L’interco déchire l’UMP au profit de Bompard

juin 2012
Le rattachement programmé du bassin orangeois à Avignon divise la droite. Pour le plus grand bonheur de Bompard, le candidat d’extrême-droite aux législatives ce dimanche 17 juin.

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Les débats sur l’intercommunalité en Vaucluse s’immiscent avec force dans les élections législatives de la 4ème circonscription. Premier effet : un schisme au sein de l’UMP locale. Selon le schéma préfectoral adopté en décembre dernier par la commission départementale de coopération intercommunale (CDCI) représentant les élus du département, Orange et les cinq communes de la communauté de communes du Pays de Rhône-Ouvèze (CCPRO) rejoindront la Communauté d’agglomération du Grand Avignon (COGA) au 1er janvier 2013. A terme, la COGA devrait donc compter 25 communes et 270 000 habitants. Ce qui ne plaît pas du tout à certains élus locaux qui souhaiteraient voir naître une intercommunalité autour d’Orange – qui a la particularité de ne faire partie d’aucun groupement de communes.

A ma droite, Bénédicte Martin, candidate officielle de l’UMP, soutenue par le poids lourd local, Thierry Mariani. A mon extrême-droite, Jacques Bompard, maire d’Orange. Entre les deux (toujours à droite !), Paul Durieu, suppléant du même Mariani à l’Assemblée nationale. Les trois s’affronteront lors des législatives en juin prochain. Bompard et Durieu ont réussi à ramener dans leur giron plusieurs maires du Nord Vaucluse. Louis Driey, maire UMP de Piolenc, a annoncé son soutien à Jacques Bompard. Louis Biscarrat, maire UMP de Jonquières (membre de la CCPRO), s’affiche aux côtés du dissident Paul Durieu. « Mariani et sa clique nous ont trahi sur l’intercommunalité en ne nous soutenant pas, proteste Louis Biscarrat. Tout ça pour régler des comptes avec Jacques Bompard. Comment soutenir alors à notre tour Mme Martin pour les législatives ? Orange n’appartient pas du tout au même bassin de vie qu’Avignon et dans un tel regroupement, la représentativité des communes de moins de 5 000 habitants, c’est terminé. Nous ne faisons que défendre notre territoire. »

Dans la foulée d’une défaite de Sarkozy, la droite va se recomposer. Serait-ce possible autour de Jacques Bompard ? « Recomposition il y aura. Après je ne lis pas dans le marc de café… », commente Louis Biscarrat. Et si Paul Durieu n’accroche pas le deuxième tour, soutiendra-t-il Bompard ? « Nous verrons, je sais seulement qui je ne soutiendrai pas… » Uppercut au menton. « C’est une opération diversion, déplore Bénédicte Martin. Ces élus détournent le débat d’une élection nationale. Je ne suis pas une élue du bassin orangeois et ne siège pas à la CDCI. Qu’attendaient-ils de nous ? Je ne remets pas en cause la pertinence d’une discussion sur une intercommunalité autour d’Orange mais le fait est que la CDCI, en majorité à gauche, a voté en faveur de ce découpage. En 17 ans, Bompard n’a rien fait pour créer une intercommunalité et il se réveille soudainement à l’approche des élections. Ç’en est devenu un prétexte. Le fait que je sois une jeune femme candidate remet en cause un certain ordre établi, bouscule un petit monde de notables. » Petit pas d’esquive et crochet du droit. En attendant, les chances de voir un député UMP dans cette circonscription s’effritent peu à peu, laissant un peu plus de champ à Jacques Bompard, aussi fin stratège électoral qu’épais au regard de son idéologie radicale.

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