Marsatac à nouveau SDF

mars 2012
Le festival marseillais pensait avoir trouvé son écrin à la Belle-de-Mai pour une mise en orbite en 2013. Mais les travaux de la Friche empêchent la tenue de l’édition 2012. La ville propose la Caserne du Muy. « Impossible », répond Marsatac qui prépare l’avenir… à Nîmes !

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Ce devait être une des belles histoires de 2013. Marsatac, le festival « « >pop, électro et musiques actuelles> » balloté depuis des années dans Marseille, semblait avoir enfin trouvé reconnaissance et soutien du côté des opérateurs de la capitale européenne de la culture. « L’exemplaire festival », selon Bernard Latarjet en 2008, le 1er directeur de MP 2013, a vu soudain des portes auparavant fermées s’ouvrir en grand : Proposition d’implantation à la Friche de la Belle-de-Mai, augmentation de subvention du Conseil général du « 13 » en 2010, puis de la ville l’année dernière (+ 40 %).

« Une juste remise à niveau, précise Béatrice Desgranges, directrice de Marsatac. Cela nous a permis de proposer un festival durant quatre jours et surtout de rester sur des tarifs raisonnables. » L’implantation à la Belle-de-Mai se révèle finalement une bonne idée, tant l’identité de Marsatac colle avec l’urbanité de la Friche. L’édition de septembre 2011 répond aux attentes de tout le monde : un plateau d’artistes relevé, un festival qui affiche complet, une bonne organisation. Tout le monde semble content, y compris les représentants de la mairie, venus en nombre pour la première fois sur le festival (sic).

Le rêve de Marsatac devient alors plus plausible : monter en charge en 2012 pour décoller en 2013 sur les plages du Prado, site convoité depuis des années. « Nous avons convenu avec Marseille-Provence 2013 et la ville d’un objectif pour 2013 : doubler la programmation et la fréquentation du festival », résume dans un sourire amer Dro Kilndjian, programmateur de Marsatac. Ce beau rêve est, pour l’instant, en train de tourner au cauchemar.

La première mauvaise nouvelle est venue de Marseille-Provence 2013. La capitale a décidé de soutenir son « festival exemplaire » en lui octroyant 130 000 euros de subventions. « C’est 5% de notre budget prévisionnel, s’exclame Dro Kilndjian. Que va-t-on pouvoir faire d’exceptionnel avec ça ? » Deuxième mauvaise nouvelle : Mix Up (compilation de projets musicaux menés dans des villes méditerranéennes) a reçu 130 000 euros sur les 400 000 prévus. « Comme tout le monde, nous n’avions pas d’engagements précis, juste des promesses sur ce montant, explique Dro Kilndjian. Nous avons donc mobilisé sur les fonds propres de notre structure 200 000 euros pour mener deux Mix-Up, au point que l’année dernière, on s’est mis dans le rouge ! Et là, on nous demande d’en faire encore deux en plus ! » Du côté de Marseille-Provence 2013, la réponse de Jean-François Chougnet interpellé par Dro Kilndjian, lors du dernier débat organisé par le Ravi à Aix-en-Provence, a été limpide : « si cela ne vous satisfait pas, vous pouvez refuser. »

Cerise sur le gâteau pour Marsatac, la rénovation en cours de la Friche de la Belle-de-Mai rend le site indisponible pour 2012. « C’est faux !, rétorque Mathieu Poitevin, l’architecte en charge des travaux. Le déménagement des 70 associations de la tour et la construction de la salle panorama pour l’exposition d’art contemporain en 2013 rendent l’entrée de la rue Jobin moins praticable en 2012. Mais le site demeure utilisable pour Marsatac. L’édition 2011 était bien plus problématique, puisqu’on était dans la phase de démolition. »

Un avis que ne partage pas l’équipe du festival. « L’espace devant le Cabaret aléatoire ne sera pas disponible, on va se retrouver avec un cul-de-sac au fond de la rue intérieure, avance Dro Kilndjian. Mais surtout, les travaux de la crèche devant la Cartonnerie vont nous empêcher de nous installer. Au final, la jauge va passer de 9 000 à 5 000. » Alain Arnaudet, nouveau directeur de la Friche, ne veut pas voir partir le festival : « Nous leur avons présenté une alternative avec l’intégration de l’ancienne maternité de la Belle de Mai, qui se trouve juste derrière. » Une hypothèse qui ne satisfait ni le festival, ni la ville de Marseille. « Il faudrait faire des investissements pour casser des murs, terrasser de grandes surfaces, mettre aux normes, souligne Dro Kilndjian. C’est démesuré. »

La ville de Marseille, de toute façon, a une autre idée en tête. « Jean-Claude Gondard, le directeur de cabinet de Jean-Claude Gaudin, nous a proposé fin janvier d’installer l’édition 2012 à la caserne du Muy, affirme Dro Kilndjian, un rien sceptique. Comme de nombreux Marseillais, je la connais car j’y ai fait mes 3 jours. Mais elle n’est absolument pas adaptée pour un festival. Sans parler de la proximité des habitations. Si l’on veut continuer à grandir, il n’y a que deux sites possibles : Les plages du Prado ou le port. »

Une petite musique que l’on a souvent entendue ces dernières années. Mais, cette fois-ci, c’est peut-être le refrain de trop : « Cette année, nous allons organiser un mini Marsatac une semaine avant la date marseillaise à Nîmes (30), à la nouvelle salle Paloma, précise Dro Kilndjian. Ils nous ont accueillis les bras ouverts. Ça change ! »

Stéphane Sarpaux

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