« Ce que nous avons obtenu ici sert d'inspiration ailleurs »

novembre 2021 | PAR Olivier Leberquier
Comme en 2006 avec le mouvement social contre le CPE, les luttes triomphent parfois. Pour Olivier Leberquier, le président de Scop-TI, ex-Fralib à Gémenos, les luttes contre les grands groupes sont rendues plus difficiles par le droit. Mais les coopératives ont de l'avenir.

Olivier Leberquier

Président du conseil d’administration de Scop-TI

le Ravi n°28, mars 2006 En 2021, cela semble incroyable, mais un mouvement social peut parfois faire plier un gouvernement et se terminer par une victoire. En 2006, étudiants, lycéens puis salariés s’opposent au CPE, un nouveau contrat précaire. le Ravi est lui aussi dans la rue.

«  Depuis 2014, quand on a repris l’usine de Fralib en coopérative, le droit a beaucoup évolué. Aujourd’hui, les camarades de Knorr qui se battent eux aussi contre Unilever, qui veut fermer une de leurs usines, ils ne pourraient plus assigner le groupe en justice comme nous l’avons fait. Depuis le quinquennat Hollande, c’est l’administration qui valide les plans sociaux, et donc c’est elle qu’il faut attaquer. Ça protège les grands groupes privés. Mais malgré tout, ce que nous avons obtenu ici, à Gémenos, sert encore d’inspiration ailleurs. À Gardanne par exemple, où les camarades de la centrale veulent développer un projet de Scop pour poursuivre l’activité.

De notre côté, sept ans après la reprise, nous avons réalisé l’année dernière notre première année bénéficiaire. Le chiffre d’affaires augmente d’année en année, et notre marque « 1336 » trouve de plus en plus de débouchés, notamment dans la grande distribution. Le regard sur nous a changé. En reprenant l’entreprise seulement avec des ouvriers et des agents de maîtrise, nous avons prouvé que nous savions gérer. Les banques n’ont plus peur de nous, ce sont même elles qui viennent nous démarcher. Mais malgré tout, cela reste encore fragile. Sans les aides publiques, nous serions déficitaires. C’est aussi dû au modèle économique que nous avons choisi : dès le départ, nous avons voulu salarier les 46 anciens Fralib qui participent à la Scop. Ce n’était pas un choix économique, c’était un choix humain.

Cette année, nous avons fait notre premier recrutement extérieur après le départ en retraite de notre responsable qualité. Nous avons reçu 60 candidatures. Alors, quand j’entends des patrons dire qu’ils ne trouvent pas de candidats pour leurs offres d’emploi… C’est pas que les gens ne veulent pas travailler. C’est que les conditions qu’on leur propose ne sont pas dignes. »

Pour fêter le 18e anniversaire du Ravi, de grands témoins commentent des Unes marquantes ou des rubriques emblématiques dans le 200e numéro du régional pas pareil qui ne baisse jamais les bras…