50 nuances de jaune

août 2020 | PAR Sébastien Boistel

« Gilets jaunes / K-ways noirs / Il y a encore de l’espoir » : un slogan qui a résonné lors des manifs marseillaises, rebaptisées avec ironie les Samedis de la Canebière. C’est cette rencontre que raconte le dernier livre des éditions Niet. Rédigé par un collectif dont le nom fait référence au cri de ceux qui, pour dire leur colère, ont enfilé cet accessoire qui est laid, ne va avec rien mais peut sauver des vies, on pouvait craindre, à l’aune de l’introduction, un ouvrage trop théorique. C’est tout l’inverse. Cette révolte a été écrite de l’intérieur, notamment en Paca, par des militants qui ont pu éprouver quelques méfiances à voir des hommes et des femmes se soulever contre la hausse du carburant ou des taxes. Mais très vite, ils ont saisi l’évolution d’un mouvement capable d’amalgamer des gens venant d’horizons très divers et sur lequel les organisations traditionnelles se sont cassées les dents tandis qu’en face, le pouvoir déploiera tout un arsenal répressif. On est loin du « road movie » de l’insoumis François Ruffin et ce n’est pas parce que les auteurs ont été acteurs de cette révolte qu’ils n’en sont pas moins lucides et critiques. Tout en soulignant l’inventivité et les espoirs qu’il a pu faire naître. En clair, en cette rentrée, il n’y a pas que sur l’autoroute où il va falloir faire « attention aux hommes en jaune »!

La révolte des gilets jaunes, par le collectif Ahou ahou ahou, Niet éditions, 215 pages, 9 euros.