Pourquoi vouloir bouter Boutef ?

octobre 2004

Lorque Geneviève Lévy, député UMP de Toulon, reçoit des associations de pieds noirs et de harkis émues par la venue pour la commémoration du débarquement de Provence de M. Bouteflika, connu pour ses déclarations hostiles aux harkis, sont sang ne fait qu’un tour ! Partageant leur indignation, la député varoise adresse une question écrite au Ministre des Affaires Etrangères. Puis cosigne une lettre ouverte au Ministre avec Claude Goasguen et soixante autres députés UMP, qualifiant d’insulte l’invitation faite par la France au président algérien. Prudente, Geneviève Lévy relativise aujourd’hui ces propos : « Je ne suis pas assez partie prenante pour partir en guerre, mais je pose les questions. Je n’ai jamais dit qu’il ne fallait pas qu’il vienne. Mais s’il vient, ça doit servir à quelque chose. »

Ayant déclenché la polémique, la lettre a fait l’objet d’une réponse de la part de Michel Barnier, essayant de distinguer les deux périodes historiques qui se télescopaient : « Les affrontements qui ont déchiré nos deux peuples après la seconde guerre mondiale (…) ne peuvent cependant pas affecter la reconnaissance que la Nation éprouve à l’égard de ces soldats venus d’Outre mer pour participer à la libération du pays en 1944. » La député de Toulon se défend d’avoir voulu introduire une confusion entre les époques : « il s’agissait d’une démarche positive. Dans mon esprit, peut-être naïvement, c’était le moment à saisir. » De fait, le gouvernement promet désormais d’apporter des réponses – cela ne coûte rien – concernant les questions de la libre circulation des harkis, des disparus et de la reconnaissance de la violation des accords d’Evian.

Quant à l’impact local de cette démarche (19 députés signataires sur 60 sont de la région PACA), Thierry Mariani, député UMP du Vaucluse le juge évidemment positif : « quand je croise des harkis, je peux dire qu’on a essayé de marquer le fait qu’on ne les oubliait pas., On a une dette envers eux. » Jean Pierre Giran, député du Var et cosignataire de la lettre à M. Barnier, assume, lui aussi, son intervention. « Il n’y a pas de sollicitation particulière à notre égard de la part des pieds-noirs, qui d’ailleurs ne forment pas une communauté, affirme-t-il. Mais des événements mobilisent leurs souvenirs. Chaque fois que le président Bouteflika s’exprime, ils sont extrêmement sensibles. »

EB

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