Hyères les Palmiers, conseil municipal du 15 février 2008

février 2008

14rv50lop_riton.jpg14h35 Francis Roux, premier adjoint, offre la parole à François Carrassan. Cheveux grisonnants gominés, col de veste remonté et petit glabre balladurien, l’adjoint à l’action culturelle, le visage fermé, annonce solennellement : « Vous imaginez que Léopold Ritondale voulait assister au dernier conseil municipal de cette mandature et à son dernier conseil municipal tout court. Mais il vient d’être hospitalisé… » Après 25 ans de règne sans partage sur Hyères les Palmiers, le maire divers droite (86 ans) ne tirera donc pas officiellement sa révérence (1). Les prétendants à sa succession sont, eux, bien présents : Marie-Christine Hamel (dissidente UMP sans étiquette), Jean-Claude Albérigo (liste écolo et citoyenne), le député UMP Jean-Pierre Giran, Alain Jaubert (PS-MRC-PCF) et… Francis Roux (divers droite), auquel le maire sortant a préféré un de ses anciens adjoints, le pharmacien Jacques Politi, au motif que son dauphin aurait fait des appels du pied au candidat du parti présidentiel en 2001…

14h52 Couvert par des élus aussi indisciplinés que des élèves à la veille de vacances, Guy Lefranc, adjoint aux finances, se noie dans la lecture des budgets primitifs. « Respire », le tance Francis Roux, lunettes de presbyte posées sur son front dégarni, qui a pris les rênes du conseil.

15h05 Le premier adjoint : « Avant de continuer, je veux vous faire part d’une communication de Philippe de Beauregard (conseiller d’opposition ex-FN, Ndlr). » Et de lire, ses demi-lunes retombées sur le nez : « Monsieur le maire, je suis malheureusement absent pour ce dernier conseil, mais je tiens à vous remercier de la qualité des débats et de la cordialité des échanges qui ont prévalu pendant cette mandature. » Quelques commentaires peu « cordiaux » montent des rangs de la gauche.

15h08 « Scandaleux ! » « Incroyable ! » L’opposition se déchaîne lorsque Francis Roux évoque un « accord de tous les candidats pour voter, lors du budget supplémentaire, une compensation [financière] » au Club d’organisation de yachting et de compétition hyérois (COYCH). Var Matin vient de révéler que sa subvention a été diminuée et les candidats d’opposition veulent sauter sur l’os. « Si nous n’étions pas en campagne électorale, il n’y aurait pas de polémique », se défend Francis Roux. Alain Jaubert ne le contredit pas. Le conseiller socialiste attaque, dénonce, gesticule et, finalement, tacle mollement : « Contrairement à beaucoup dans cette ville, nous nous battons sous notre drapeau. Nous sommes de gauche et mourrons à gauche ! » Commentaire laconique du premier adjoint, vizir ayant enfin remplacé le calife : « Tu dérives. »

15h36 « Je suis d’autant plus heureux de rapporter ce projet que c’est ma dernière délibération », s’enthousiasme, un rien satisfait, François Carrassan avant d’annoncer la cession par l’Etat de la cité gréco-romaine d’Olbia Pomponiana à Hyères. « T’en auras d’autres ! », s’amuse Alain Jaubert. Déstabilisé, l’adjoint à l’action culturelle passe le quart d’heure suivant à défendre maladroitement une « convention de transfert » visiblement peu ambitieuse (800 000 euros de budget pour la remise en valeur du site archéologique).

15h51 Dégagé de ses obligations, François Carrassan souffle en rangeant ses affaires. Le public commence à partir, suivi par quelques adjoints qui se retirent dans une salle annexe.

16h05 Après avoir raillé la décision de la municipalité d’autoriser, à la veille du scrutin, l’installation, et l’agrandissement d’un Leclerc, sur une zone d’activité économique en déshérence depuis les années 90, Jean-Pierre Giran donne sa bénédiction au projet. « Il ne faut pas désespérer Billancourt ! » conclut, dans un style très sarkozyste, le député UMP. Marie-Christine Hamel et Jean-Claude Albérigo plaident pour « un aménagement d’ensemble, et sans précipitation, de la zone». Francis Roux boit du petit lait et leur oppose un argument choc : « Le gérant a respecté sa parole en ouvrant un magasin en centre ville alors que ce n’était pas une nécessité pour lui. La commune doit tenir la sienne. »

16h22 « Je préférerais être mieux noté sur la question du logement social, qu’être premier à la Star Ac ! » Affable, Alain Jaubert s’amuse de la troisième place de Hyères (après Saint Maur les Fossés et Neuilly) au classement de la Fondation Abbé Pierre des mauvais élèves en matière de réalisation de logements sociaux (115 sur 546, soit 11,8 % au lieu des 20 % de la loi SRU) alors que la commune se mobilise derrière Quentin, Hyérois d’adoption et futur vainqueur de l’émission de télé réalité de TF1. Réponse excédée de Sylviane Belleoud, conseillère déléguée au logement : « Je préférerais dormir sur le trottoir plutôt que d’habiter La Seyne-sur-Mer ! » « C’est ce qu’on appelle du racisme ethnique, que l’on a trop entendu dans ce collège !, tempête le candidat de la gauche unie. Quand je suis arrivé au milieu des années 90, la population n’était pas fière de sa ville, ça pétait de partout ! » Réponse du tac au tac d’un Francis Roux, faisant allusion avec légèreté à l’assassinat de la députée Yann Piat et la période chaotique qui a suivie : « Il n’y a peut-être pas eu d’élue tuée à la Seyne ? » Exclamations d’indignation dans le public et l’opposition.

16h47 Petit moment d’accalmie. Les délibérations s’enchaînent, l’opposition papote, le public continue de partir, Alain Jaubert apporte une déclaration à la presse et François Carrassan passe un coup de fil puis se cure le nez.

16h58 Inquiétude de Francis Roux pour l’avenir de la pêche amateur suite à « l’extension en mer de la zone d’importance communautaire de la rade de Hyères » (parc national de Port Cros). « Les pêcheurs ne vont-ils pas disparaître comme les bouilleurs de cru ? », interroge le vizir. Jean-Pierre Giran, rapporteur de la loi sur les parcs nationaux votée en 2006, se veut rassurant : « Il y aura un droit à l’antériorité. Si un fils va pêcher avec son père, il pourra s’en prévaloir. » Le premier adjoint reste sceptique. Conclusion taquine d’Alain Borello (conseiller socialiste) : « On demandera à Sarko de trancher ! » Le public apprécie bruyamment.

17h07 « Ouvrez à monsieur Giran ! », tonne à l’attention de l’opposition Gérard Daziano, adjoint aux grands travaux. Refus catégorique et malicieux d’Alain Jaubert : « Moi je n’y vais pas, après on va dire que je lui ai ouvert la porte de la mairie ! » Nouvelle franche rigolade de la salle. Dans les minutes qui suivent, les deux élus multiplient leurs badineries.

17h12 Départ de Jean-Pierre Giran pour cause de rendez-vous avec Hubert Falco, sénateur-maire UMP de Toulon, venu soutenir sa liste.

17h30 Alors que Laurent Bories, jeune conseiller délégué au sport et à la police municipale (sic), se félicite d’avoir l’honneur de la dernière délibération de la mandature, Alain Joubert, désormais intenable, le coupe sans ménagement : « Profite ! On s’en balance ! » Surenchère de son complice Borello : « Moi, c’est la dernière sûre, toi, il y a beaucoup de chance ! »

17h36 « Mme Belleoud, nous vous souhaitons une bonne retraite, et par la même occasion, un bon rétablissement au maire », lance Francis Roux à la déléguée au logement qui vient d’annoncer son retrait de la vie politique. Et de conclure, à l’attention des élus : « Je veux vous remercier pour ce conseil municipal sympathique et, malgré quelques empoignades, courtois. » Si « courtois » et « sympathique » que Marie-Christine Hamel et Sylviane Belleoud s’invectivent encore vivement alors que la salle se vide…

Jean-François Poupelin

1. Léopold Ritondale n’aura pas eu à supporter la vue d’un autre maire à sa place. Il est décédé le 21 février.

PAN SUR LES DOIGTS

Le mois dernier, le Ravi annonçait, dans son compte-rendu du conseil municipal de Vitrolles, la retraite politique de Pascale Morbelli, adjointe à la politique de la ville. Grossière erreur, a grondé une lectrice avisée ! C’est en effet Marie-Hélène Bacci, adjointe à la culture, qui a décidé de mettre fin à sa carrière publique. L’indélicat grand reporter n’a, lui, pas fini de travailler pour rattraper ses bévues !

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