Roig abandonne et ouvre un boulevard à la gauche

avril 2012
En jetant l’éponge dans la 1er circonscription du Vaucluse, la députée sortante Marie-Josée Roig, la maire UMP d'Avignon, offre sur un plateau sa circonscription à la gauche. Mais les candidats se bousculent et le FN est bien implanté.

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Surprise, surprise. Début janvier, l’indéboulonnable députée-maire UMP d’Avignon annonce qu’elle ne briguera pas un quatrième mandat à l’Assemblée nationale. Et sa famille politique est la première étonnée ! « Je lui avais conseillé d’être candidate et je pensais qu’elle le serait. Maintenant, c’est son choix et je le respecte, commente Jean-Michel Ferrand, patron de l’UMP dans le Vaucluse, lui aussi député. Il devient difficile d’être à la fois maire d’une grande agglomération et député. Elle avait déjà fait des déclarations dans ce sens. Son bilan d’activité, qui je le reconnais n’est pas bon quand on se penche sur sa présence et son nombre d’interventions, en atteste. Elle préfère se réserver pour sa réélection à la mairie d’Avignon en 2014. »

Sentant le vent tourner, l’ancienne ministre, 72 ans, se passerait bien d’être associée à la défaite de la droite en mai prochain. Elle a donc décidé d’envoyer au casse-pipe une conseillère municipale, Valérie Wagner, issue du Parti radical. « Il n’y avait pas d’autres candidats », reconnaît avec franchise, placide, Jean-Michel Ferrand. C’est peu dire que la droite part perdante dans la 1ère circonscription (Avignon et sa proche banlieue). Mal implantée localement – balayée au premier tour des élections cantonales avec 11 % des voix – la nouvelle impétrante relativise : « Une élection, c’est un peu le casse-pipe pour tout le monde, rien n’est jamais prévu d’avance. Je ferais de mon mieux. Si je venais à perdre, je ne serais pas non plus un cas isolé à droite. J’ai en tout cas posé comme condition à mon investiture un soutien sans faille de l’UMP. »

En face, dans un département qui ne compte que des députés de droite, la gauche se frotte les mains sans pour autant vendre la peau de l’ours. « Je me refuse par expérience d’être satisfaite, explique Michèle Fournier-Armand, la candidate du PS. Nous nous battrons pour ceux qui n’ont jamais la parole, contre la casse du service public, nous défendrons l’emploi, le logement… » André Castelli, autre poids lourd local, représentera le Front de gauche. L’objectif du conseiller général est clair : la victoire. « J’ai les capacités pour être un bon député. Le pays a besoin d’une gauche parlementaire qui remette en cause les lois scélérates votées depuis 2007. » Le communiste voit dans le premier tour une sorte de primaire à gauche et justifie le non-rassemblement avec le PS par sa volonté « d’élever le débat d’idées ».

Une troisième candidature, celle de Renaud Veeckman (DVG), va mettre son grain de sable dans ce combat entre frères ennemis. Pour cet ancien employé du conseil général du Vaucluse qui s’est fait connaître pour ses positions anti-Hadopi, Michèle Fournier-Armand est « une très bonne conseillère générale mais qui n’a pas le fond pour être une bonne députée. Son approche est trop locale pour une élection nationale. Je travaille déjà avec des parlementaires sur les questions d’Internet et je pense avoir la carrure pour être député ». Au PS, on préfère ne pas trop commenter « la candidature rancunière d’un homme qui nous en veut uniquement pour des questions professionnelles ». Reste que la faiblesse supposée de la candidate radicale et la division à gauche pourraient faire le jeu du Front national et de son candidat, le conseiller régional intégriste Thibaut de la Tocnaye, dans un territoire où l’extrême droite est fortement implantée.

Clément Chassot

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