Le PS 13 dans tous ses états généraux
Ce samedi 19 septembre, les 200 militants socialistes qui ont investis les Docks des Suds, salle de spectacle marseillaise, pour les « états généraux » de la fédération des Bouches-du-Rhône, sont visiblement adeptes de la méthode Coué. Après les fessées des municipales, européennes puis sénatoriales, les affaires et une mise sous tutelle nationale aussi éphémère qu’inutile, certains veulent croire à un renouveau alors que la fédération est en ruine : à peine 1000 adhérents contre 4000 l’année dernière. « On a l’impression de redémarrer doucement et de se remettre au travail », estime Patrick Poli, militant aixois depuis plus de 30 ans et qui veut croire au message de bonne volonté de Jean-David Ciot, redevenu premier secrétaire de la fédération alors même qu’il est jugé ce mois-ci au côté de son ancien employer Jean-Noël Guérini (ex-PS, président du Conseil général).
Ces états généraux rentrent dans un dispositif national censé « redéfinir la carte d’identité du parti ». Alors que devait être initialement abordée la question « qu’est-ce qu’être militant socialiste dans les Bouches-du-Rhône? », trois thèmes de discussion assez plats ont finalement été proposés, laissant peu de temps aux militants de s’exprimer. De la pure comm’ pour certains, comme Pierre Orsatelli de Renouveau PS 13. Pour lui, la fédération continue de s’enfoncer et reste sous influence guériniste. Sans d’ailleurs trop comprendre quel intérêt certains peuvent y trouver « à part continuer de cacher le péché originel, celui de l’alliance objective entre le national et Guérini depuis le congrès de Reims et l’élection de Marine Aubry. On en reste prisonniers ». Il dénonce le manque de renouvellement, notamment lors des élections municipales ou fustige les déclarations du président du groupe socialiste à l’hôtel de ville, Stéphane Mari, faisant l’éloge dans La Provence de Sylvie Andrieux, condamnée en appel en septembre pour détournement de fonds : « Où est-ce que tout cela va s’arrêter ? » Jean-Paul Nail, membre du conseil fédéral, dénonce lui un nombre important de proches de Jean-David Ciot et de conseillers généraux au sein de l’instance locale : « On n’avance pas. » Et de faire remarquer que Jean-David Ciot ne respecte pas une des recommandations du rapport Richard pour remettre de l’ordre dans la fédération préconisant la mise en retrait d’élus inquiétés par la justice.
Avec une interprétation très personnelle de cette recommandation, Jean-David Ciot indique qu’il restera en poste : « Nous verrons le moment venu. » En attendant, il se borne à expliquer qu’il est le seul à pouvoir gérer les querelles d’egos, à « mettre tout le monde autour d’une table pour se remettre rapidement au travail ». Après moi le chaos. Mais certaines pratiques semblent avoir la peau dure. Notamment sur sa circonscription, à Aix-en-Provence. En avril dernier, le bureau national décidait de dissoudre certaines sections, les deux d’Aix-en-Provence pour n’en créer plus qu’une et trois autres à Marseille. A Aix, 130 militants ont voté le mois dernier pour élire Cyril Di Meo. Des élections que conteste aujourd’hui l’ancien secrétaire de section Guillaume Guerre en mettant en cause l’influence de Jean-David Ciot, contre lequel il a pu avoir des positions défavorables : « Le jour du vote, 30 militants que je n’avais jamais vus et qui n’étaient pas dans nos fichiers se sont manifestés. Ils étaient dans un "fichier fantôme" géré par la fédération, alors même qu’elle était sous tutelle. Et Cyril Di Méo n’est pas domicilié à Aix-en-Provence, ce qui est indispensable pour être élu secrétaire de section. » Sûrement un peu aigre car ces 30 votes n’auraient de toute façon pas changé l’issue du scrutin, il a engagé une procédure auprès de Solférino : « Personne ne me répondait jusqu’à ce que je menace d’aller en justice. Bizarrement, Paris m’a appelé tout de suite en me disant qu’ils accepteraient de me recevoir. »
Jean-David Ciot assure que la fédération ne gère pas les fichiers d’adhérents et peste contre cette « moitié du parti qui veut voir l’autre disparaître. Ce n’est pas la solution. Ces travers nous ont amenés dans la situation dramatique d’aujourd’hui. Nous pouvons disparaître et le seul qui a un intérêt à cela c’est Jean-Claude Gaudin. Ne nous trompons pas d’ennemis. » Tout en accusant Guillaume Guerre de se croire indispensable. Le PS 13 et son fonctionnement restent un mystère insolvable mais les prochaines échéances électorales permettront peut-être d’y voir plus clair. « Les cantonales vont être très intéressantes, juge Pierre Orsatelli. Je suis persuadé que Guérini sera réélu. Mais au niveau du parti, elles pourront nous permettre de nous compter. Et de voir si la fédération est capable d’investir des candidats proches de Jean-Noël Guérini. » Et de conclure : « De toute façon, tous ceux qui aimaient le PS ici sont partis. » L’amour ne rend pas toujours aveugle.
Clément Chassot