« Y’a plus rien dans les caisses »

décembre 2008
Entretien fictif - mais la réalité dépasse souvent la fiction - avec Jean-Claude Gaudin, « parrain » politique de Charles Milhaud, ancien président des Caisses d'Epargne, débarqué de la banque suite aux facéties d'un trader.

Accoudé à l’ouverture de la porte du bureau de Charles Milhaud, Jean-Claude Gaudin regarde d’un ?il bienveillant son conseiller municipal, délégué aux relations économiques internationales, se débattre à quatre pattes avec un meuble Ikéa.

Vous avez l’air ému ?

Vé, on est début novembre et Charles Milhaud, élu en mars, n’avait pas encore mis les pieds ici ! Et avec les finances de la ville, qui sont plutôt des dettes, mon ami le banquier il va enfin pouvoir nous être utile !

Ça ne vous fait pas peur le trou de 750 millions d’euros qu’il a laissé aux Caisses d’Epargne ?

Non, « c’est une affaire professionnelle qui n’est en rien liée à Marseille, sa fonction professionnelle n’a jamais eu d’influence dans notre ville » (1). Même si je ne peux pas trop cacher qu’en tant que président de l’Ecureuil, il avait quelques intérêts dans le logement social, la Sogima qu’il détenait à 45 %, et la construction de la ville, le promoteur Nexity. Sans parler de son poids dans La Chaîne Marseille, de mon autre ami Jean-Pierre Foucault, et à La Provence, mon organe de presse que m’a offert Hersant.

Qu’attendez-vous de lui alors ?

Faire pire que nos 1,5 milliards d’euros de dettes, ça va pas être facile ! Y’a plus rien dans les caisses pour les voyages des relations économiques internationales. Je ne peux pas non plus lui refiler mon « 2013 » que j’ai déjà donné à mon Renaud. C’est un problème… Mais je crois qu’il va d’abord falloir être gentil avec lui. Coincé sous son bureau retourné, des clés alênes dans les oreilles, Charles Milhaud hurle soudain : « Je ne demande aucune indemnité, ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un homme d’argent ! » (2).

Propos presque recueillis par Georges A.

Imprimer