Saint-Laurent-du-Var : Conseil municipal du 25 juin 2009

juillet 2009
Tous les mois, un grand reporter du Ravi « teste » incognito un conseil municipal dans une ville ou un village de notre belle région...

« Y’a eu des insultes, mais bon… »

20h27 Si le style c’est l’homme, la mairie de Saint-Laurent-du-Var en dit beaucoup sur Henri Revel, son locataire UMP depuis 1995. Elle a tout de la villa néo-classique tendance Hollywood, genre mégalo…

20h29 Costard-cravate sombre, chemise claire, crâne légèrement dégarni, lunettes discrètes et air jovial, le maire, qui trône au centre de l’estrade entouré de ses adjoints, ouvre la séance d’un sobre : « Mesdames, messieurs, bonsoir. »

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20h34 Le conseil ne s’embarrasse pas de salamalecs : les hostilités sont lancées dès le vote du compte-rendu du dernier conseil municipal. La gauche et Claire Pauget, une blonde entre deux âges conseillère d’opposition DVD en dissidence, refuse de l’approuver au motif que les débats sur les difficultés financières de l’Association de gestion et d’animation sportive et socioculturelle (Agasc) y sont trop peu relatés. Sortie il y a deux mois, l’affaire a été l’occasion de deux séances houleuses. Pour cause ! D’un côté, elle implique, la compagne d’Henri Revel et la femme de son premier adjoint. De l’autre, elle mêle Michel et Danielle Hébert, respectivement président de la structure et directrice de cabinet du maire, démissionnaires depuis peu. Ces deux derniers, pour couronner le tout, sont futurs beau-père et belle-mère de Myriam Houam, jeune conseillère de la majorité entrée en dissidence et à l’origine de l’affaire !

20h37 Visage rond, physique de pilier, attifé d’un large t-shirt bleu, Marc Orsatti, président du PS local, se lève et gronde : « On ne se laissera pas faire ! » La température monte, premiers colibets inaudibles de la majorité et d’une partie du public. Le socialiste insiste : « Vous faites les beaux parce que vous êtes les plus nombreux ! » Commentaire de mon voisin de droite : « C’est du niveau maternelle… »

20h39 Malgré les appels à la « dignité » et à l’arrêt des « injures » et « vociférations » de Robert Rolland, élu DVD, Henri Revel conclut le premier round menaçant : « Je vais m’en tenir à l’ordre du jour, mais si les socialistes veulent s’amuser, je sais aussi faire. » Et de balayer : « Au dernier conseil y’a eu des insultes, mais bon… »

20h40 Le maire attaque l’ordre du jour totalement décomplexé : « Vote du rapport administratif. Il va y avoir un one man show de monsieur Manenti [adjoint aux finances, Ndlr]. »

20h45 Henri Revel fait tourner un stylo entre ses lèvres.

20h49 Henri Revel mâchouille frénétiquement le capuchon de son stylo.

20h54 Henri Revel quitte la séance pour le vote.

21h02 De retour, le maire se félicite : « Contrairement à ce qu’on dit, la santé de la commune est bonne, sa gestion est saine. En quatre ans, il y a eu 25 millions d’euros d’investissements malgré 16 % de baisse d’impôts. » Applaudissements polis. Grognement de mon voisin de droite (mais de gauche ?) : « C’est faux ! Je vais lui montrer les chiffres ! »

21h18 Malgré l’ambiance délétère, l’ordre du jour défile. Nouvelle unanimité à la délibération 19. Commentaire goguenard de Gérard Bertany : « Ça fait plusieurs de suite. Vous pouvez le signaler dans Nice Matin ! »

21h22 Gros moment de solitude de Marc Orsatti. A l’annonce de la victoire aux Championnats du monde de judo senior d’un sportif local, le socialiste propose : « Il faudrait lui rendre honneur. » Henri Revel, éternel : « C’est fait. » L’élu de gauche, désespéré : « On n’a pas été invité ? »

21h30 Marie-France Corvest, adjointe au tourisme et aux festivités, une Juliette Lewis en plus âgée et plus vulgaire, conclut l’ordre du jour en lançant un sourire carnassier à Henri Revel.

21h32 Questions orales, second round. Christine Boiron, colistière de Marc Orsatti, attaque bille en tête sur l’Agasc : « Monsieur le maire, c’est de votre devoir de déterminer les responsabilités dans ce fiasco financier. » Applaudissements dans ses rangs, « Ohhh ! » indignés dans une partie du public. Réponse instantanée et arrogante d’Henri Revel : « Vous avez un os à ronger ! C’est un régal pour moi de voir votre haine, votre méchanceté et votre acharnement ! Vous n’êtes pas les seuls, certains ont porté plainte auprès du procureur et de la Chambre régionale des comptes ! » Et de conclure : « S’il y avait une guerre aujourd’hui, ce serait terrible pour la France ! »

21h37 Alain Manenti enchaîne immédiatement : « J’aimerais bien que Nice Matin me fasse une interview, car j’ai eu une discussion avec Michel Hébert. Aujourd’hui, je suis en mesure de faire des déclarations. » Christine Baroin piaffe d’impatience, les élus de la majorité l’invectivent, Marc Orsatti s’enflamme, Henri Revel fulmine : « Nice matin est le champion des Hébert ! C’est le jeu des 7 familles : le père, la mère… » La droite décomplexée : le 16 juin, le quotidien d’Hersant lui a largement ouvert ses colonnes. Notre confrère est tête baissée depuis de longues minutes. Les révélations, elles, attendront.

21h42 Pause. Joseph Ségura, leader de l’opposition DVD quadra et bronzé, et auteur de la plainte déposée à la CRC, interpelle le maire sur l’insécurité dans le quartier « sensible » du Point du jour. Réponse évasive d’Henri Revel, ponctuée d’une considération très personnelle : « Je pense que notre pays a un gros problème : les Roumains sont en train de mettre la main dessus ! » L’organisation à Saint-Laurent-du-Var, en février 2006, de la manifestation de soutien à la loi sur le rôle positif de la colonisation n’était donc pas un hasard…

21h50 Myriam Houam relance les hostilités. « Je suis désolée qu’on ait dit que j’ai mis le feu aux poudres », s’excuse la jeune élue, avant d’interroger le maire : « Dans Nice Matin, vous annoncez que vous avez des éléments. Lesquels ? » Le conseiller général tacle : « Demandez à votre beau-père. » La dissidente insiste. Henri Revel : « J’ai pas envie ! » La jeune femme change de sujet, la majorité refuse de répondre, nouvelle cacophonie.

22h00 Difficile de suivre les débats : désormais, tout est matière à sarcasme et règlement de compte.

22h05 Moment d’anthologie. Cinquième question de Marc Orsatti : retour à l’Agasc dans une ambiance de plus en plus hostile pour l’élu de gauche. Henri Revel : « Monsieur Orsatti, vous pouvez vous regarder dans la glace le matin ? » Marc Orsatti : « Je ne suis pas le seul ! » Henri Revel : « Je me régale ! » Marc Orsatti : « Je me régale aussi ! » Henri Revel : « Je me régale vraiment ! » Marc Orsatti : « Moi aussi, je me régale ! » Histoire sans fin…

22h11 Coup de sang de Claire Pauget. « Quand les gloussements et ricanements cesseront, le conseil se portera mieux ! », explose la DVD dissidente en pointant une blonde et une brune, la quarantaine bronzée, de la majorité.

22h17 Léopold Mayen arme : « Monsieur Orsatti, vous parlez d’une trahison d’Henri Revel à l’encontre de Marc Moschetti [ancien maire décédé en mai, Ndlr] en 1995 dans votre tribune du dernier journal municipal. Je vous rappelle qu’en 2001 vous avez voulu être calife à la place du calife, pour être là, à votre place ! Vous êtes Brutus, Crésus ! » « Gloussements », « vociférations. » « Il y a eu un vote interne », se défend le socialiste. « Un vote truqué ! », tacle un retraité dans le public.

22h22 Explosion finale d’Henri Revel, le doigt pointé vers son opposant socialiste : « Si il y a quelque chose qu’on ne peut pas me reprocher, c’est ma franchise ! Et je vous le dis en vous regardant dans les yeux ! » Et de conclure : « Sur ce, bonne nuit ! »

20h23 Les Laurentins semblent apprécier ces chamailleries : aucun des quelques 80 présents (maximum autorisé) n’a quitté son siège avant la fin du conseil.

Jean-François Poupelin

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