Logement : la Provence sous pression

juin 2004

« Tout le monde a droit au soleil ». Par respect pour cette excellente maxime, la région PACA accueille depuis plusieurs décennies les ménages, les retraités et les vacanciers de France et d’Europe. Le taux de croissance démographique annuel a passé la barre des 1 % depuis 2001, et les nouveaux arrivants représentent environ trente cinq mille personnes chaque année. Le phénomène s’est accéléré depuis 1996 (bien avant l’arrivée du TGV à Marseille, Avignon et Aix). Rien ne semble pouvoir l’arrêter.

Cette pression démographique n’a pas été uniforme dans la région. Si elle s’exerce depuis longtemps sur la Côte d’Azur, elle est plus forte aujourd’hui dans le Var (+1,28 % par an), ainsi qu’à Marseille, tandis que le reste des Bouches du Rhône connaît un taux de croissance plus bas (+0,68 % par an sur l’ensemble du département). L’arrivée de nouvelles populations rend la situation du logement très critique. La demande de logement ne cesse de croître. Plus vite même que le nombre d’habitants, puisque la taille des familles a tendance à diminuer. La crise du logement des actifs est générale : les moins riches d’entre eux ne trouvent pas d’HLM, puisque les communes n’en construisent pas, et ceux qui disposent de revenus un peu plus élevés ne peuvent rivaliser avec les autres catégories d’acheteurs, retraités ou acquéreurs de résidences secondaires. Le marché locatif ne se porte pas mieux : à la campagne on ne trouve plus rien à louer ; en ville, on trouve à des prix très élevés. L’augmentation des prix des loyers est rappelée sans cesse dans la presse hebdomadaire, et constatée par les professionnels. Le préfet de région s’alarme dans une note au Secrétaire d’Etat au logement : il dénonce une « situation antérieure qui nécessite de combler le retard dans un cadre régional qui s’apparente aujourd’hui à celui de la région parisienne, dans un marché cher et convoité ».

L’augmentation des prix n’a pourtant pas des effets négatifs pour tout le monde : elle rend les projets immobiliers rentables partout dans la région. Marseille en profite pour construire des immeubles neufs à tour de bras. Ailleurs, les collectivités sont poussées à ouvrir de nouvelles zones à l’urbanisation, faites de villas toutes similaires. Problème : ces nouvelles maisons ne sont pas construites par des actifs, mais plus par des retraités, voire des familles en résidence secondaire. Le problème du logement n’est pas résolu, mais entre temps, on a consommé l’espace, installé les réseaux, endetté les collectivités, etc. Du point de vue du paysage, les dégâts sont irréversibles : dans certains secteurs, on assiste au « nappage pavillonnaire » qui a déjà défiguré de nombreuses communes périurbaines. Ailleurs, c’est la ressource foncière qui vient à manquer, comme dans certaines communes littorales.

La solution que voudrait encourager l’Etat, c’est de construire du logement social. Pour y contraindre les élus, la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain) de décembre 2000 impose un taux de 20 % de logements sociaux aux communes de plus de 3500 habitants, et prélève chaque année environ 150? par logement manquant sur le budget de la commune. Dans la région, cette contrainte s’avère très insuffisante. La plupart des communes sont très loin du compte. Comme le montre la carte du logement social que Le Ravi publie en exclusivité (voir en page 9).

Etienne Ballan

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