« Paris ne s’est pas fait en un jour »

mai 2005

Surbooké, Hubert Falco n’a pas pu nous recevoir. Mais a accepté de répondre à nos questions écrites.

Le Ravi: «Après la parution des derniers chiffres de l’INSEE, qui mesurent une hausse de la population toulonnaise, vous avez salué « la marque d’une ville redevenue attractive ». Au regard d’autres indicateurs, comme le taux de chômage ou comme les boutiques toujours murées dans les rues du vieux Toulon, n’est-ce pas un peu prématuré ?»

Hubert Falco : « Toulon a en effet enregistré une hausse importante de sa population, quelque 8000 habitants en quatre ans, et cela ne peut que me réjouir. Il faut savoir que notre ville subissait une véritable hémorragie démographique depuis 1984 : nous étions 160 639 habitants en 1999 et nous sommes aujourd’hui 168 200 habitants, soit une augmentation annuelle supérieure à 0,7 %. C’est en effet un signe qui ne trompe pas et c’est la preuve que notre ville est redevenue attractive, que la qualité de vie y est reconnue. Mais c’est un signe qui s’ajoute à d’autres, comme par exemple la hausse du coût de l’immobilier ou le retour des investisseurs privés qui n’ont pas hésité à investir 200 millions de francs dans la réalisation du Palais Liberté et de son complexe cinématographique en plein c?ur de ville. Toulon, tous les observateurs le reconnaissent, est désormais une ville qui compte, au sein d’une agglomération dynamique, une ville en pleine reconquête de son rôle de capitale du Var et de métropole régionale. Les difficultés économiques ne sont pas, vous le savez bien l’apanage de Toulon, et Paris ne s’est pas fait en un seul jour ! La requalification urbaine en cours participe à la nouvelle attractivité de notre c?ur de ville et, s’il n’est pas question de nier les problèmes, notre politique commence à porter ses fruits, en matière de commerces comme dans d’autres domaines. Je vous invite à venir le constater : c’est un véritable renouveau commercial qui s’opère au centre ville puisque en quelques mois, pas moins d’une vingtaine de magasins y ont ouvert leurs portes ! »

14rv19lop-falco.jpg

Nice puis Marseille vont s’équiper d’un tramway moderne avant Toulon… N’aurait-il pas été préférable d’accélérer la réalisation de ce dernier plutôt que de construire un 2ème tube routier ?

« J’ai toujours dit, et cela était même l’un des thèmes de ma campagne pour les municipales, qu’il fallait réaliser le 2ème tube de la traversée souterraine, et que c’était une priorité pour libérer la surface d’une part importante de la circulation automobile. Aujourd’hui le 1er tube absorbe quelque 35 000 véhicules par jour et le 2ème tube est évidemment une nécessité pour circuler dans le sens Ouest-Est. Où a-t-on vu une traversée à sens unique ? La situation géographique de Toulon, coincée entre mer et Faron, exige d’elle-même cette traversée souterraine et je me suis battu pour qu’elle soit inscrite dans la réalité. C’est maintenant chose faite, le financement est assuré par tous les partenaires (Etat, Conseil général, Région et agglomération TPM) et les travaux préliminaires au percement sont en cours. Le 2ème tube devrait être livré en 2009. Cela ne nous empêche pas, parallèlement, de poursuivre la préparation du tramway. Il s’agit d’un dossier long et important, notre objectif étant une première ligne à l’horizon 2012 qui reliera l’université de La Garde à l’université du centre ville de Toulon. Les premiers travaux sont en cours, dans le quartier de St-Jean-du-Var, avec la réalisation du nouveau pont, plus large, et la restructuration de la voirie dans ce secteur. Vous le voyez, le tramway n’est pas abandonné… mais il faut savoir gérer les priorités et les financements de façon à ne pas hypothéquer l’avenir. »

Les débuts du débat public sur le futur LGV ont été agités dans le Var. Après les incidents qui ont marqué la première réunion, ne plus participer aux différentes étapes de la concertation, comme vous l’avez décidé, est-elle la bonne solution ?

« La bonne solution, comme vous le dites, ce n’est certainement pas d’empêcher le débat de se dérouler en monopolisant la parole et en jetant l’anathème ! Mais venons-en au fond du dossier et il serait en effet fort regrettable que des comportements intolérants en viennent à priver notre département d’une ligne à grande vitesse… Ce projet est essentiel pour notre avenir et, pour la première fois, Toulon et le Var peuvent faire entendre leur voix, à égalité avec celle de nos partenaires régionaux que sont Nice et Marseille. La LGV devra permettre de répondre aux enjeux de l’aire toulonnaise, 3ème pôle de l’Arc méditerranéen avec plus de 550.000 habitants et 45% de la fréquentation touristique du Var, premier département touristique de France qui accueille plus de 10 millions de personnes par an. Et il est évident que le Var, point de passage obligé pour la LGV, ne doit pas être seulement un lieu de transit. Notre département doit bénéficier de deux gares TGV pour desservir ses deux grands bassins de population, de fréquentation touristique et de développement économique (Draguignan/Fréjus/St-Raphaël et Aire toulonnaise). Mais, j’insiste sur ce point, le tracé retenu ne devra en aucun cas menacer la préservation de notre environnement, de nos espaces naturels exceptionnels et de nos terroirs agricoles de très grande qualité. Ces exigences seront soutenues et défendues par le Maire de Toulon : défenseur de l’agriculture, je l’ai été et je le reste ! »

De mauvais esprits suggèrent que votre passage au gouvernement n’a pas été aussi productif que vous auriez pu l’espérer pour Toulon ? Que leur répondre ?

« Je répondrai tout d’abord que la participation au gouvernement de la République est un honneur et que cette participation ne peut se réduire à une quelconque « productivité ». On ne rentre pas au gouvernement comme on va au marché… Servir son pays, en dehors de toute polémique politicienne, c’est s’investir pour le bien public et travailler pour améliorer les choses. Je suis fier d’avoir pu participer, modestement, à faire avancer certains dossiers même s’il reste beaucoup à faire… Changer le regard que porte la société sur les personnes âgées, mieux accompagner la dépendance, telles ont été mes priorités. L’intérêt général, celui de tous nos concitoyens, est la règle, et c’est sur ces bases que j’ai pu également faire avancer des projets concernant Toulon et l’agglomération. N’en déplaise aux « mauvais esprits » que vous évoquez, ce n’est certainement pas le fait du hasard si des dossiers tels que le nouvel hôpital de Sainte-Musse, le 2ème tube de la traversée souterraine, la future cité judiciaire de Toulon, la prise en compte de la LGV ou celle du pôle universitaire, sont désormais inscrits au plus haut niveau de l’Etat et rentrent dans leur phase de concrétisation ! »

Parmi les images qui collent à la peau de Toulon, celle d’une ville conservatrice, avec ses rapatriés nostalgiques d’un temps révolu, ses militaires et ses retraités. De purs clichés ?

« Ces images ont été longtemps propagées et rabâchées par une partie de la presse, laquelle j’en conviens trouvait parfois localement un terrain favorable à cette caricature. Il ne vous a pas échappé que cela est en train de changer et que cette même presse regarde aujourd’hui Toulon avec un regard différent. Le chemin parcouru depuis 2001 nous permet de voir les choses avec optimisme. En 2001, Toulon était ignorée de tous ou décriée systématiquement. Déficit d’image, déficit d’équipements, déficit de volonté et d’ambition : notre ville était inexistante ou n’existait qu’en négatif. Récemment, le classement annuel du « Point » concernant les villes où il fait bon vivre a fait progresser Toulon de 9 places en une année ! Certes il reste beaucoup à faire, mais nous avons avec mon équipe la volonté de le faire. »

Toulon a-t-elle vraiment tiré les leçons de « l’expérience » Front National ? La ville est-elle désormais immunisée contre l’extrême droite ou bien toujours sensible à ses sirènes ?

« En politique mon expérience m’a appris que rien n’est jamais acquis et qu’il faut sans cesse se remettre en question en essayant de mieux répondre aux préoccupations des citoyens. Les Toulonnais ont vécu dans le passé des situations difficiles, exacerbées par les divisions politiciennes à droite comme à gauche et ce que mon équipe et moi-même avons semble-t-il réussi, c’est de remettre notre Ville au c?ur des priorités de tous. »

Propos recueillis par M. G.

Imprimer