Même pas peur !

juin 2020 | PAR Michel Gairaud
Peur du virus, des autres, de l’après, de la crise, d’un grand effondrement, de notre ombre… Ou même pas peur de déconfiner nos vies, l’imagination, les luttes, les solidarités ?

Déconfinons

C’était en 2016. Avant. Les cheveux courts, bien peigné, imberbe, sans accessoires de biker, un professeur de microbiologie publiait un livre grand public au titre… prophétique : Arrêtons d’avoir peur ! Didier Raoult n’était pas encore l’icône adulée ou moquée certifiant pouvoir bouter hors du monde le Covid-19.

La peur peut s’avérer utile. Pour, face au danger, prendre soin de soi-même, des autres, des plus fragiles. Une partie de l’humanité vient de se confiner par crainte d’une hécatombe causée par un virus dont on ne sait pas encore se protéger et dont on ignore toujours la véritable morbidité. Réflexe de survie salutaire ou surréaction sidérante au regard de notre passivité face à d’autres épidémies, d’autres fléaux économiques, sociaux, politiques et écologiques bien plus meurtriers ?

La peur, de la maladie, de la mort, des autres, d’un effondrement généralisé, du chômage, de la police, de notre ombre, peut aussi conduire au pire. Comme à renoncer, sans sourciller, à nos libertés au nom d’une prétendue sécurité sanitaire. Comme s’en remettre à un ordre social et économique soi-disant inamovible ou à des hommes providentiels.

« La science ne fait ni prédictions ni promesses. Elle constate et a l’obligation de prouver », écrivait Raoult, il y a quatre ans. Bien dit professeur ! En attendant, peut-être, de sucer des bonbons à la choloroquine, déconfinons nos vies, l’imagination et les luttes.