Des élections locales très politiques

février 2008
Le PS espère se refaire une santé lors des municipales mais ses élus n'osent pas toujours revendiquer leur appartenance. Les maires sortants UMP rechignent souvent à assumer leur affiliation à Nicolas Sarkozy. Mais personne n'échappe à la politisation du scrutin.

Cachez cette politique que je ne saurais voir ! Monsieur le maire et Monsieur l’opposant en chef, Tartuffes des temps modernes, ne jurent que par la proximité, par les vertus d’une campagne de terrain, par le caractère strictement local et apolitique d’une élection municipale. François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste, a mis les pieds dans le plat en déclarant cet été : « En mars, Sarkozy sera candidat dans toutes les mairies de France ». Lequel, bien entendu, n’a rien trouvé de mieux que de surenchérir, début janvier, lors de ses v?ux à la presse : « Je m’engagerai car le concept même d’élections dépolitisées est absurde. » Mais quinze jours plus tard et quelques mauvais sondages aidant, le compagnon de Clara a freiné des quatre fers lors d’un déplacement à Pau : « je n’ai pas à me mêler de la campagne municipale ». 09rv49charmag_ps1.jpg De la gauche à l’extrême droite, en passant par le Modem, tous les candidats qui affrontent, en Paca, des élus affiliés à la majorité présidentielle rêvent, bien entendu, d’un vote sanction contre Nicolas Sarkozy. « L’UMP voulait politiser le scrutin, nous on dit : chiche !, s’enthousiasme Paul Cuturello, conseiller général des Alpes Maritimes. Les Niçois ont un ministre- candidat avec Christian Estrosi. Ils peuvent lui donner un avertissement sérieux. » Un effet « anti-Sarko » sur lequel Robert Injey, secrétaire fédéral communiste des Alpes-Maritimes, ne compte qu’à la marge : « Dans les petites communes et les villages, l’influence du national est négligeable. Par contre, dans les grandes villes du littoral, l’élection sera plus politisée mais l’abstention aussi plus forte. Cette dernière sera peut-être, hélas, le véritable vote sanction. » 09rv49charma_ps2.jpg L’attitude concernant la politisation du scrutin varie sensiblement selon la donne… politique. A Toulon, le maire Hubert Falco, secrétaire national et président départemental de l’UMP, range soigneusement son drapeau dans sa poche. « Nous sentons, un peu partout, monter une hostilité contre Sarkozy, se réjouit Robert Alfonsi, tête de liste du PS à Toulon. Est-ce que cela va déboucher sur un vote en notre faveur ? Nous allons, en tout cas, essayer de faire le lien entre le maire et l’UMP. » Christian Chesneau, conseiller régional, qui conduira une liste écologiste dans la ville-centre varoise, veut lui aussi, parler politique : « l’objectif n’est pas de repeindre les trottoirs en vert. Les municipales comportent évidemment des enjeux à répercussion nationale. » Un débat d’idées qui n’effraye pas toujours à droite. Le secrétaire général de l’UMP varois, Jean-Pierre Giran, député et candidat à Hyères, juge « intéressante » la politisation : « Le président a tellement été plébiscité dans le département que je n’ai pas d’inquiétude, les électeurs iront à l’essentiel. »

Les 56 % que Sarkozy a obtenu à Marseille, lors des présidentielles, ne grisent pas pour autant Jean-Claude Gaudin. « Les sondages montrent que l’immense majorité des Français préfèrent que l’on parle des dossiers locaux », souligne le sénateur-maire. S’il n’est pas hostile à une visite de Sarkozy, d’ici le scrutin, le vice-président de l’UMP prend soin de rappeler qu’il n’a « rien demandé ». « Jean-Claude Gaudin sait que Marseille n’aime pas être de la même couleur que Paris. Ce n’est donc pas un atout pour le maire d’avoir la même appartenance politique que le gouvernement. Il cherche donc à dénationaliser le scrutin », analyse Jean Viard, le sociologue engagé au côté de Jean-Noël Guérini, le principal rival de Gaudin. Lequel ne revendique que rarement son appartenance au PS, dont il est, pourtant, membre du bureau national. « Nous ne voulons pas nationaliser cette campagne mais si les marseillais veulent sanctionner le maire sortant, numéro 2 de l’UMP, ce n’est pas contre nous qu’ils voteront », explique Eugène Caselli, 1er secrétaire fédéral socialiste des Bouches-du-Rhône. Traduction de Jean Viard : « Marseille a besoin d’être reprise en main par un rassemblement large. Cela oblige Jean-Noël Guérini à être prudent. »

Porter une étiquette politique, ce n’est donc pas toujours simple. « Dans le Var, se déclarer socialiste est presque un inconvénient. Cela réduit aussitôt notre base électorale, explique avec franchise Christian Martin, qui tente de reconquérir Draguignan dont il a déjà été le maire. Et puis, il y a la presse. Dans les pages locales de Var Matin, les candidats de droite sont présentés, a priori, comme neutres et les personnalités de gauche comme de vilains politiciens. » Même pour ceux qui disent le désirer ardemment, échapper à la politisation demeure un rêve inaccessible. Catherine Levraud, conseillère régionale en rupture avec les Verts, « lassée par les querelles d’appareil », a souhaité se présenter aux municipales à Arles. « J’étais bien sans étiquette. Cela indiffère la plupart des habitants. Mais les militants, les élus, les médias, ont besoin de clarification. Si l’on n’entre dans aucun tiroir, cela ne va pas. ». Elle a donc choisi d’adhérer au Modem. In fine, pas sûr que cela clarifie grand chose !

Michel Gairaud

AU SOMMAIRE

– PCF : Lutte finale – Gauche alternative. : En route pour la joie… – Ni Ni : Appellations d’origine non contrôlées – UMP : Ne pas perdre… une miette – PS : La rose veut retrouver du piquant – MODEM : Du nouveau avec l’ancien – VERTS : L’union faute de mieux – FN : Travail, famille, pastis

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