(Dé)pister la Marseille solidaire : l’émission vivante et populaire.

avril 2020
Tribune. La crise sanitaire actuelle touche triplement nos quartiers. Elle est sociale, politique et morale. Elle fait système avec d’autres crises. Heureusement, Marseille a fabriqué depuis des décennies des solidarités dont seuls les territoires populaires ont le secret.

Les crises s’accumulent et se ressemblent. Dans les quartiers populaires de toute la France, la crise est longue, elle ne se date plus. Nous sommes né·es en crise, nous sommes apparu·es comme une crise, nous existons par la crise du colonialisme, nous étions la solution pour éviter une crise de main d’œuvre, au sein d’Etats pour qui le confinement spatial des populations migrantes, racisées, a de tout temps été nécessaire.

Marseille, port ayant accueilli un grand nombre de ces migrations, est une illustration de cette continuité coloniale, sous perfusion de l’emploi public et gérée de façon chaotique par des notables locaux qui ne bénéficient plus d’aucune légitimité. La moitié de la ville délaissée subit de plein fouet chaque crise. Il y a dix-sept mois maintenant, une crise du logement s’ouvrait, accompagnée rapidement par une crise politique, une crise d’hégémonie politique pour les classes au pouvoir.

Système social et politique parallèle

La crise sanitaire actuelle touche triplement nos quartiers. Elle est sociale, politique et morale. Elle fait système avec d’autres crises. Heureusement, Marseille a fabriqué depuis des décennies des solidarités dont seuls les territoires populaires ont le secret. Le confinement n’échappe pas à cette règle. Face aux lenteurs des pouvoirs publics, qui se rendent compte, ébahis, que les territoires de la République leur échappent faute d’y avoir prêté attention depuis des décennies, des systèmes d’entraides se mettent en place sur les gisements d’humanité populaire qui y pré-existaient. Les institutions viennent alors demander du soutien aux collectifs de quartiers, aux associations, aux parents d’élèves, pour savoir comment faire, qui aider. Il n’est nul besoin de douter de la bonne foi des agents, des travailleurs sociaux. Leur travail est là, beaucoup d’entre eux et elles se démènent depuis longtemps pour faire pousser des dispositifs dans les interstices dont ils disposent. Eux et elles aussi font partie de cette Marseille qui bricole ses propres solidarités.

Petit à petit, autour du Manifeste pour une Marseille vivante et populaire signé par plus de 70 associations, syndicats, collectifs de quartiers en janvier 2019 pendant les mobilisations pour le logement (qui faisaient suite à l’effondrement de deux immeubles le 5 novembre 2018 et la mort de 8 de nos voisin·es), la coordination de cette action solidaire se met en place. Se dessine alors un système social et politique parallèle, qui avait déjà montré sa splendeur en juin 2019 lors des États Généraux de Marseille.

Nous avons investigué auprès de nos compagnons de route pour vous montrer la fabrique de cette Marseille là et en avons fait une émission confinée, fière, digne et amatrice : « (Dé)pister la Marseille solidaire ». Son premier épisode a été diffusé le  mercredi 8 avril. Tous les deux jours, à 19h45, avant d’applaudir nos compagnons qui bossent pour rendre notre confinement acceptable, nous mettrons la lumière sur ses invisibles qui font Marseille et continuons à nouer des complicités militantes et citoyennes précieuses pour « le jour d’après ».

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Le Syndicat des Quartiers Populaires de Marseille