Ce n’est pas la fête à La Grenouille

mai 2012
Le projet varois d’écoquartier de La Grenouille, au Pradet, fait plus la pluie que le beau temps… Et fait croasser...

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21 janvier, le journaliste Denis Cheissoux débute son émission CO2 mon amour, sur France Inter, par un billet d’humeur à charge contre la mairie du Pradet et son projet de 900 logements en écoquartier : « Là-bas un orage d’été vous fait monter en deux heures le chiffre d’affaires des marchands de bottes en caoutchouc. […] Aussi tenions-nous à saluer l’initiative d’élus de sensibilité écologique du Pradet qui ont déclassé des terrains historiquement agricoles sur plus de 14 hectares en terrains constructibles ! »

Contre l’avis de la chambre d’agriculture, de l’État et du commissaire enquêteur, Claude Mesangroas, le maire PS fait voter en décembre dernier le nouveau Plan local d’urbanisme (PLU) et le quartier durable promis durant sa campagne en 2008. « Nous ne sommes pas contre des logements mais pas sur le site de La Grenouille qui regroupe à lui seul une zone d’effondrement, des zones humides inondées à la moindre pluie et une zone de captage d’eau potable non respectée », s’insurge Christine Watel, présidente du CIL (Comité d’intérêt local ) de propriétaires. Au total quatre associations (1) dont celle de La Garde, soutenue par son maire UMP Jean-Louis Masson (2) ont déposé un recours gracieux. « Nos inquiétudes sont fondées puisqu’en janvier, la commune a été classée en état de catastrophe naturelle suite aux inondations de l’automne passée », ajoute Christine Watel. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a décidé d’en faire un de ses sujets d’action en 2012.

Pour Bernard Pezery, adjoint au maire délégué de l’aménagement du territoire il s’agit « d’une guéguerre politicienne » et de « propriétaires qui ne veulent pas de nouveaux logements à proximité ». Christine Watel dément. Son opposition dérange, elle a dû déposer une main courante, menacée, selon elle, par certains propriétaires qui voient l’opportunité de se débarrasser au prix fort de terres devenues (enfin) constructibles. Aucune parcelle n’aurait été cédée pour l’instant, mais la mairie avoue que certaines promesses de vente existent. A contrario, dans le quartier voisin de La Fleuride, Jean-Baptiste Giraud a vu son terrain constructible non inondable de 4,5 hectares se transformer en terre agricole. Il a déposé un recours contentieux. « Comment vous êtes au courant de ça ? », lance le 1er adjoint. Car au Pradet, un Giraud qui attaque fait toujours peur : « Il y a quelques années mon père a fait verser de très gros dommages et intérêts à l’ancienne municipalité pour un refus illégal de permis de construire », raconte le fils, confiant.

Au milieu des coassements, un soutien écologiste subsiste malgré tout, celui de Christine Sandel, conseillère régionale EELV (lire ci-dessous son argumentation détaillée) qui ne comprend pas un tel acharnement : « Ce projet a été réfléchi et je n’ai jamais vu ailleurs un tel travail écocitoyen de la part d’une commune. » Un appui qui fait sploch lorsque cette dernière avoue que la mairie est en passe de lui céder un terrain pour son projet expérimental « d’auto-promo » (3) : «  Mais ça je ne sais pas si c’est utile de le préciser dans l’article. » Croâyez-vous ?

Samantha Rouchard

(1) L’UNALCI, VIE de l’eau et l’association de défense du Plan de La Garde

(2) Le cabinet du maire n’a pas donné suite à notre demande d’entretien.

(3) Dix familles achètent un terrain en commun pour y créer des logements de petites tailles, comprenant des logements sociaux, des espaces communautaires et une mixité de population.

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