En Paca, on n’a pas de pétrole, mais…

août 2011
Quelles alternatives au nucléaire dans notre région ? Du soleil, du vent et des ordures…

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Depuis Fukushima, un mot revient sans cesse : Négawatt. Un scénario de sortie du nucléaire et du pétrole d’ici 2050, alliant efficacité énergétique (la « chasse au gaspi ») au développement des énergies renouvelables. Or, dans le sud, c’est bien connu, on a du soleil, du vent et des ordures. Mais, interrogée sur la faisabilité d’un tel scénario en Paca, l’association botte en touche : « C’est un scénario national, nous n’avons ni les moyens ni l’expertise pour évaluer une situation régionale. » Le président de l’association aixoise Envirobat, Frédéric Nicolas, militant pour un bâti respectueux de l’environnement, n’hésite pas à donner son avis. « Notre région est la mieux placée pour Négawatt, affirme-t-il. C’est elle qui a le moins besoin de chauffage et le plus de potentiel solaire. »

Sauf que si aujourd’hui la région la plus ensoleillée de France est logiquement en tête pour le photovoltaïque (et le solaire thermique), en 2004 elle n’était que onzième. A l’origine de ce rattrapage ? Outre les aides étatiques, le deal « alter-ITER » : pour chaque euro investi par la Région dans le réacteur, un euro a été placé dans les énergies renouvelables. D’où la distribution de 36000 chèques énergie… Reste que Richard Loyen, président d’Enerplan, l’association professionnelle de l’énergie solaire (basée à la Ciotat), fait grise mine : « Non contente de s’être donnée des objectifs peu ambitieux lors du Grenelle, la France vient de donner un grand coup de frein à l’énergie solaire. On vit des moments très douloureux. Certes, il y a dans notre région du dynamisme, chez les pionniers comme chez ceux pour qui le réveil a été tardif. Mais le Conseil régional ne peut pas à lui seul changer les choses. »

« Notre spécificité : progresser vite et être très en retard »

D’autant que Paca est encore loin d’exploiter tous ses atouts. Pour l’éolien, la région, bénéficiant du deuxième potentiel hexagonal, se classe seizième ! Et ce ne sont pas les aérogénérateurs flottants à Fos qui, d’ici 2015, vont changer la donne. Quant à l’exploitation du bois et des déchets, elle stagne. Résultat ? D’après l’Observatoire régional de l’énergie, l’éolien et le solaire ne représentent que 0,7 et 0,3 % de ce que Paca produit en énergie (loin derrière l’hydroélectricité) et seulement 0,27 et 0,06 % de ce qu’elle consomme en électricité. La région ne produit que 11 % de ce qu’elle consomme et dépend à 62 % du réseau national. D’où, dans cette « péninsule » énergétique qu’est Paca, des risques de surchauffe. « Notre spécificité, c’est ce paradoxe : progresser vite et être très en retard », résume Envirobat.

« Même si des efforts importants ont été faits pour les économies d’énergies, c’est encore insuffisant », juge Jean-Luc Debard, de l’association gardannaise Ecopolenergie. En Paca, 80 % des logements datent d’avant 1975 et, d’après l’Observatoire régional de l’énergie, leur isolation est moins bonne qu’ailleurs. Pire : sur les « 258 000 logements » climatisés dans la région (soit 27 % contre 3 % au niveau national) « 95000 d’entre eux présentent un défaut majeur d’isolation ». D’ici 2014, la Région veut réhabiliter 10 % des logements sociaux. « La réhabilitation c’est le gros enjeu à venir, explique Frédéric Nicolas. En prouvant qu’elle est plus intéressante que la démolition d’un point de vue écologique, économique, humain et social. » En clair, mêler, dans le respect de la nature, l’humain et le béton : une tradition dans le Sud…

Sébastien Boistel

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