"Je ne frappe pas un homme à terre"

février 2011 | PAR Michel Gairaud, Rafi Hamal
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Entretien en partenariat avec Radio Grenouille
Bernard Deflesselles, député UMP des Bouches-du-Rhône, invité de la Grande Tchatche

Pourquoi la France et sa diplomatie semblent-elles prendre l’eau ?
Le président a eu raison de défendre Florence Cassez, victime d’une grande injustice. Il faut affirmer des principes même en faisant un clash avec le Mexique. Par ailleurs, Michèle Alliot-Marie a fait une erreur en passant ses vacances en Tunisie. Ça ne doit plus se reproduire. Nous n’avons pas vu arriver la vague qui touche le Maghreb et le monde arabe. Nous, c’est-à-dire tous les pays européens et même les Etats-Unis. En 2007, c’est quand même Nicolas Sarkozy qui a mouillé la chemise pour sortir les infirmières bulgares de Libye ! C’est d’ailleurs pour cela que nous avons reçu Kadhafi.

Le président a affirmé que 2011 doit être utile aux Français. Quid ?
Chaque élu doit assumer jusqu’au bout son mandat. Je fais un parallèle avec la gauche qui a une seule ambition : choisir son candidat. La France, depuis 1974, n’a pas été capable de faire un budget en équilibre. Il faut réduire le format de la puissance publique et de nos administrations. D’où l’effort de ne remplacer qu’un fonctionnaire sur deux…

C’est pourtant le secteur public qui a permis d’amortir la crise !
Vous avez raison, mais, à un moment, les Français doivent comprendre. La gauche dit tous les jours qu’il faut réduire la dette, les déficits et dans la même seconde, qu’il faut plus de policiers, d’infirmières, de magistrats. Quelle schizophrénie extraordinaire !

Promettre, comme Brice Hortefeux à Marseille, plus de policiers, puis tenter de supprimer une compagnie de CRS, n’est-ce pas schizophrène ?
Quand on regarde le nombre de policiers et de gendarmes en France par millier d’habitants, on s’aperçoit qu’on a un des meilleurs ratios en Europe. Là aussi on demande à nos forces de l’ordre de se redéployer sur le terrain, de faire un peu moins d’administratif, même si c’est difficile…

Puisqu’il faut se serrer la ceinture, pourquoi alors supprimer l’impôt sur la fortune ?
Nous voulons revisiter notre fiscalité, supprimer le bouclier fiscal et alléger l’Impôt sur la fortune pour les classes moyennes supérieures injustement frappées à travers leur résidence principale. Il n’y a plus un seul pays en Europe doté de l’ISF.

Lorsque Nicolas Sarkozy met sur la table un débat sur l’islam, après celui sur l’identité nationale, est-ce à nouveau pour faire du pied aux électeurs du Front national ?
Ce n’est pas un débat sur l’islam mais sur la laïcité. On veut rappeler les règles de notre République vis-à-vis des religions. Les thèmes de l’immigration et de l’insécurité font partie du déjeuner familial dans toutes les familles de France !

Quitte à ce que des élus, comme Jean-Claude Gaudin, dérapent à nouveau ?
Il n’a pas dérapé. Suite à un match de foot entre l’Égypte et l’Algérie, on a vu se déverser sur le Vieux Port une dizaine de milliers de personnes, avec des drapeaux algériens, avec des maillots disant « l’Algérie mange la France ». Il faut mettre les déclarations de Jean-Claude Gaudin (NDLR parlant de « musulmans qui déferlent ») sur le compte de l’émotion…

Pourquoi ne pas être membre de la droite populaire, mouvement de droite très décomplexé, fondée par Thierry Mariani, député UMP du Vaucluse ?
Je n’ai pas l’impression d’être complexé ! Il y a une trentaine de députés dans le groupe. Je ne suis pas trop fractionniste…

Est-ce qu’un scénario à l’italienne, avec une UMP s’alliant à un Front national « modernisé » par Marine Le Pen, est envisageable en France ?
Ce n’est ni souhaitable, ni faisable. Marine Le Pen, c’est son père ! Arrêtons de fantasmer sur cette idée qu’elle serait plus ouverte… C’est exactement la même ligne, ne vous y trompez pas !

Pourquoi les élections cantonales semblent indifférer les électeurs ?
On annonce un taux record d’abstention. Pour la première fois depuis 1994, ces élections cantonales ne sont pas couplées à une autre. Les conseillers généraux seront élus pour trois ans, après il y aura une réforme de fond en 2014 qui restructurera les compétences des collectivités. Ce sont des élus de proximité, à l’écoute de la population. Leur rôle est important.

Mais justement, la réforme territoriale, en fusionnant régions et départements, ne s’attaque-t-elle pas à la démocratie de proximité ?
La décentralisation est une chose merveilleuse mais elle a quelques carences. La superposition des couches administratives fait que le citoyen ne s’y retrouve plus. On va supprimer un peu moins de la moitié de 6 000 élus, on va faire des économies. Les futurs conseillers territoriaux siégeront une fois en mode départemental, une fois en mode régional…

Un mot sur le séisme politique qui secoue l’agglomération d’Aubagne avec la mise en examen puis la démission d’Alain Belviso, son président…
Cela retombe toujours sur la classe politique. En 1998, j’étais candidat à une législative et on m’a volé au coin du bois. J’ai réussi à faire casser cette élection et j’ai gagné. Que le Parti communiste, qui se dit proche des gens, torde le coup à la démocratie, c’est catastrophique… Concernant Alain Belviso, je ne frappe pas un homme à terre. C’est une descente aux enfers du système instauré par le Parti communiste dans l’est du département.

Vous pensez que tous les élus communistes sont complices de malversations ?
La justice le déterminera. Au début, ils ont protesté en dénonçant un coup politique visant le pauvre Belviso… Et là, ils viennent de le lâcher en rase campagne, de se porter partie civile à la demande de l’opposition aubagnaise. S’il y a eu fraude, malversation, c’est au détriment de nos concitoyens, de leurs impôts. Aujourd’hui, la majorité communiste cherche peut-être à sauver le système en désignant un bouc émissaire.

Que pensez-vous des affaires qui secouent la région et, surtout, les Bouches-du-Rhône avec la mise en examen d’Alexandre Guérini, le frère du président PS du département ?
A la Région, l’affaire des subventions à des associations fictives est préoccupante. Michel Vauzelle nous explique qu’il n’y est pour rien, qu’il n’a rien vu. J’espère que la justice ira jusqu’au bout. Nos concitoyens demandent de la transparence. Il ne faut pas qu’on soit nu et cru mais nous devons au moins montrer l’exemple. Il faut faire la ligne droite. Sur l’affaire Guérini, je connais moins les tenants et les aboutissants. Laurence Vichnievsky, magistrate de formation, a fait des déclarations assez fortes.

Comme la conseillère régionale Europe écologie, invitez-vous Jean-Noël Guérini à renoncer à la présidence du Conseil général ?
Non. Enfin, c’est à lui de prendre ses responsabilités. Il dit aujourd’hui qu’il n’est pas touché par cette affaire mais des écoutes semblent le contredire. Je veux que la justice passe et stoppe les dérives. Mais ne soyons pas extrémiste : Jean-Noël Guerini n’a pas été mis en examen ni même convoqué chez le juge…