La farandole des dossiers Le maire de Beausoleil à l’ombre

juin 2010
Droite, gauche, Bouches-du-Rhône, Alpes-Maritimes, l'actualité politico-judiciaire est riche. Entrez dans la danse.

Le juge d’instruction marseillais Charles Duchaîne (cf P.9) a placé en détention provisoire Gérard Spinelli, le maire de Beausoleil (06), aux Baumettes (13) pour « corruption passive et trafic d’influence ». Cet élu divers droite (ex-UDF) aurait perçu une enveloppe de 65 000 euros pour ne pas s’opposer à la construction de la tour Odéon à Monaco, son voisin. Il clame toujours son innocence. Lino Alberti, honorable bétonneur azuréen, est sorti lui de prison. Ayant reconnu les faits, il reste mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour « corruption passive ». Mais ce n’est pas tout. D’autres élus des Alpes-Maritimes, entrepreneurs du BTP, pourraient être impliqués. Police et justice s’interrogent sur l’origine des 500 000 euros en liquide découverts, fin novembre, dans le coffre de René Vestri, le sénateur-maire UMP de Saint-Jean-Cap-Ferrat (06). Encore protégé par son immunité parlementaire (sa levée a été demandée fin décembre), il a dû se résigner, au retour d’un voyage, à laisser sa femme et sa fille partir seules en garde à vue. Et d’où revenait la petite famille ? D’un petit séjour à Dubaï pour faire des achats d’or. Cela ne s’invente pas…

Un Guérini peut en cacher un autre

Une information judiciaire contre X pour « atteinte aux marchés publics, trafic d’influence, détournement de fonds publics, corruption, prise illégale d’intérêts et blanchiment » ce n’est pas banal. Encore moins lorsque dans ce cadre le juge Charles Duchaîne (encore lui !) multiplie des perquisitions au siège des sociétés et au domicile privé d’Alexandre Guérini, le frère du puissant président PS du Conseil général des Bouches-du-Rhône. Détail sur l’affaire page ci-contre.

Grand recyclage à Ouest-Provence

Cinq ans de prison ferme et d’inéligibilité. C’est la peine que le tribunal d’Aix-en-Provence (13) a requise contre Bernard Granié, l’ex-maire socialiste de Fos-sur-Mer qui préside toujours le riche Syndicat d’agglomération nouvelle (San) d’Ouest Provence (Istres, Fos-sur-Mer, Miramas…). Le jugement doit être rendu ce 20 janvier. Quels sont les faits reprochés ? Du lourd : « Atteinte à la liberté d’accès et à l’égalité dans les marchés publics, corruption passive et trafic d’influence ». Bernard Granié, qui a déjà passé presque deux mois de détention provisoire aux Baumettes, est soupçonné d’avoir contraint Gérard Calvière, le patron de la société de déchets Provence Recyclage, à lui verser 300 000 euros en liquide sur trois ans pour obtenir des marchés, soit une commission de 2 %. Bernard Granié nie les faits. Gérard Calvière les reconnaît. Le tribunal requiert contre ce dernier deux ans de prison avec sursis. Le président de Ouest-Provence a fait campagne sur le thème de la lutte contre la corruption. Il est aussi un des fers de lance de la bataille contre la construction de l’incinérateur des déchets de Fos. Selon l’AFP, Bernard Granié aurait déclaré à la justice qu’il « est peut-être plus facile de cibler certaines collectivités que d’autres ». A suivre…

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Les fantômes de la Région

Des associations fantômes, déclarant des dépenses fictives, auraient bénéficié de 700 000 euros de subventions du Conseil régional. C’est l’inspection générale de l’institution qui découvre en 2007 le problème. Michel Vauzelle porte alors l’affaire devant le parquet. La cellule de lutte anti-blanchiment est saisie. Huit personnes sont mises en examen. En décembre 2008, le Conseil régional devient partie civile. Oui mais. Le juge marseillais Franck Landou qui mène une instruction pour « détournements de fonds publics, escroqueries et abus de confiance » cherche à déterminer la responsabilité des politiques. Il met notamment en examen Robert Balalas, secrétaire général du groupe PS au Conseil régional et assistant parlementaire de Sylvie Andrieux. Cette dernière est alors vice-présidente en charge de la Politique de la ville, au titre de laquelle les fameuses subventions ont été accordées. Elle est aussi députée des quartiers marseillais où étaient censées opérer les associations fictives. Aurait-elle financé illégalement sa campagne électorale ? Elle s’en défend, réclame d’être entendue par la justice. Mais alors qu’elle s’apprête à quitter son mandat à la Région pour cause de cumul de mandats, Michel Vauzelle lui retire sa délégation pour « que l’enquête se déroule dans les conditions nécessaires au respect des intérêts de la Région ». A suivre…

Tête haute, mains propres ?

Daniel Simonpieri a été placé en garde à vue, le 26 novembre, à la brigade financière de la police judiciaire de Marseille. Aujourd’hui conseiller général des Bouches-du-Rhône, membre du groupe UMP & divers droite, il a été, de 1995 à 2008, maire de Marignane (13), d’abord sous l’étiquette Front national puis sous celle du MNR. Selon La Provence, le parquet d’Aix-en-Provence aurait chargé la police d’enquêter sur des « malversations commises aux pourtours de marchés publics » ainsi que des « délits de favoritisme » à Marignane du temps où Simonpieri en était le maire. L’ex premier magistrat d’extrême droite a été entendu par les enquêteurs en compagnie de Jean-Pierre Roncin, son ancien directeur général des services, nommé depuis par Jean-Claude Gaudin directeur général adjoint à la communauté urbaine de Marseille. Sur son blog, Daniel Simonpieri relativise la garde à vue qui selon lui « terminait une procédure entamée en 2006 suite à la réception d’une lettre anonyme ». Mais la Chambre régionale des comptes a déjà lourdement critiqué sa gestion de Marignane. A suivre…

Michel Gairaud

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