Veolia ne meurt jamais

mai 2007
Depuis que l'ancêtre de Véolia a débarqué à Nice, la société et ses filiales règnent toujours sur la ville et la communauté d'agglomération...

Il était une fois la Compagnie générale des eaux (CGE)… En 1864, elle obtient la concession du canal de la Vésubie et pose ses valises au pays du citron. Sa mission ? Distribuer l’eau à tous les foyers niçois. Les années passent, la compagnie coiffe progressivement de nouvelles casquettes : traitement, assainissement des eaux usées, ramassage et incinération des ordures, fourrière autos, transports en commun, parkings… Aux yeux du conseiller général UMP des Alpes-Maritimes Jean-Auguste Icart, en 2001, elle devient incontournable. « Vivendi (son nouveau nom, ndlr) a une position dominante et non concurrentielle » dénonce-t-il en séance plénière (1). 09rv41yacine-veolia.jpg 2003 arrive. Vivendi devient Veolia Environnement (VE). Entre temps, un rapport de la cour régionale des comptes est tombé. Il épingle, notamment, la délégation de service public accordée par la ville de Nice à la Semiacs, une société d’économie mixte qui sous-traite (à perte) une partie du travail à ST2N, filiale de Véolia Transport (2). A la même période, des affaires de corruption surgissent. Bien que mêlée, l’ex-CGE ne semble recevoir aucune éclaboussure (voir ci-contre l’article « Chauffe qui peut ! »). Ses filiales – ST2N, Auto Nice Transport, Rapides Côte d’Azur, Broch, Sud-Est Assainissement, la Sonitherm, etc. – ne plongent pas. Apparemment, Véolia demeure le « partenaire historique du développement des Alpes-Maritimes », comme le suggère Philippe Yvon, directeur régional du groupe. La commune de Nice et ses voisines lui sont d’ailleurs reconnaissantes. Ainsi, en janvier 2002, à propos du transfert optionnel de la gestion de l’eau à la communauté d’agglomération Nice Côte d’Azur (Canca), qui inclue les contrats avec Veolia, le président de la collectivité claironne : « Nous, les 23 maires, avons choisi de protéger ce système d’eau » (3).

Aujourd’hui, l’ex-Vivendi reste-t-elle toute puissante dans son fief niçois ? Non, rétorque Paul Spinelli, adjoint au maire délégué aux marchés publics. Après enquête auprès de ses services, l’élu assure : « Veolia n’a pas d’exclusivité. Pour 2006, aucun contrat n’a été passé avec elle. » Les multiples visages de VE auront-ils égaré les fonctionnaires niçois ? Toujours est-il que pour le Journal officiel la réalité diverge… A titre d’exemple, l’année dernière la mairie a attribué, pour un montant de 1,4 millions d’euros HT, un marché à Crystal (filiale de Dalkia, branche énergie du groupe) visant à réaliser, entre autre, la plomberie et le chauffage d’une partie de l’université Saint-Jean d’Angely. Plus facile : en mars, Sud Est assainissement (filiale de Véolia Propreté) décrochait un contrat pour entretenir les bâtiments communaux. Encore plus explicite : en avril, la Compagnie générale des eaux (sic) (c’est mentionné ainsi sur l’avis d’attribution) en gagnait un pour fournir et poser des équipements de puisage public… Certes, VE ne doit pas son implantation en pays niçois qu’à la seule ville de Jacques Peyrat. Elle le doit également à la Canca et aux entreprises privées. En 2006, la première lui a confié une vingtaine de marchés, dont un de 28,8 millions d’euros sur l’élimination des ordures collectées en déchetterie (partagé avec Suez). Du côté des secondes, Veolia Propreté Sud Est se targue, par exemple, d’avoir re-signé avec Auchan jusqu’en 2011 pour collecter certains de ses déchets et l’accompagner « sur les opérations de sensibilisation auprès de son personnel (…) et auprès du grand public ».

De l’usager au contribuable, en passant par le consommateur en grande surface ou le salarié, Veolia semble bien presser Nice comme un citron…

A. M.

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