconter le Ravi dans son numéro de février, les maires de gauches du département ou ceux du Pays d’Arles opposés à la fusion Métropole-département peuvent en témoigner. Les premiers ont du attendre 2018 avant de bénéficier des très intéressants contrats départementaux ; les seconds menacer la présidente de la collectivité de mettre leur mise au pain sec sur la place publique pour que les engagements signés soient tenus.

Mais s’il y a des perdants, il a aussi des gagnants. Les très droitières communes de Tarascon et de Châteaurenard dans le Pays d’Arles, soutiens indéfectibles de la fusion Département-Métropole chère à Martine Vassal, sont ainsi particulièrement dorlotées. La première a vu son montant global d’aide aux communes bondir de 22 à 192 euros par an et par habitant, la seconde de 88,5 euros à 161 euros. Il y a aussi le maire très divers d’Istres François Bernardini, qui vu les siennes multipliées par cinq (27 euros par an et par habitant à 137).

Certainement une coïncidence : l’élu préféré du parquet national financier est par ailleurs un soutien de Martine Vassal, que l’on croise inévitablement aux moments forts du micro parti de la candidate LR , comme le 4 juillet 2019 au grand meeting de lancement de sa campagne pour les municipales. Martine reconnaît les siens ?

1) 153,3 millions d’euros en 2015, 143,5 millions d’euros en 2016, 176,3 millions d’euros en 2017 et 165,2 millions d’euros en 2018, selon les comptes administratifs du Département. 140 millions d’euros ont été budgétisés par pour 2019.

2. 48,7 millions d’euros en 2018. Contre 6,2 millions d’euros en 2015, 31,7 millions d’euros en 2016 et 22,8 millions d’euros en 2017.