Ralentissons !

mai 2013
La lenteur, parfois subie, peut devenir un acte de résistance. Enquête sur le « slow » en Provence-Alpes-Côte d’Azur et manifeste « ravissant » pour le droit à la « p(a)resse ».

une_-_ravi_-_105_-_250px.jpgle Ravi sort de sa coquille

Côté pile : les usagers des TER, les trains régionaux qui n’ont d’express que le nom, sont exaspérés par la multiplication des retards à l’arrivée et au départ. Côté face : des collectifs bataillent depuis des années contre la création d’une ligne à grande vitesse – à leurs yeux dispendieuse, destructrice et inutile – pour relier Paris et Nice en moins de quatre heures. La lenteur, souvent subie, peut devenir acte de résistance.

Accélérer ou ralentir ? L’alpha et l’omega des politiques économiques consistent toujours à rechercher la croissance : produire plus, plus vite, plus grand, pour engranger plus de bénéfices, créer plus d’activités et d’emplois. Les partisans du « slow » tentent d’explorer d’autres voies. En matière d’alimentation par exemple, prôner la lenteur consiste à défendre une agriculture moins intensive, des circuits courts de distribution en réduisant au maximum les intermédiaires et les kilomètres entre producteurs et consommateurs. C’est prendre le temps, aussi, de préparer un repas et de le savourer.

Cette enquête est pour le Ravi l’occasion de sortir de sa coquille en revendiquant, pour ses dix ans, un rythme d’escargot. Afin qu’une feuille de chou ait de la saveur, il faut savoir la cultiver, ne pas la doper aux artifices de l’information spectacle. Le droit à la p(a)resse que nous défendons est celui nécessaire pour enquêter, pour s’aventurer, loin des autoroutes de l’information, sur des chemins de traverse. C’est aussi un plaidoyer pour un journalisme dont l’irrévérence ne s’émousse pas avec le goût pour la proximité. Il n’a de sens que pour des lecteurs qui, eux aussi, prennent le temps. Celui de s’informer.

Michel Gairaud

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