Clientélisme : les incorrigibles
Un Escartefigue peut en cacher un autre. Il y a le capitaine du Ferry boat, celui de la partie de carte de Pagnol. Il y a aussi Marius Escartefigue, élu à deux reprises maire de Toulon sous la 3ème République. Proche du Milieu, c’est en quelque sorte le Papet du clientélisme à la sauce aïoli. Maurice Arreckx, maire UDF de Toulon, au parfum lui aussi sulfureux, prêtait à Escartefigue cette définition de l’art de soigner sa clientèle électorale qu’il maîtrisait lui-même à merveille : « la justice pour tous, les faveurs pour mes amis. »
Les années passent et les traditions demeurent. Le sénateur-maire UMP de Toulon, Hubert Falco, utilise à grande échelle les vieilles recettes pour assoir sa domination politique sur le Var : distribution de logements, subventions, emplois… Christian Estrosi, le député maire UMP de Nice, inscrit lui aussi son action dans le sillage de Jacques Médecin auprès duquel il a débuté. On lui souhaite d’être plus prudent que son prédécesseur multi-condamné pour détournement de fonds, corruption…
Quant à Marseille, c’est une autre ombre tutélaire qui plane sur la ville : celle de Gaston Defferre (SFIO puis PS), docteur es relations clientélaires, dans le sillage duquel aussi bien le sénateur-maire UMP, Jean-Claude Gaudin, que le président ex-PS du conseil général du « 13 », Jean-Noël Guérini, inscrivent leurs pas. La victoire du premier aux municipales avec le soutien du second, toujours mis en examen pour « prise illégale d’intérêt, trafic d’influence et association de malfaiteurs », n’est pas qu’une alliance opportuniste : les deux élus partagent les mêmes pratiques politiques.
Au 21ème siècle, les héritiers d’Escartefigues n’ont toujours pas fini de nous fendre le cœur.
Michel Gairaud