Indignés ?

octobre 2011
Après le Indignez-vous ! d’Hessel, après les « Indignados » espagnols, avant l’alter G20 à Nice, où se cachent les « Indignadous » de la région ?

une_89_light.jpgUne date a été moins médiatisée que les 9 et 16 octobre, les 1er et 2e tours des primaires socialistes : le 15 octobre, « Democracia real ya ! » (« Une vraie démocratie maintenant »), a appelé à une mobilisation mondiale pour lancer une révolution démocratique générale. Rien de moins ! Ce collectif espagnol est celui qui, de mai à juin dernier, a entraîné des centaines de milliers « d’Indignados » sur les places de la péninsule. « Pacifiste et apolitique, notre mouvement demande la prise en compte des besoins sociaux et économiques des populations, la lutte contre la spéculation financière et la corruption politique, le retour à une démocratie réelle », résume le groupe marseillais des « indignés ».

Une marche est partie de Madrid, fin juillet, pour rallier Bruxelles, toujours le 15 octobre. Son passage en France a été plus que discret et accueilli par la police de manière très musclée lors de l’étape parisienne en septembre. Force est de constater que « les indignés » n’ont jusqu’ici pas fait recette dans l’Hexagone. C’est pourtant bien en France qu’un petit livre, publié le 21 octobre, il y a tout juste un an, par un tout aussi petit éditeur, s’est vendu à deux millions d’exemplaires : le fameux Indignez-vous ! de Stéphane Hessel.

Qui sont les indignés ? Des gens qui s’intéressent à nouveau à la politique mais en s’opposant le plus souvent aux partis, auxquels ils reprochent leurs responsabilités dans les dysfonctionnements de la démocratie représentative. Mais parfois aussi des militants politiques ou syndicaux qui cherchent encore dans leurs organisations respectives à réinventer les formes de l’action… Où se cachent les « Indignadous » en Provence-Alpes-Côte d’Azur ? Dans les librairies, certes, où Hessel s’est bien vendu ici comme ailleurs. Mais encore ?

Peut-être du côté du contre-sommet qui va se réunir à Nice, du 1er au 4 novembre, fédérant ceux qu’indigne l’ordre économique mondial à l’occasion de la réunion du G20 à Cannes avec les chefs d’États et de gouvernements des pays les plus riches du monde. Son mot d’ordre : « Les peuples d’abord, pas la finance ! ». On n’attend pas pour autant dans la ville de Christian Estrosi des foules déchaînées. De même que les cortèges classiques contre la politique d’austérité du gouvernement, lors de la journée d’action du 11 octobre, à l’appel d’organisations syndicales divisées, n’ont pas non plus fait le plein. Alors, vraiment indignés ?

Renouveau des luttes féministes, multiplication des collectifs expérimentant de nouvelles façons de s’organiser, souvent de manière informelle, réalisation de petites utopies aux visages divers, ils sont nombreux à réinventer la politique, sans tambour ni trompette, dans des engagements concrets. Les batailles plus classiques, celles d’ouvriers en lutte pour éviter la fermeture de leur usine, prennent aussi parfois une dimension inattendue. Les candidats des prochaines élections présidentielles et législatives seraient donc avisés de se méfier de l’eau qui dort. Sauf à se prendre dans la figure une indignation à l’Anglaise, moins souriante qu’en Espagne. Façon émeute.

R. le R.

Retrouvez le Ravi à l’alter G20 à Nice le 3 novembre avec le Fame, le Forum alternatif mondial de l’eau.

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