Les képis chauffent

juin 2010
Les policiers municipaux de la région en ont ras le képi. Trop de taf et pas assez d'oseille. Les voilà qui traînent les pieds, se mettent en grève et manifestent. Mais que fait la police ?

Dans la vie, Olivier Alessandrini, est ce qu’on appelle un policier municipal. Calme et attentif aux heurs et malheurs de ses concitoyens, il ne regrette pas son choix professionnel. Même s’il a le sentiment que lui et ses collègues, sont trop souvent considérés comme des « sous policiers ». Dans le viseur de l’employé communal, également responsable de l’Union syndicale professionnelle des policiers municipaux (USPPM) dans le Vaucluse : « la surcharge de travail, due à l’octroi de prérogatives nouvelles ».

Les 20.000 pandores municipaux, répartis dans 3 300 communes, ont pour missions principales de faire de l’îlotage, d’assurer les sorties d’école, la police des marchés et de faire respecter le stationnement. Selon eux, la faiblesse des effectifs de la police nationale et la montée de la délinquance les obligent à assurer de plus en plus de maintient de l’ordre. S’ils ne peuvent procéder à des contrôles d’identité, ils ont le pouvoir d’interpeller en flagrant délit l’auteur d’un crime ou d’un délit pour le remettre à la police. « Nous avons les mêmes prérogatives, que la police nationale, sauf les gardes à vue, et les dépôts de plainte, qui ne sont pas de notre ressort, explique, énervé, Olivier Alessandrini. C’est pour ça qu’on revendique les mêmes droits et avantages sociaux que les policiers nationaux, on touche 300 euros de moins qu’un policier national, manque de s’étrangler l’impétueux syndicaliste. On nous demande de travailler plus, d’en faire plus, alors nous voulons gagner plus, c‘est normal non ? »

dessin_manif_poloice_municipale_numero_71.jpg

Conséquence de ce ras- le-képi : depuis le 17 décembre, dans la plupart des villes de la région, les papillons se font plus rares. « Les syndicats ont donné pour consigne aux policiers municipaux de plus regarder leurs chaussures et moins les pare-brises », confie, taquin, Patrick Léger, conseiller juridique du Syndicat national des policiers municipaux (SNPM). Autre sujet de grogne : la revalorisation des grilles de salaires, la bonification d’une annuité tous les 5 ans « pour éviter de voir des policiers de 65 ans sur la voie publique », l’intégration de l’ensemble des primes pour le calcul des droits à la retraite… Et pour lester ces revendications, une manifestation nationale a été organisée le 4 février avec grève à l’ appui.

En attendant des jours meilleurs, le SNPM (syndicat majoritaire) se charge de pommader le vague à l’âme de ses adhérents. « Nos gars sont aussi bien formés que ceux de la police nationale. Et pourtant à la retraite, un policier municipal touche 940 euros contre 1600 euros pour un policier national, c’est scandaleux », s’indigne Patrick Léger. Sauf que le niveau de recrutement est différent : BEPC ou CAP pour la municipale contre baccalauréat pour la nationale ! « La solution, poursuit Patrick Léger, serait que l’Etat nous octroie un statut dérogatoire, comme les pompiers, pour devenir une police départementalisée. Mais le gouvernement ne veut pas légiférer. Il a trop peur d’imposer une décision aux maires qui sont souvent aussi députés ». En février, Brice Hortefeux va présenter sa loi d’orientation pour la sécurité dont une des mesures phares prévoit de donner des pouvoirs accrus aux polices municipales. D’où le réveil tonitruant des syndicats, histoire de faire accompagner ces nouvelles prérogatives de quelques douceurs sonnantes et trébuchantes…

Rafi Hamal

Imprimer