Tri à la traîne

juin 2010
Paca et les villes de la région sont en retard pour le tri des déchets. Un constat d'Eco-Emballages, entreprise que certains rêvent de jeter à la poubelle.

33,5 kg de déchets triés par habitant en 2008 en Paca, Corse et dans le Languedoc Roussillon contre une moyenne nationale de 44,5 kg ! Mais seulement 29,5 kg dans les villes alors qu’en zone rurale on en trie 58,5 kg. C’est le constat dressé par Eco-Emballages dans le Sud-Est. Les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et le Var sont particulièrement mauvais élèves. Ce qui présente mal lorsque le Grenelle de l’environnement fixe un objectif de 75 % d’emballages recyclés.

Personne ne remet en cause le constat de l’éco-organisme pourtant étrillé par de nombreuses associations qui s’intéressent aux déchets. Eco-emballages, créé par les industriels de la grande distribution, perçoit en effet une taxe sur chaque emballage. Soit un pactole de 420 millions d’euros reversés en grande partie aux collectivités locales selon des critères parfois contestés. « Une entreprise privée financée en grande partie par les entreprises qui font de l’emballage ! On est en droit de se poser des questions ! », grince Jean Reynaud, « ecobordillologue » indiscipliné.

« Eco-Emballages est un frein au recyclage, attaque Joëlle Boulay, élue verte à Marseille Provence Métropole (MPM), la communauté urbaine de Marseille. Avec leur méthode de collecte basée sur les particuliers, on n’atteindra jamais les niveaux que l’on trouve en Espagne, par exemple, où se pratique à grande échelle du tri industriel. C’est plus efficace mais cela a le gros inconvénient de ne pas faire vivre des groupes comme Veolia ou Suez. »

Le tri est un univers impitoyable. Fin 2009, MPM s’est encore une fois distinguée lorsqu’on s’est aperçu que, durant un mois, les déchets triés par les particuliers n’ont pas été valorisés en raison, officiellement, d’un vide juridique à l’occasion d’une passation de marché. Depuis Eugène Caselli a créé une commission « tri des déchets » fédérant gauche et droite, présidée par Jean Viard, sociologue et élu apparenté PS. Objectif fixé par le président PS de MPM : « combler le retard ».

« Travailler dans les déchets a été longtemps considéré comme sale. La culture du recyclage va en faire des métiers d’avenir, a expliqué avec lyrisme Jean Viard au Ravi, lors de la Grande Tchatche (cf page 13). A Marseille on est à 24 kg d’ordures par an et habitant alors qu’on approche 90 kg dans les villes du Nord… » Petit hic. Joëlle Boulay, l’élue verte de MPM, n’a pas été conviée dans la fameuse commission. Du tri sélectif ?

M.G.

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