Vivement la guerre !

juin 2008
Antimilitaristes

Si l’armée se porte toujours bien en Paca, l’antimilitarisme y est comme ailleurs moribond depuis la fin de la conscription. 009rv53moix_armee.jpg Dernier vestige régional de l’opposition à l’armée, longtemps portée par les objecteurs de conscience d’Avignon et de Marseille : le Rire, association éditrice du mensuel de critique sociale CQFD. Jusqu’au tournant du siècle, elle rassemblait un réseau de réfractaires et publiait un bimestriel du même nom. Sont toujours debout les monuments aux morts pacifistes de Clans et Peille (06), Château-Arnoux (04) et Mazaugues (83). Construit dans les années 30, à l’âge d’or d’un mouvement qui s’essouffle à la fin des guerres d’Algérie et du Vietnam, celui du petit village du Var affiche ostensiblement : « L’humanité est maudite si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement. » Une citation de Jean Jaurès curieusement oubliée par Nicolas Sarkozy dans ses discours…

« A Marseille, à l’image des radicaux et des libertaires depuis l’apparition du statut d’objecteur en 1983, nous critiquions l’auto-centrage de l’antimilitarisme sur la lutte contre la conscription et posions les questions de son élargissement et de son avenir. L’objectif était quand même de combattre l’institution militaire », raconte Georges Broussaille (1), un des fondateurs du Rire en 1994, aujourd’hui membre de CQFD. Mais la fin de la conscription en 1997 a sonné celle du mouvement. Pourtant, avec un pays dans les tous premiers exportateurs mondiaux d’armes et dans la région la plus militarisée de France, on pensait avoir du biscuit ! » Porté autrefois par d’anciens déserteurs passés par la case exil ou prison, la critique de l’institution militaire fait moins recette. Faute de nouvelles troupes d’objecteurs, les militants, déjà peu nombreux, désertent. Le salon international de la défense Eurosatory, qui a lieu tous les deux ans à Paris (2), a focalisé, un temps, l’action des antimilitaristes. Les conflits, les ventes d’armes, le problème des enfants soldats sont désormais au centre des préoccupations de l’Union pacifiste, du Mouvement de la paix ou de Comaguerre.

Sans beaucoup de succès. Depuis la décision des Américains d’envahir l’Irak, en 2003, les mobilisations sont faibles. « Le mythe de l’armée du peuple, révolutionnaire, est toujours très présent, y compris dans les milieux de gauche. Et les gens ont déjà assez à faire avec la politique intérieure », constate Georges Brousaille. Finalement, pour faire renaître l’antimilitarisme, une bonne guerre ne serait pas de trop…

J-F. P.

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