Le journal de Didier R. (mi-mai)

mai 2020 | PAR Jean-François Poupelin
En exclusivité, le Ravi publie le (presque) journal du plus célèbre infectiologue au monde.

29 avril. Tranquille, on arrête de jouer des castagnettes avec les genoux. « L’histoire de rebond est une fantaisie inventée à partir de la grippe espagnole. On a eu un pic et depuis, on a une décroissance continue. C’est une courbe en cloche, typique des épidémies. » Le tout est dans le « généralement ». J’évite désormais les affirmations péremptoires, comme début mars lorsque j’annonçais que le Covid ne ferait pas plus de 10 000 morts et ne serait pas mondial. Une erreur de débutant…

1er mai. Pendant que certains tentent de sauver le monde, d’autres se complaisent dans la fange. Les fouilles merdes de Marsactu m’accusent d’avoir voulu réintégrer dans mon Institut un chercheur révoqué en 2017 pour des soupçons d’agressions sexuelles. J’ai dû abdiquer, mais comme j’aime bien le bougre je lui ai trouvé une place dans une start-up que j’héberge. Vive les partenariats publics privés !

4 Mai. On a dépassé les 25 000 morts en France et les 250 000 dans le monde. A tous ceux qui ricanent, et en hommage à mon enfance africaine, je dis : « Attends d’avoir traversé la rivière pour dire que le crocodile a une sale gueule ! »

5 mai. Toujours pas de nouvelles de Macron et même pas 600 000 vues pour ma dernière vidéo, consacrée à ma potion magique. Faut que je trouve un nouveau truc si j’veux décrocher le Nobel…

7 mai. Décidément, je dérange ! On me dit que les fouilles merde du Ravi viennent de retrouver dans leurs archives une enquête de 2018 sur mes affaires immobilières. La vente d’une vieille maison familiale dans un quartier pavillonaire pour la construction d’un immeuble de 14 m de haut, avec le coup de pouce de mes amis de la droite locale. Un article signé d’un certain Pierre Coronas ! Un signe, une malédiction ?

8 mai. Alors que toutes les études sans groupe témoins, les miennes comme les chinoises, assurent de l’éfficacité de ma chloroquine, une étude américaine publié ce jour dans le très sérieux New England Journal of Medicine traite ma potion magique de simple placébo ! Je suis victime de la guerre sino-américaine !

9 mai. Mon indice H est entrain d’exploser ! Deuxième interview exclusive dans Paris Match, après en avoir fait sa Une début avril. L’occase de rappeler mon mépris pour tous mes confrères et de faire de la retape pour ma chloroquine.

11 mai. « Quand on est scientifique et qu’on affirme haut et fort qu’on a trouvé LE traitement du Covid et que deux ou trois mois plus tard LE traitement miracle n’en fait pas, de miracles, on se dit que le virus aime décidément nous montrer qu’on doit rester modeste. » La saloperie du jour est signée Michel Cymes, le généraliste préféré des ménagère de plus de 50 ans. Il aurait du resté confiné !

Toutes les citations en italique ont réellement été prononcées ou écrites le jour indiqué dans l’article.