Mes chers voisins : Michèle Tabarot, Henri Leroy

mai 2008
Au lieu de s'unir pour créer une communauté d'agglomération, les maires de Cannes, du Cannet et de Mandelieu-la-Napoule se livrent à une guerre permanente. Portraits de ces élus très particuliers.

Michèle Tabarot, Fille de

Avoir un père ancien boxeur et ancien chef de l’Organisation armée secrète, à Oran, ça forge le caractère et les idées. Michèle Tabarot, député-maire UMP du Cannet a les deux, et plutôt blindés. Concernant le caractère, ses opposants sont unanimes : l’autoritarisme prime. Inflexible et jalouse de son pouvoir jusqu’au bout des talons aiguilles. « La manière dont Mme la Maire conduit la gestion de la ville constitue un déni permanent de démocratie. Le conseil municipal n’est réuni que quatre fois par an et notre temps de parole est compté avec une parcimonie indigne d’une véritable démocratie », témoigne José Garcia Abia, opposant socialiste (L’Express du 01/11/07). Un physique qui rappelle Marine Le Pen, cette blonde aux yeux bleus de 45 ans assume des idées que ne renierait pas son sosie. Au niveau local, un seul mot d’ordre : la sécurité. Cette fervente catholique a multiplié les policiers municipaux depuis sa première élection au Cannet en 1995 : dirigés par un Pied-Noir, ils sont aujourd’hui 88. « Un quasi-record pour une ville de 43 000 habitants », note L’Express. « Une bonne partie sont des cow-boys et des adeptes de la violence », assure de son côté Henri Rossi, ancien premier secrétaire de la fédération PS des Alpes-Maritimes et militant à la LDH Cannes-Grasse. Au niveau national, ce sont les préceptes de son père, patriarche omniprésent, notamment en période électorale, qu’elle plaide : inscrite dans le groupe d’étude parlementaire sur les rapatriés, Michèle Tabarot a défendu en 2004 la cause des anciens membres de l’OAS afin qu’ils récupèrent des points de retraite perdus durant leurs années de clandestinité et d’exil. Sans surprise, la député-maire du Cannet a également été une des plus virulentes partisanes de la loi du 23 février 2005 sur le « rôle positif » de la colonisation. Mais cette dame de fer a aussi un c?ur : elle voue une bonne partie de son activité parlementaire à faire évoluer les lois sur l’adoption. C’est sans doute pourquoi elle recycle dans sa mairie nombre d’anciens sportifs de haut niveau. 11rv52fathy_voisins.jpg Henri Leroy, Le second couteau

Il en avait rêvé, Nicolas Sarkozy l’a ramené à la réalité. Malgré le vote des militants UMP de la 8e circonscription des Alpes-Maritimes en sa faveur, aiguillé par le clan Tabarot, qui règne en maître sur l’ouest du département, Henri Leroy, maire UMP de Mandelieu-la-Napoule et protégé de ces nostalgiques de l’Algérie française, n’a pu recevoir l’investiture de son parti pour les dernières législatives. Résultat : une défaite et une grosse désillusion pour les Tabarot, qui rêvent de prendre Cannes et ses royalties au député-maire UMP Bernard Brochand. Réélu haut la main en mars (55 % au premier tour), cette fois avec l’investiture UMP, Henri Leroy, également conseiller général, reste donc un obscur élu de proximité. Le maire de Mandelieu partage le même goût de la démocratie que sa collègue du Cannet : il vient de faire voter un règlement intérieur limitant les interventions de ses opposants à deux minutes. Sans compter une morale tout aussi réac : en 2000, il a décidé d’interdire le renouvellement des Hot d’Or, l’équivalent du festival de Cannes pour le porno, sur ses terres.

Mais Henri Leroy a aussi son jardin secret : l’utilisation toute personnelle de son pouvoir. le Ravi rappelait dans son dernier numéro que le maire de Mandelieu a été pris la main dans le sac dans une affaire de contrats passés sans publicité ni appel d’offre (93 748 euros) pour l’organisation de ses v?ux 2007. Affaire portée devant le procureur par Bernard David, opposant DVD, qui assure en avoir déposé trois autres : pour atteinte aux libertés publiques et constitution concomitante d’un fichier informatisé d’électeurs, détournement des fonds publics à des fins politiques et emploi fictif/complicité d’abus de biens sociaux, abus de confiance et financement occulte des partis politiques. Finalement, peut-être qu’Henri Leroy va finir par s’offrir une reconnaissance nationale…

J-F.P.

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