Pour quelques dollars de plus

décembre 2007
Au printemps, Eurocopter se portait comme un charme. Aujourd'hui, c'est très officiellement la « cata » par manque de rentabilité. La CFDT s'inquiète.

« Eurocopter devrait doubler ses marges bénéficiaires en trois ans. » Et arriver « enfin » à 9 % de rentabilité. La bonne nouvelle a été annoncée depuis les Etats-Unis par Louis Gallois, PDG d’EADS, maison mère de l’hélicoptériste le 12 novembre dernier (1). Pourtant, le plan Vital, lancé en 2006, annonçait déjà ce taux pour… 2008 grâce à une refonte de l’organisation du travail qui instaure les contrats de projet et d’objectif par salarié. Depuis, ces derniers ont largement eu l’occasion d’y goûter. « On est toujours sur l’objectif de multiplier par deux le chiffre d’affaire d’ici la fin de l’année, il y a toujours autant d’intérimaires [NDLR : autour de 900], on devrait atteindre 700 embauches cette année, les heures supplémentaires explosent et de plus en plus de salariés viennent travailler le vendredi », explique Didier Hacquart, responsable cadre à la CFDT de Marignane (environ 7 000 employés, le plus gros employeur privé de la région). Au point que la CGC s’inquiète : « Au 31 octobre, plus de 170 salariés ont dépassé leur quota annuel de 175 h supplémentaires. »

Confronté au même problème d’industrialisation de son NH90 qu’Airbus pour son A380, le leader mondial du secteur a provisionné 105 millions d’euros pour prendre en compte les retards. Autant de moins dans les profits et une grosse source d’angoisse pour le syndicat réformiste. A force de ne pas atteindre ses 10 % de rentabilité, la CFDT se demande si Eurocopter ne va pas goûter à son tour à un ersatz de plan Power 8. « On travaille aussi bien, mais on nous dit qu’à cause de la parité euro-dollar on est moins rentable », se désole José Garcia, secrétaire de la section syndicale. Et Didier Hacquart de compléter : « Les compensations en termes de création d’emploi pour les clients, traditionnelles dans l’hélicoptère, sont aujourd’hui plus floues. Alors que l’entretien était la norme, la fabrication est de plus en plus présente, et comme les contrats se signent avec des pays de la zone dollar, tels que le Mexique, on commence à se demander si ce ne sont pas des délocalisations déguisées. » Dans la même logique qu’Airbus, Eurocopter commence également à regrouper des activités de ses différents sites européens (comptabilité, informatique…).

Fin octobre, la CFDT a été reçue à Bercy, à Matignon et à l’Elysée, pour faire part de ses inquiétudes (2). Vu les déclarations de Louis Gallois depuis, il va peut-être falloir que ses émissaires remontent rapidement à Paris.

J.-F. P.

(1) AFP.

(2) Mais le syndicat attend toujours d’être reçu au Conseil général des Bouches-du-Rhône et à la Région. JUIN 2007. le Ravi n°42 : enquête « Eurocopter mitraille ses salariés ». Page 5.

Imprimer