Plus on trinque, plus ils trinquent

décembre 2008
Pernod-Ricard pète la forme. Car santé économique ne rime pas forcément avec santé publique.

Malgré 70 % de dévaluation de son action depuis le début de l’année, Pernod-Ricard ne titube pas. Les fêtes arrivant, la société créée en 1932 par l’inventeur du pastis, le marseillais Paul Ricard, a peu de chance de vaciller. Mieux, ses dirigeant ont sabré le champagne au plus fort de la crise, comme s’en réjouit Le Figaro dans son édition du 31 octobre : « Pernod-Ricard enregistre un bon mois de septembre partout dans le monde, y compris aux Etats-Unis, grâce aux bonnes ventes de Jameson, Glenlivet, et Wild Turkey. »

Tendance confirmée cinq jours plus tard, par Pierre Ringuet, nouveau directeur du 2ème groupe mondial de spiritueux, une coupe à la main, dans les mêmes colonnes du quotidien de Serge Dassault : « Depuis le premier janvier et l’interdiction de fumer dans les lieux publics, la consommation dans les bars, les clubs et les restaurants a chuté d’au moins 10 % en France […], une tendance que nous observons dans de nombreux pays occidentaux. Mais en compensation, les amateurs de spiritueux consomment plus à domicile […] Par ailleurs, nous n’observons aucune tendance à consommer des alcools moins chers, malgré la crise. » Et d’envisager une croissance de 8 % au lieu des 7 % initialement espérés.

L’avantage du dealer. Comme l’explique un sociologue spécialisé dans les dépendances, un peu trop proche de l’Institut de recherche sur la boisson, financé… par Pernod-Ricard, pour témoigner à visage découvert : « L’alcool est la drogue la plus dure et c’est le meilleur tranquillisant qui soit. » Et de conclure, un rien lapidaire : « Quand les gens ont faim, ils boivent. » Ça s’arrose !

J-F. P.

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