Aider les vieux ? Si seniors !

janvier 2022 | PAR le Ravi
La crise du Covid a révélé les profondes inégalités entre personnes âgées. Plus que jamais, le logement, l'accès aux soins et les relations familiales conditionnent leur insertion dans une vie moins difficile. Et l'accompagnement par des bénévoles, comme ceux des Petits frères des pauvres, s'avère décisif.

Put… deux ans ! Il aura fallu que la sidération passe et que la planète s’acclimate à la vie avec un virus mortel et mutant, pour que ce supplément réalisé avec des personnes accompagnées par la Fraternité Méditerranée de l’association des Petits frères des Pauvres (ouf !) et ses bénévoles voit le jour.

Et c’est peut-être un mal pour un bien. Car au-delà des suspensions et reports du projet, nous – la Fraternité et le Ravi – avons visé juste. Si nos « vieux » ont été au centre de toutes les attentions au début de la pandémie et pendant le premier confinement, les plus fragiles, précaires et isolés, en augmentation constante en particulier en Paca, subissent eux la double peine, comme le raconte l’association des Petits frères des Pauvres dans son rapport 2021. « Le nombre de personnes âgées touchées par une mort sociale, qui ont donc très peu de relations familiales et sociales, ou avec une association, a doublé entre 2017 et 2021 au niveau national », rappelle Manuel Pinto, le directeur de la Fraternité Méditerranée. Selon l’association, il est passé de 300 000 à 530 000 personnes, et leur chiffre atteint même deux millions si l’on s’en tient juste aux deux premiers réseaux (lemonde.fr, 01/10/2021). Une flambée notamment due à leur exclusion numérique.

Mauvais Plan

Pire, cette population reste finalement sous les radars des pouvoirs publics. Le gouvernement a longtemps ignoré cette problématique pendant les confinements au profit de la protection des personnes âgées. Plus problématique, son plan « grand âge et autonomie », présenté par le premier ministre Jean Castex en septembre et très critiqué pour son manque d’ambition, ne s’arrête pas non plus sur le sujet. « La question du vieillissement de la population est aussi une question de cohésion  sociale, poursuit Manuel Pinto. Augmenter les rémunérations et la médicalisation, pour permettre le maintien à domicile, c’est important, mais ça n’est pas à la hauteur des besoins. Il faut repenser l’urbanisme, les transports, la place des commerces de proximité, l’aménagement du territoire… » Les Petits frères proposent aussi de prendre en compte l’isolement dans le calcul de l’allocation personnalisée d’autonomie pour offrir aux bénéficiaires les moyens d’en sortir. En lien avec son ambition d’être désormais « une fraternité militante », son nouveau slogan, l’association va même lancer une interpellation publique des candidats à la présidentielle par les personnes qu’elle accompagne.

Ce cahier, bien que cela ne soit pas officiellement le cas, peut d’ailleurs se lire comme le prologue de cette action. Mimi, Jean-Claude, Jocelyne, Jeannot, Ali, Marie-Christine, Béatrice, Jean, Philippe et Vincent, bien accompagnés des bénévoles de la Maison des fleurs de la Seyne-sur-Mer et de la Pension de famille Labadié à Marseille (1er arrondissement), racontent dans ces pages les problèmes de leurs logements comme l’importance de leurs familles. Mais aussi celle des bénévoles de l’association des Petits frères des Pauvres et de ses dispositifs, à l’image de la pension très famille dans laquelle certains vivent. Des sujets que les deux groupes ont choisi et réalisé. Merci à eux !

Découvrez en pdf notre supplément Si Senior, en partenariat avec les Petits Frères des Pauvres

Ils ont participé

Les articles qui suivent dans ce cahier « très spécial » ont été réalisés à plusieurs mains lors d’ateliers de journalisme participatif, avec des personnes accompagnées par les Petits Frères des Pauvres et des bénévoles.

Pension de famille Labadié à Marseille : Séphora Beley (également bénévole à la Tchatche, l’association qui édite le Ravi), Ali Bouafia, Jean Boyer, Alain Cointin, Vincent Gargiulo, Marie-Christine Haeussermann, Béatrice , « Jeannot », Yves Poirier et Philippe Truffier.

Maison des fleurs à La Seyne-sur-Mer : « Mimi » Oderigo, Jocelyne Vadella, Jean-Claude Guéripel, Antoine Hérubel, Julien Fuentes, Kasia Rembisz.