Coco forever

mai 2021 | PAR Michel Gairaud

Elle n’a pas fini de nous submerger cette vague. Celle qui, le 7 janvier 2015, avec les armes lourdes de deux islamistes radicalisés, a décimé la rédaction de Charlie Hebdo. Celle qui fait depuis peser une sourde menace sur le droit de caricaturer et de blasphémer. Ce jour là, Coco, terrorisée, a ouvert la porte aux djihadistes. Elle a survécu mais doit depuis ramer ferme pour ne pas se noyer.

Les mots manquent mais les dessins résistent toujours. Dans les 352 pages de son épais album, ils déferlent comme la vague d’Hokusai, encore et encore, pour dire l’effroi, la détresse, les blessures, l’abattement, la colère, la reconstruction, mais aussi pour convoquer les disparus – Cabu, Charb, les deux mentors – et retrouver les vivants. En réussissant la prouesse, au détour d’une case, de trouver la force de nous faire sourire.

Coco a toujours dessiné comme elle respire. C’était le cas dans le Ravi, durant cinq ans, où elle a signé une douzaine de Une et de nombreuses caricatures. Elle est devenue, depuis l’attentat, l’un des piliers de Charlie, vient désormais de succéder à Willem à Libé, publie lorsqu’il lui reste un peu de temps… des bandes dessinées. Coco respire. Coco dessine. Et c’est tant mieux !

Dessiner encore, par Coco, éditions Les Arènes BD, 352 pages, 28 euros.