Télé Tsar

septembre 2020 | PAR Sébastien Boistel

La révolution, ça veut aussi dire tourner en rond et revenir, l’air de rien, à son point de départ. Alors voici, à n’en point douter, un roman révolutionnaire ! Il y a des signes qui ne trompent pas. La couverture est rouge et l’auteur a officié des années à L’Humanité. C’est lui qui, de sa plume leste, a donné la meilleure définition de notre profession : articlier. Il se faisait les crocs tous les jours sur le néant cathodique avec une rubrique à sa démesure : Télé visée. Quoique précis, en général, il visait plus large. Et justement, on voulait voir, lui qui excellait dans l’art contraint de la chronique, ce qu’il valait lorsque le nombre de signes ne se compte plus en centaines. Ça commence cahin-caha, cul par-dessus tête, avec un skateur sans gêne et un espion improbable venant bousculer le quotidien d’un journaliste, dont le père communiste vient de devenir sous-ministre dans un gouvernement socialiste. Mais Duffour, chemin faisant, a fait Dumoulin (son alter ego) et Nicolas, jamais amer, Michel (et ce, sans mauvais jeu de mot !) On voyage de la Défense à Colonel Fabien, en passant par la Creuse pour un road-movie réjouissant qui dessine les contours de ce drôle de couple que sont un père et son fils, avec ce que cela veut dire d’espérance et d’agacement, de maladresse et de complicité, de rupture et de recommencement. Un roman révolutionnaire, qu’on vous disait !

L’espion de mon père, par Nicolas Duffour, éditions Helvétius, 236 pages, 18 euros