Cannes, conseil municipal du 18 juin 2007

juillet 2007

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17h59 Bernard Brochand, le député-maire UMP, tombe la veste et s’installe sur l’estrade qui domine une salle ultramoderne : mobilier design et ergonomique, micro pour tout le monde, climatisation, lumière indirecte… Il s’assoit dans un fauteuil digne d’un PDG. Ses huit premiers adjoints l’entourent. Face à lui, les sièges du public sont clairsemés.

18h10 L’ancien publicitaire redresse une silhouette à la Jean-Pierre Raffarin, la bosse en moins (1), et prend la pose. Félicité pour sa réélection, la veille, à (française de tennis a signé un contrat avec la ville de Cannes », l’ancien président du PSG ne peut plus déléguer. À moitié avachi dans son fauteuil, le ton blasé, il commente : « On a appris que la Fédération cherchait un lieu d’entraînement décentralisé. Comme je connais personnellement Patrice Dominguez [directeur technique national, Ndlr], je l’ai amené à Cannes. Il a convaincu le président de la fédération qui a voulu en faire un événement pendant Rolland Garros ». Puis, apparemment furieux d’avoir dû s’expliquer sans provoquer de réaction, il persifle : « J’ai signé la convention sans rien débourser. Nous sommes dans la puissance publique, je voulais vous faire plaisir ! »

19h09 « On parle de l’allée des Gabians. Ca me rappelle celui qu’on voit sur vos affiches et qui semblait faire partie de votre équipe de campagne », s’amuse toujours l’élu communiste. Sourire arrogant du député-maire. Titillé sur ses terres, il pérore : « C’est le petit truc qui fait la différence ». Curieux que Nicolas Sarkozy ait décliné les services de cet éminent publicitaire…

19h11 Deux blondes délavées – dont une avec des lunettes de soleil, éternelle Côte d’Azur ! – jouent les mégères dans les rangs de la majorité. A l’opposé, en fond de salle, un membre du cabinet du maire fait le paon devant deux bimbos en robe de soirée.

19h30 Après plus de 20 minutes d’absence, le FN Paul Borel semble avoir définitivement disparu… Ses affaires sont pourtant toujours sur son bureau.

19h41 « Quand je parle avec Jean-François Lamour, qui a été un ministre de grande qualité [de la jeunesse et des sports Ndlr], du problème de financement des clubs de national, nous ne trouvons pas de porte de sortie. C’est un vrai débat. Un débat de société » (sic), se désespère Bernard Brochand. Depuis une dizaine de minutes, le conseil délibère sur l’opportunité de subventionner le centre de formation et le club de l’AS Cannes (plus de 2 millions d’euros par an). Défendue par Jean-Denis Bernard, adjoint aux sports, la délibération a été rapidement phagocytée par le député-maire. Pour l’ancien joueur du club – promis, selon son autobiographie très officielle (2), à une brillante carrière de professionnel -, l’enjeu est carrément vital pour Cannes : il s’agit de sauver une structure qui « crée du lien social ». Alors que Pascale Vaillant tente de réfuter cette idée, le maire coupe : « Je ne vais pas vous raconter ma vie, mais moi, à Montreuil, j’ai appris ce qu’est la solidarité ». Toujours partant pour renchérir ou noyer le poisson, David Lisnard complète, presque une larme à l’oeil : « On a du mal à s’abstenir sur cette question. Soit on lâche le club, soit on lui donne encore une chance pour qu’il défende les valeurs humanistes, le rêve, la performance ». « Si j’étais aux affaires, je ferais comme vous », assure Apolline Crapiz. La délibération est finalement adoptée à l’unanimité.

20h06 Les conseillers rangent leurs dossiers, se lèvent et commencent à quitter la salle sans que Bernard Brochand n’ait officiellement clos la séance. Effet de miroir des sentiments des Cannois à l’égard de leur député-maire ?

Jean-François Poupelin

(1) Le grand reporter du Ravi ayant cassé ses lunettes, il faut peut-être relativiser la comparaison… (2) Vous pouvez réussir l’impossible (2006)

Pan sur les doigts Sylvie Lefebvre, élue de Venelles (le Ravi 36), nous demande de rectifier le point suivant : loin d’être conseillère socialiste, comme nous l’avons écrit, elle se situe « à droite » comme Jean-Pierre Saez, maire UMP depuis 2001 dont elle a été l’ adjointe aux affaires scolaires et sociales. Depuis 2004, elle siège cependant au Conseil municipal en dissidente.

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