Agit-prop

octobre 2007
Le pouvoir prend l’imagination. Alors que Nicolas Sarkozy – vous connaissez ? – a fait de 1968 un épouvantail idéologique, intituler « Grenelle de l’environnement » son grand sommet sur les enjeux écologiques ne manque pas de saveur. C’est à « Grenelle » que la crise sociale et politique du mois de mai avait commencé à se dénouer. Près de quarante ans plus tard, l’imagination est-elle vraiment au pouvoir ? Une certitude : les recettes de « l’Agit-prop », jadis l’apanage des gauchistes, sont devenues un mode de gouvernement. Il faut donc faire sans cesse image, créer l’événement, impulser du mouvement… Impossible, que l’on soit dupe ou non, de refuser de jouer complètement le jeu. Souvent, les associations écologistes participent à la fois aux rencontres officielles et aux « Alter Grenelle » où l’on dénonce les limites de l’agitation médiatique.

Impossible d’être réaliste. C’est qu’il y a urgence à demander l’impossible ! A l’heure, par exemple où tous plaident pour un rééquilibrage en faveur du transport ferroviaire, la SNCF envisage la fermeture de près de 300 gares de fret. Partout en Paca, la construction de routes absorbe l’essentiel des investissements pour les transports. Toulon consacre tous ses moyens à creuser un deuxième tunnel routier. A Marseille, Jean-Claude Gaudin troque des promesses d’extension du réseau « métro-tram » pour celle d’achever, d’ici 2013, la rocade du « boulevard urbain sud ». Jean-Noël Guérini, promoteur d’un ambitieux programme de tri sélectif dans les Bouches-du-Rhône, juge désormais qu’il est trop tard pour renoncer à la construction d’un incinérateur de déchets à Fos-sur-Mer. Il est vrai qu’il candidate désormais au poste de maire de Marseille… Les vélos en libre-service, à Aix et Marseille, le beau tramway que Nice, après Marseille, inaugurera en novembre, apparaissent alors comme une goutte d’eau dans un immense désert.

Travaillez sans entraves. A peine formulées, les conclusions de la « révolution écologique » made in Borloo, d’autres effets d’annonces vont aussitôt occuper le devant de la scène. Ce sera ainsi le cas pour les régimes de retraites dont la philosophie du « travailler plus, plus souvent, plus longtemps » devrait encore inspirer la réforme. Les syndicats de fonctionnaires avaient programmé une journée de grève le 17 octobre. Avant de se raviser et de la différer au lendemain. Car le 17, c’est la traditionnelle journée mondiale du refus de la misère ! « Misère ? Pourquoi t’acharnes-tu toujours sur les pauvres gens ? », chantait Coluche. Va savoir ! Une bonne question que devraient se poser chaque jour les 786 maires de Paca. Leurs chances d’être réélus aux prochaines municipales, dans moins de six mois, préoccupent certainement plus souvent leurs pensées…

le Ravi

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