En route pour la joie (future)

février 2008
GAUCHE ALTERNATIVE. L'extrême gauche régionale suit elle aussi la grande mode du moment : la recomposition politique. Et tente, sans vraiment y parvenir, de se rassembler.

Lutte ouvrière restera toujours une énigme. Jamais avare de critiques à l’égard du PS, la formation a choisi pour ses municipales de rechercher des alliances avec… les sociaux traîtres. « La règle, c’est de commencer les discussions avec le PC, puis de voir avec le PS s’il est moteur de liste. Dans un contexte où le patronat se permet tout, soutenu par le gouvernement, nous ne voulons pas nuire à la gauche. Nous ne sommes pas non plus contre des tribunes pour expliquer nos objectifs de lutte », explique Isabelle Bonnet, porte-parole régionale de la formation d’Arlette Laguiller. Les résultats sont pour l’instant mitigés : seuls le maire PCF d’Arles (13) et la liste PC-dissidents PS à la Ciotat (13) ont aujourd’hui ouvert leurs portes à LO. L’unique sortant de Lutte ouvrière, à Carros (06), hésite encore entre la liste PS et celle du PC et des Alternatifs, alors qu’à Marseille, Nice et Toulon les discussions se poursuivent.

Le cas de figure d’Aubagne (13) est rarissime : du PS à la LCR, tous se retrouvent dès le 1er tour derrière le maire sortant communiste. Dans quelques villes comme La Trinité (06), Miramas (13) et Aix-en-Provence (13), débarrassés de la LCR, les « Alternatifs » et ce qui reste des « collectifs » (« bovétistes »…) partent avec les socialistes avec de vraies garanties d’avoir des mandats. « A Aix, nous avons négocié six élus en cas de victoire et un en cas de défaite », annonce Rémy Jean, ancien LCR qui fut porte-parole national de José Bové lors des présidentielles. Nous avons fait campagne ensemble pour le « non » en 2005, le programme a été élaboré en commun et les socialistes ne composent que la moitié de la liste. En outre, Alexandre Medvedowsky a tiré la leçon de l’époque Picheral (Ndlr, maire socialiste de 1989 à 2001), il ouvre à gauche plutôt qu’à droite. » La large union MoDem/Verts-dissidents/UMP derrière François-Xavier de Peretti et la candidature divers gauche du socialiste Michel Pezet ne laissaient pas non plus beaucoup d’espace au PS…

« Avoir des élus est important pour soutenir le mouvement social et faire avancer les politiques publiques, l’écologie, etc. Mais pas à n’importe quel prix », tacle Bruno Della Sudda, qui conduit la liste Nice citoyenne et alter-mondialiste. Il lorgne en direction des communistes azuréens. Malgré le risque fort de perdre ses trois sièges conquis en 2001 sur une liste gauche plurielle, le chef de file local des Alternatifs a préféré cette fois ignorer l’alliance PS-PC-Verts de Patrick Allemand. Pour cause de divisions socialistes, mais aussi pour « faire s’exprimer une alternative à gauche ». Il espère dépasser les 5 %. La mise en veilleuse des dissensions nées de l’échec de la candidature unitaire a en effet permis de reparler cuisine gauchiste. Des listes unies sont ainsi également nées à Antibes, Arles ou encore Martigues. Selon les circonstances, le PC s’y est même parfois mêlé (Toulon, Grasses (06), Cannes (06)). 11rv49fathy_crottes.jpg « On ne solde pas les divergences passées, car elles sont lourdes, mais c’est spectaculaire qu’on ait pu les dépasser si rapidement », se réjouit Samuel Joshua, porte-parole régional de la LCR, tout aussi satisfait de multiplier par deux ses candidats en Paca par rapport à 2001. Il conduit la liste « Marseille attaque à gauche » qui fédère des « collectifs », et divers alternatifs et compte aussi dépasser les 5 %… Après avoir envisagé un accord technique avec Jean-Noël Guérini, Samuel Joshua est aujourd’hui plus mesuré : « Même si je ne confonds pas Guérini et Gaudin, il est difficile d’envisager la Ligue,le MoDem et un pasquaien sur les mêmes affiches. »

J-F. P.

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