In Risotto Veritas

mai 2021 | PAR Pierrick de Salvert

Ça fait longtemps que ça me travaille de me débarrasser du plastique : je vois bien que la quantité d’emballages incongrus qui sortent de ma cuisine sous forme d’une petite poubelle noire bien propre équivaut presque, en volume, à la quantité de nourriture qui rentre dans mes stocks. J’ai un grand projet : j’ai décidé de me débarrasser de la notion même d’emballage jetable. J’ai acheté à prix d’or des contenants écologiques en verre qui me serviront à présent pour transporter ma nourriture.

Je vous préviens, il s’agit d’une quête épique. Une croisade sans début ni fin.

Tout d’abord il faut engager une bataille avec les commerçants qui vous fourrent tout dans du plastique, du papier ou du papier recouvert de plastique. Il vous faut trouver toutes vos fournitures en vrac, il vous faut fabriquer chacun de vos produits sanitaires et produits d’entretien au prix de patientes séances de chimie. Il faut répandre ses épluchures dans les fossés, sous les feuilles mortes. Il faut batailler avec son entourage qui avait (peut-être) d’autres projets que de dédier sa vie entière au zéro déchets.

Mais cela n’est pas tout à fait exact, car pour réduire à néant notre empreinte carbone et toute la pollution que génère notre seul mode de vie, une vie ne suffirait probablement pas. Rien que pour s’organiser, on va probablement devenir séniles.

C’est dingue quand même de se rendre compte que le zéro pollution n’est accessible qu’à des gens tellement investis qu’ils y passent tout leur temps ! On parle d’écologie partout et pourtant rien – absolument rien – n’est fait pour que nous puissions le faire. Alors j’en viens à me demander si c’est bien ça, le vrai combat.

J’en viens à me demander si on ne ferait pas mieux d’arrêter de considérer cette planète comme un truc appelé « nature » sur lequel on doit s’appuyer pour se tenir debout. Si tous les misérables, les sans nom, qui rendent possible notre mode de vie ne sont pas eux aussi relégués au rang de non-humains, au rang de « nature », et peuvent donc être foulés au pied.

Alors quoi ?! Je vous le dis : on habite cette planète comme des colons. C’est toute notre conception du monde qu’il faut changer. Foutons le feu aux banques, débranchons internet, prenons le maquis ! Il faut TOUT reprendre à zéro !

Hum. Bon. Je vais boire un petit verre d’eau et on va faire la cuisine, ça va me détendre.