La lutte

novembre 2020 | PAR Michel Gairaud

Économiste, sociologue du travail, militant communiste, Bernard Friot fait entendre une petite musique atypique aussi bien à l’université, dont il est professeur émérite, que dans son parti. Il défend l’idée d’un « salaire à vie pour tous« , dès 18 ans, qu’il ne s’agit surtout pas de confondre, souligne-t-il, avec le revenu de base ou universel. Ce dernier ne serait, selon lui, qu’une ruse du capitalisme pour assoir sa domination. Le salaire à vie s’inspire du mécanisme de la cotisation mis en œuvre, en 1945, avec la création du régime général de la sécurité sociale. Il permet, sans attendre un hypothétique grand soir, d’ouvrir de nouveaux droits subvertissant le modèle économique dominant, toujours fondé sur l’exploitation des salariés dans un rapport de classe. Le communisme que promeut Friot n’est pas un horizon lointain, conditionné par la prise du pouvoir d’État. Il est un « mouvement réel », pouvant s’incarner sans délai dans des institutions alternatives administrées démocratiquement. Une association d’éducation populaire, Réseau salariat, prend appui sur ses analyses afin de promouvoir – dans l’industrie, la santé, la culture – une appropriation collective des moyens de production. Serait-ce une révolte ? Non, c’est une révolution…

Un désir de communisme, « conversation pour demain« , par Bernard Friot et Judith Bernard, éditions Textuel, 160 pages, 17 euros.