Jacques Peyrat pas pour une clientèle

juin 2005

Jacques Peyrat, sénateur-maire UMP de Nice, est-il clientéliste ? Même ses opposants les plus farouches à qui nous avons posé la question restent dubitatifs. Rémy Gaechter par exemple, conseiller municipal d’opposition qui suit plus particulièrement le dossier des associations, nous affirme que les subventions à celles-ci sont distribuées « à la louche », sans contrepartie attendue.

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Ainsi, un président d’association qui n’a jamais caché ses sympathies socialistes s’étonne d’avoir été subventionné cette année, après plusieurs années de vaches maigres. Mais sur cette question des associations, révélatrice du clientélisme, on en saura plus dans quelques mois, lorsque la mission d’évaluation de la politique municipale en direction des associations aura rendu son rapport. Idem pour le plan local d’urbanisme, anciennement dénommé POS, dont la révision est en cours : on en est encore aux principes généraux, et il faudra attendre quelques temps pour savoir à quels cadeaux et passe-droits donnera lieu cette révision. A la limite peut-on voir une volonté clientéliste dans la façon dont ont été mis en place les conseils de quartiers, qui permirent de récompenser en monnaie symbolique quelques affidés, qui le devinrent plus encore, et d’écarter les fâcheux (lire Le Ravi n° 16). « Dans une ville méditerranéenne, explique Pierre Tafani, qui a longtemps étudié le clientélisme de Jacques Médecin, la volonté de créer une relation clientélaire ne vient pas seulement du pouvoir, mais aussi du terrain. Mais Peyrat n’a pas le profil, et c’est pour ça qu’il n’est pas aimé, parce qu’il n’a pas la technicité qu’avait Médecin en matière de clientélisme. Les exigences, les remontés du terrain sont mal satisfaites. » « Chez un maire qui débute, poursuit-il, on distingue une attitude clientélaire dans les tentatives pour domestiquer son administration. Or, Peyrat a beaucoup de mal avec son administration, donc soit il est vraiment très maladroit, soit il ne sait pas faire. »

L’autre difficulté du maire de Nice, outre sa rigueur belfortaine guère compatible avec la mentalité niçoise, c’est sa difficulté à établir un leadership incontesté sur le département. Or, ce leadership est indispensable, puisque c’est lui qui permet à la fois de ne pas être inquiété dans son fief et de disposer de ressources plus vastes que celles qu’offre une simple mairie. Jacques Médecin l’avait bien compris, qui était à la fois maire de Nice et président du Conseil général. Au moment de la première loi sur le cumul des mandats en 1988, il préféra sacrifier son siège de député pour garder la présidence du Conseil général et la mainmise sur le département. Patron tout-puissant, il disposait de la haute-main à la fois sur les ressources du département, et sur les investitures pour toutes les élections : autant dire qu’il fallait être bien téméraire pour oser lui contester son fief. La situation aujourd’hui est toute différente. Transfuge du FN, Peyrat a toujours senti le pâté pour une partie de la droite qui se cache de moins en moins pour contester son autorité. La présidence de la communauté d’agglomération permet à Peyrat de disposer d’autres ressources, mais pas d’un pouvoir suffisant pour calmer les députés Rivière, Salles et Marland-Militello par exemple.

A défaut de déceler du clientélisme dans la politique menée par Jacques Peyrat, on peut chercher à savoir ce qui lui a permis d’être réélu, de justesse, en 2001. L’analyse des résultats par bureaux de vote montre alors que ce sont les quartiers périphériques, riches et peuplés en majorité de retraités, qui ont assuré à Jacques Peyrat sa réélection. D’où cette hypothèse : Peyrat soigne moins une clientèle socialement hétérogène, que certaines catégories sociales.

GM

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