Si loin, si proche

février 2020 | PAR Michel Gairaud

Si loin, si proche. En Finlande, il n’y a pas que des rennes, des saunas et les films délicieusement décalés d’Aki Kaurismaki. Le roman graphique de Tiitu Takalo, autrice de bande dessinée honorée chez elle mais jusqu’ici non-traduite en français, nous plonge dans un récit fleuve sur Tampere. Seconde agglomération du pays, après la capitale Helsinki, elle est souvent surnommée « la Manchester finnoise » en mémoire de son passé industriel. « Moi, Mikko et Anniki » réussit à faire le grand écart entre fresque historique – l’album fait écho aux temps forts politiques du pays, dont l’épisode méconnu de la guerre civile finlandaise – et une approche à la fois sociale et intimiste. Il est avant tout la chronique autobiographique d’une communauté en résistance : celle d’habitants déterminés, face à la pression immobilière et la complicité ou l’indifférence des élus locaux, à sauver Anniki, un quartier ouvrier et ses maisons en bois. Les enjeux posés, mine de rien, entre anecdotes et digressions assumées, sont aussi nombreux que contemporains : démocratie participative face à la gentrification, habitat partagé contre la bétonisation, recyclage  pour répondre au gaspillage, préservation de la mémoire et du savoir – bien – vivre ensemble afin de s’opposer à l’uniformisation des villes… Si loin, si proche !

Moi, Mikko et Anniki, par Tiitu Takalo, éditions Rue de l’Échiquier, 248 pages, 21,90 euros

 

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