Symbole contre symbole
Résistance citoyenne. La France sous-traite désormais ses expulsions à des compagnies étrangères. Certainement plus pour éviter les résistances que par souci d’économie. Il y a quelques semaines, les marins CGT de la SNCM avaient fait grève pour protester contre l’embarquement sur leur navire de deux sans-papiers. Dans les Bouches-du-Rhône, le Réseau éducation sans frontières (RESF) avait jusqu’alors réussi à empêcher toute expulsion du millier de parents sans papiers déboutés dans le cadre de la circulaire Sarkozy de juin dernier. La décision de Christian Frémont est d’autant plus symbolique que, le même jour, RESF organisait un parrainage républicain pour placer une centaine d’enfants, de collégiens, de lycéens et d’étudiants marseillais, ainsi que leur famille, sous la protection de 80 citoyennes et citoyens français. Mais le préfet est un dangereux récidiviste en la matière : le 24 juin dernier, jour de la première cérémonie de parrainages de Réseau éducation sans frontières, il avait déjà renvoyé Fathi, un étudiant tunisien, dans son pays.
Hypocrisie politique. Des symboles forts, comme les aime son patron, futur candidat de la l’UMP à la présidence de la République. En campagne depuis quatre ans, en plus de l’immigration choisie, ce dernier prône, aux côtés de Ségolène Royal, candidate socialiste, le « co-développement » comme solution aux problèmes migratoire de la France. Une généreuse idée selon laquelle en aidant la croissance économique des pays de départ des migrants, leurs populations n’auront plus de raisons de vouloir venir nous « envahir ». Mais le cas de monsieur Zedal relève d’une simple régularisation. Et la France n’a jamais consacré les 0,7 % de son PIB promis depuis des décennies dans les instances nationales à l’aide aux pays en voie de développement. Encore un symbole.