2013, la capitale désenchantée

décembre 2011

Jean-Luc Bennahmias, député Modem européen Sud Est

« Je serais très attentif à l’utilisation des fonds européens par Marseille-Provence 2013. Pour autant, je ne suis pas inquiet pour la capitale européenne de la culture, et pas forcément par la confiance que j’ai en l’équipe officielle. Je pense que Marseille réussira sa capitale car la ville regorge de talents et d’artistes et que tous s’approprieront à leur façon l’année. De l’extérieur, cela pourra sembler brouillon et désordonné, mais c’est justement ce qui constitue l’ADN culturel de la ville. »

Julien Blaine/Christian Poitevin, artiste, adjoint DVG à la culture sous Vigouroux de 1989 à 1995

1212gin-bottom: 0cm »>« Depuis que Gaudin est à la tête de la ville de Marseille, soit plus de 15 ans, sa politique culturelle a consisté à inaugurer des équipements culturels qui avaient été décidés sous le mandat de Robert Vigouroux : Le Musée d’art contemporain, le Préau des Accoules, la friche de la belle de Mai, la scène Nationale du Merlan et même la BMVR ont été décidés avant lui. De même, c’est sous Vigouroux que l’on a fait venir Lieux Publics dans les quartiers Nord, que le Festival du documentaire international s’est créé à Marseille, de même que le Centre de la poésie ou encore la collection d’arts africain et océanien à la Vieille Charité. Entre 1989 et 1995, le budget de la culture est passé de 4,3 à 8,3%. Mon idée, c’était de favoriser l’implantation d’artistes de France mais également de l’étranger pour dynamiser l’image de la ville qui était bien pire à la fin des années Defferre qu’aujourd’hui. Depuis, Gaudin a réussi à tout déconstruire. Il a commencé par ouvrir le budget de la culture à des manifestations qui n’en avaient pas du tout le profil comme le carnaval de Marseille ! Puis il a réorienté les masses vers les grosses structures comme l’Opéra, la Criée ou encore le Gymnase, qui reçoit la plus grosse subvention de la ville. Les petites structures que l’on avait accompagnées dans leur développement se sont alors tournées vers d’autres guichets : la Région, le Département. Du coup, il y a eu un émiettement et un système de clientélisme qui s’est mis en place et qui a complètement vidé la politique culturelle de sa force de mobilisation. 2013 est censé récupérer tout cela, mais c’est un simulacre. Tant qu’il n’y aura pas de volonté politique culturelle incarnée par une personnalité forte, rien ne pourra se passer. Tout cela parce que dans l’équipe de Gaudin, on considère que la culture, ça fait perdre des voix, contrairement aux sports ou à l’économie. Evidemment, c’est faux. Mais, même à gauche, ils n’y croient pas non plus. »

Jean-Paul Giraud, directeur de cabinet de MPM (PS)

La Provence avait évoqué une prolongation du métro et du tram jusqu’à minuit en semaine pour 2013, où en est-on ?

« On en est nulle part. Nous n’avons aucune idée de la programmation précise qui sera présentée en janvier 2012, cela n’aurait pas de sens de prendre des décisions avant. On fera naturellement ce que nous faisons déjà, c’est-à-dire prolonger les horaires selon la programmation. Mais on ne peut pas raisonner de la même façon selon que la manifestation se déroule sur le Vieux-Port ou dans les Quartiers Nord. Pour les manifestations attirant des dizaines de milliers de personnes début et fin 2013, oui, on mettra le paquet. » 

Actuellement, le métro est ouvert les soirs de match, mais pas les soirs d’opéra…

« Ce n’est pas vrai. Pour la Fiesta des Suds, on a prolongé jusqu’à 0h30, de même que pour le festival de jazz. Chaque fois que c’est justifié, on prolonge. Nous raisonnons en terme de quantité de personnes, pas de qualité artistique des spectacles. Pour l’Opéra, nous n’avons pas été saisis de demande. Nous n’allons pas non plus inventer des problèmes qui n’existent pas. »

Donc pas de prolongation des horaires jusqu’à minuit de façon générale ?

« Quand on ouvre le métro beaucoup plus tard le soir sans raisons particulières, il n’y personne dedans. Il n’y a donc pas de raison de jeter de l’argent par les fenêtres. Il faut cerner les besoins réels et non fantasmés. Le réseau marseillais est très peu dense, une grande majorité de gens prennent autre chose en descendant du métro. Si on veut ouvrir le métro jusqu’à minuit alors il faudrait faire fonctionner tout le réseau (les bus, etc.), et ce n’est pas possible. »

Et les vélos en libre service, cela ne coûterait rien de les laisser disponibles de minuit à 6 heures ?

« Si, ça coûte de l’argent. Le contrat avec Decaux est fait comme ça, et je ne suis pas sûr qu’il y ait une demande. »

Mais dans la plupart des villes, à paris par exemple, ces vélos servent justement à rentrer chez soi quand il n’y a plus de transports en commun !

« Paris n’est pas Marseille. Vu l’étendue du territoire marseillais, l’utilisation du vélo n’obéit pas aux mêmes obligations. A Paris on le prend pour des trajets relativement courts, ici c’est plus étendu. De toute façon, nous n’avons pas été saisis de demandes particulières en ce sens.

Nous allons par contre mettre en place un faisceau de stations de mobilités douces pour recharger vélos et voitures électriques. Et à partir de mars, une expérience de navette allant du Vieux-Port à la Pointe Rouge. Il y aura aussi, dans le cadre du projet Vieux-Port, une navette allant du J4 au Pharo en continu. »

Comment cela se passera pour voyager entre les villes de MP2013, faudra-t-il prendre plusieurs tickets ?

« Nous aurons la solution d’ici là, un ticket unique. Nous sommes en train de travailler là-dessus. »

Est-ce vrai que, sur le Vieux-Port, la voie propre du bus pourra être empruntée par les voitures en cas d’affluence ?

« Ça, c’est encore des visions… Le problème cité se pose sur 200 ou 300 mètres entre le cours Ballard et la place aux Huiles, nous sommes obligés de faire en sorte que les deux voies puissent être employées par les voitures, pour des impératifs de sécurité. Le principe est la séparation complète, et, en cas de pépin seulement, des voitures pourront l’emprunter. »

Les travaux de prolongation du tramway vers Castellane pile en 2013 est-ce une bonne idée ?

« Ils ne commenceront que fin 2013 et nous n’allons pas arrêter tout le centre-ville pendant un an. D’autant que ce secteur n’est pas vraiment concerné par MP2013, ce qu’on verra de plus étonnant sera la façade allant des docks au Port Saint-Jean. »

Beaucoup d’acteurs culturels sont inquiets pour 2013 et vous ?

« Je suis extrêmement confiant. Nous avons fait une réunion avec les grands financiers, tous les travaux sont à l’heure, nous sommes dans le planning. Les acteurs culturels ont tendance à se plaindre pour avoir des financements. »

Hervé Guerrera, opposition municipale Aix-en-Provence et Conseiller régional EELV

« Il y a beaucoup de choses intéressantes, comme par exemple cette réflexion sur la modernisation du carnaval, mais on retrouve une gestion à la Joissains avec des décisions en cercles fermés. Elle devait convoquer l’opposition pour une réunion sur la programmation et depuis c’est silence radio.

Il y a un manque de partage, c’est dommage. Il y a des progrès à faire sur la décentralisation et le travail collectif. Aix-en-Provence, ce n’est pas que le centre-ville. L’animation des quartiers laisse à désirer. La salle du Bois de l’Aune, par exemple, est un peu en déshérence même si le conservatoire va s’y exporter.

Et il manque une politique locale pour valoriser notre patrimoine romain et celto-ligure. Il faudrait consacrer le musée Granet à la peinture et en sortir le celto-ligure, actuellement dans la crypte afin de leur dédier un lieu. Arles a su jouer cette carte là alors que notre théâtre romain a une architecture unique au monde et qui n’a pas été modifiée par des ajouts au moyen-âge, contrairement à celui d’Arles. »

Daniel Hermann, adjoint au maire UMP de Marseille chargé de l’action culturelle

« Le Mucem sera hors d’eau fin 2011 et opérationnel au premier trimestre 2013. Le palais Longchamp sera livré fin 2012, en comptant ensuite un ou deux mois pour le dépôt des poussières. Il a fallu enlever une mezzanine et le remettre aux normes dé sécurité demandées par l’Etat. On nous met la pression surtout qu’il y a eu le vol d’un pastel de Degas au musée Cantini en décembre 2009. L’exposition Le Grand atelier du midi est une coproduction Ville de Marseille, Aix, CPA et RMN dont le coût total de 8,5 millions d’euros est partagé. Mais l’opération n’est pas encore finalisée. Il n’y a aucun problème avec le musée Granet à Aix où se déroulera le second volet, les réunions avec la RMN (Réunion des Musées Nationaux) sont permanentes, c’est vraiment une belle opération. Les politiques font du scandale pour exister, mais, derrière, Gaudin et Joissains traitent leurs affaires en commun. Avec une belle exposition comme ça, ils ne vont pas se chamailler.

A mon arrivée en 2008, le port antique était fermé et le musée d’histoire complètement obsolète et menacé de fermeture. Pour 2013 et les touristes, ça ne me paraissait pas possible ! On a fait une évaluation à 4 millions d’euros pour refaire les peintures et un minimum de muséographie. Plus de nouvelles. Un jour, on m’a dit «On rénove, on agrandit de 3000 m2 et on va injecter 32 millions d’euros». Les bras m’en sont tombés ! On va enfin avoir un musée d’histoire digne de ce nom, et même un des plus beaux musées d’histoire de France ! En plein centre-ville, sous un centre commercial qui accueille 8 millions de personnes par an et avec une flottille unique au monde. Lorsque j’ai été élu en 2008, j’ai acheté le guide vert de Marseille, comme je le fais quand je vais en vacances. Il n’y avait aucun trois étoiles à Marseille ! Si vous voulez des touristes qui restent plus qu’une journée, il faut des musées aux normes. Je pense qu’il y avait à Marseille un désintérêt total pour les musées, sauf sous Vigouroux qui a créé le musée d’art contemporain (Mac). Alors qu’on a une des plus belles collections d’art moderne au musée Cantini ! Le musée d’histoire c’est 42 000 entrées par an. Moi j’en veux 800 000, voire un million. Il y aura la flotille de bateaux antiques regardant vers le port antique, la grotte Cosquer projetée en 3D sur un dôme, les tombes de Malaval (paléochrétiennes) et un baladoir permettant de faire le tour du jardin du port antique. Ce sera une pièce maîtresse dans le dispositif des musées marseillais, qui ouvrira, si tout va bien, en avril-mai 2013.

J’ai pas mal suivi la campagne électorale du maire (en 2008), il parlait aussi de tourisme, que Marseille devait devenir une ville touristique. Ils ont mis un peu de temps à comprendre ! Bilbao avait compris bien avant que les grands gestes architecturaux, avoir 20% de population étudiante, une industrie culturelle, c’était bon pour le développement d’une ville.

Pour la Tour Panorama comme pour les musées, 2013 a été un formidable accélérateur mais ils auraient été faits de toute façon. Le château Borély et le musée des Beaux-Arts Longchamp fermés, le musée d’histoire obsolète, etc., ce n’était plus possible dans la deuxième ville de France !

On fait faire des formations au personnel. Pour l’exposition sur l’orientalisme cet été, à la Vieille Charité, les caissières ont absorbé jusqu’à 2400 visiteurs par jour, l’accueil était bien meilleur. Parce que j’ai déjà fait des visites à l’aveugle, quand vous demandez un renseignement, c’est terrible… Donc on forme et on fait en sorte que le personnel ne soit pas assis toute la journée sur une chaise, sans savoir ce que l’on présente.

On a surtout eu des problèmes d’ouverture à la Vieille Charité. Le taux d’absentéisme est de 22%, ce qui est un peu supérieur aux autres services de la ville. On négocie avec les syndicats pour élargir les horaires et travailler certains jours fériés. Il y a deux négociations : une pour les années normales, l’autre pour 2013, année exceptionnelle pour avoir notamment des nocturnes.

Pour le musée d’histoire, nous avons recruté trois à quatre personnes, nous avons pris celles proposés par le conservateur sans demander l’aval de FO. J’ai réclamé au Ministère les deux conservateurs d’Etat que nous avions perdus. Mais la politique est de ne plus les mettre à des postes de directeur mais sur des missions. Concernant FO, il faut essayer de marcher sur la crête, entre les uns et les autres, sinon vous êtes mort. Quand Gilles Eboli, (l’ancien directeur des bibliothèques de Marseille qui a claqué la porte en décembre 2010, ndlr) m’a présenté son organigramme, je lui ai demandé de le modifier un peu car, sinon ça allait mal se passer. Il a dit que c’était ça ou il partait. Deux semaines plus tard, la CGT m’a présenté le même organigramme. Moi je fais de l’équilibrisme en permanence entre syndicats, gouvernance et souvent à l’aveugle… »

Maryse Joissains, député-maire UMP d’Aix-en-Provence

« De 2013, nous n’attendons rien de particulier car nous considérons que le territoire d’Aix est déjà reconnu comme une terre de culture. Avec les grands festivals d’art Lyrique, le ballet Preljocaj, le Grand théâtre de Provence, le musée Granet, la Méjane, l’héritage de Cézanne, nous sommes en position de force. Les jeunes à Aix ne sont pas oubliés. Nous avons une tradition de formation aux arts dans les écoles qui est un modèle en France. Quant aux étudiants, ce n’est pas parce qu’ils sont jeunes qu’ils préfèrent les musiques actuelles à l’Opéra ! Et je pense qu’il y a une complémentarité avec l’offre sur Marseille où ils peuvent trouver ce qu’il ne trouvent pas à Aix. Je considère que notre politique culturelle est adaptée à la population de notre territoire.

Si nous avons longtemps hésité par rapport à 2013, c’est par peur de dérapage par rapport à Marseille. Ici, à Aix, nous avons une comptabilité très stricte pour les institutions et les opérateurs, contrairement à Marseille. L’autre crainte était centrée sur le fait que Marseille aurait pu détourner à son profit notre vivier artistique. Aix ne sera jamais à l’ombre de Marseille, car elle est bien plus culturelle que Marseille. Elle présente également une concentration urbaine qui favorise les pratiques culturelles, alors que Marseille est étendue et totalement désorganisée au niveau des transports.

Sur la ventilation présentée pour cet avant-programme, je ne suis absolument pas satisfaite. Le Pays d’Aix a donné 7,5 millions d’euros, il est hors de question que l’on se contente de 4,3 millions d’euros. Nous avons présenté 120 projets. Certains ont été refusés alors que d’autres, bien moins intéressants ont été financés sur d’autres territoires. J’ai envoyé un courrier à Jean-François Chougnet pour lui marquer mon mécontentement. Soit le Pays d’Aix reçoit les 7,5 millions d’euros en financement de projets pour 2003, soit nous ne paierons que 4,3 millions d’euros. Il est, en tout cas, hors de question de payer pour les autres. »

Patrick Mennucci, maire PS du 1er-7ème de Marseille et vice-président de la Région, délégué à la culture

«MP2013 c’est 90 millions d’euros. Alors que les subventions publiques données pour la culture sur ces 3 ans par les collectivités sont de 900 millions d’euros. Le «plus» de Marseille 2013 c’est 15%, donc ça ne va pas tout changer. Ce qui est intéressant pour Marseille est la création de lieux. Pour la prochaine mandature, l’enjeu sera plus le contenu que le contenant, déjà réalisé à part, peut-être, l’opéra à réhabiliter. Marseille a une politique municipale culturelle qui pèse sur MP2013, alors qu’une politique dynamique comme celle d’Aix joue positivement. Heureusement qu’on a Aix qui va régler pas mal de questions sur le lyrique, la danse, etc. Il évident que Marseille va payer en manque de visibilité en 2013 les quinze ans de Gaudin. 2013 est un moment de paroxysme de la culture, il ne faut pas compter dessus pour créer la culture !

Si je suis élu, je ne gèrerai pas la question de la culture à Marseille avec l’équipe de 2013, la ville n’a pas les moyens de payer deux équipes. Mais pourquoi pas reprendre les individus… Je connais les directeurs culturels d’Aix, d’Istres, d’Arles mais à Marseille, je ne vois pas bien, car le personnel actuel n’a pas le même niveau que sous Vigouroux et Defferre.

La question du lyrique est déjà extrêmement bien traitée à Aix et Avignon, ce n’est pas la peine de chercher à les concurrencer. Mais la danse peut être un axe fort. Il faut régler la question des deux ballets, qui ne peut fonctionner en période de crise, et faire passer le Ballet national de Marseille sous la direction de Prejolcaj. Nous ne valorisons pas assez à Marseille notre culture de la danse. On a tout un patrimoine, avec Maurice Béjart qui est né à Marseille, Roland Petit, que notre ballet n’est plus capable de gérer aujourd’hui. Et le Festival de Marseille est trop obtus, il faut être plus dans le populaire.

Autre axe, nous avons besoin tous les deux ans d’une grande expo qui fasse venir les Européens et ne verse pas forcément dans le provençalisme. Au grand Longchamp, peut-être au Mucem s’il y a la place.

Il y a aussi un gros travail sur l’art contemporain.

Il faut arrêter les discours et travailler. Ce n’est pas un problème spécifique à la culture mais un problème général : comment le politique doit reprendre son autorité. Il faut arriver à faire cracher le bon chez les gens, soutenir ceux qui ont des projets. Pour cela, il faudra utiliser à plein la légitimité de l’élection, que celui qui arrive n’attende pas un an pour agir. il faut d’une certaine façon que la peur change de camp.

Je suis pour un deal sur la question de la nuit : que les gens puissent travailler tranquillement s’ils respectent les règles, ce qui n’était pas le cas du chalet disco fermé en août sur les plages. Tant que les gens respectent les règles, il n’y aucun problème en centre-ville. On peut imaginer un système de contrôle de la musique avec des mouchards mesurant les décibels reliés à un central qui intervient en cas de dépassement. Et à plus long terme un système cadastral de zones plus ou moins bruyantes connu chez le notaire. »

Renaud Muselier, député UMP, délégué à la ville de Marseille pour MP2013

« J’ai en charge les 600 millions d’euros d’investissement lancé dans la ville de Marseille pour 2013. Les chantiers devraient être livrés à temps, s’il n’y a pas de problème particulier. Les délais sont très serrés car nous avons perdu 6 mois au début pour faire travailler tout le monde. Mennucci à la Région et Guérini au CG 13 bloquaient tout. Au final, je suis passé par la Préfecture pour constituer un comité de pilotage, ce qui a permis de contourner les conflits individuels. Et, aujourd’hui avec le déballage entre Guérini et Caselli, cela nous permet d’éviter les représailles. Sur ce point, Guérini ne peut pas nous coincer. Par contre, la guerre entre Guérini et Caselli va plomber sérieusement le prolongement du tram entre la Canebière et Castellane. De même, la rénovation du Vieux-Port est compromise, au moins pour 2013. C’est dommage car nous avions réussi à obtenir un consensus sur le projet et le financement. »

« Sur la programmation de 2013, c’est Monsieur Latarjet le responsable. Ce que je constate, c’est qu’il a voulu faire rêver tout le monde et qu’au moment de décider, il est parti ! Et nous allons nous retrouver, à la ville, avec tous les opérateurs culturels qui ne vont pas être retenus par Marseille-Provence 2013. Pour autant, ces structures-là vont programmer des choses en 2013, notamment grâce à des subventions que nous leur versons chaque année. Pour nous, il n’est pas question de les laisser tomber. Nous sommes en train de travailler pour les aider à exister en dehors de l’association officielle pour 2013. L’annonce sera faite début 2012. »

« 2013 est un bon exemple de ce que peut apporter la métropole à un territoire comme le nôtre. Tout le monde s’est mis autour de la table, depuis les élus jusqu’aux techniciens pour tirer le projet dans le même sens, exactement comme pour les 3 universités. De toute façon, la réforme territoriale du gouvernement nous conduit dans cette direction. L’Alsace va le faire, Nice le fait, mais ici, dans les Bouches-du-Rhône, c’est encore la guerre de clocher qui est plus motivée par la défense de petits intérêts personnels. C’est sclérosant. »

Michel Pezet, conseiller général PS délégué à la culture au Conseil général des Bouches-du-Rhône

« Il n’y a pas de politique culturelle à Marseille depuis 15 ans. »

Florian Salazar-Martin, adjoint PS à la culture de Martigues

« Notre communauté de communes a été la première à s’engager sur MP2013 avec un budget global de 1,5 millions d’euros, ce qui représente pour nous la plus grosse dépense de notre histoire sur la culture. Malheureusement, le contexte économique nous conduit aujourd’hui à nous poser des questions sur cet investissement. Si la réforme territoriale passe, nous avons estimé que notre budget global pourrait diminuer de 10% dans les 3 prochaines années. Dans ce contexte, nous nous interrogeons sur nos engagements, dont celui de 2013. Pour nous, rien de sert de tirer un beau feu d’artifice si l’année suivante, nous sommes obligés d’éteindre tous les lumières ! Voilà pourquoi je me suis abstenu sur le budget 2012 au dernier Conseil d’administration de MP2013. De plus, même si nous avons de bonnes relations avec les équipes, nous ne voyons toujours rien venir en terme de programmation sur notre territoire. A cela, il faut ajouter le train de vie de l’association, avec des salaires élevés qui ne nous semblent pas toujours justifiés. »

Louis Sayn-Urpar, élu d’opposition Arles (sans étiquette)

« Dans son ensemble, je suis en accord avec la politique culturelle d’Hervé Schiavetti. L’avenir d’Arles ne passe plus par les industries, mais par la culture et la formation. Cela permet aux Arlésiens de trouver du travail et à la ville de bénéficier d’une aura nationale grâce aux rencontres internationales de la photo. L’installation de la fondation Luma dans les anciens ateliers SNCF va dans ce sens. Ce que je regrette le plus, c’est le manque de transparence de l’équipe municipale. Par exemple, sur 2013, nous n’avons aucune information, que cela soit sur le budget consacré ou les événements programmés. »

Hervé Schiavetti, maire PCF d’Arles

« Quand l’équipe de Jean-Pierre Camoin (droite) avait fait voter la création du musée de l’Arles antique dans les années 80, l’opposition avait pu discuter sur le budget ou l’architecte, pas sur l’opportunité de faire ce musée. En Arles, tout le monde est d’accord sur une vision d’avenir de la ville.

Arles était trop petite, 54 000 habitants, et surtout pas assez riche pour prétendre obtenir le label de capitale européenne de la culture. Mais si nous avions pu, nous y serions allés seuls. Finalement, nous y sommes avec Marseille, Aix et la Provence et notre objectif, c’est d’en tirer le maximum de profit.

Sur la fondation Luma, ce sont les bâtiments de France qui ont rejeté le projet de Franck Ghery car sa tour ne respectait pas le périmètre patrimonial. C’est dommage, mais Arles a bien d’autres atouts pour 2013. Nous aurons trois grandes expos (Picasso, Van Gogh et Rodin) qui viendront s’ajouter aux manifestations déjà existantes et permettront d’animer la ville tout au long de l’année. »

Jean Viard, sociologue et élu sur la liste PS à MPM chargé du projet Vieux-Port

« Pour le moment, nous sommes exactement dans le planning mais il est très serré. Le permis de construire doit tomber en mars 2012 et le chantier finir en décembre. Nous avons très peu de marge. De toute façon, nous ne commencerons le chantier que si nous pouvons le finir, on ne peut se permettre d’avoir un recours et une ville ouverte en 2013. Et finalement cette échéance est un avantage car personne ne perd son temps en négociations. L’objectif est de réaménager tout le fond du port et le bas de la Canebière, et de limiter massivement les transports avec des voies réservées au bus matérialisées au sol. Elles seront à certains endroits mixtes avec les vélos, à d’autres les vélos auront leur site propre (face à la mairie par exemple). Le passage voiture ne sera supprimé que quand la L2 sera finie. Le but est d’augmenter la pratique piétonnière et de permettre la tenue des plus grandes manifestations de 2013 comme celles d’ouverture. Ce sera l’agora de 2013.

Comme Marseille n’est pas dans une situation de grande vitalité culturelle, MP2013 ne peut être un prolongement naturel, c’est un peu accolé. Je pense qu’on fera en sorte que l’événement soit un succès mais cela va-t-il modifier à moyen terme la dynamique culturelle de la Ville ? Rien n’est moins sûr. On a trente ans de retard sur la métropole donc ça participe à petits pas en ce sens, c’est déjà pas mal que les élus acceptent de commencer à discuter ensemble. »

Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, Sophie Joissains, adjointe à la culture d’Aix-en-Provence, n’ont pas souhaité répondre favorablement à nos nombreuses demandes d’entretiens.

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