Médias en Paca
La grande dépression

février 2009

Chute du lectorat de la presse quotidienne régionale, baisse de l’audience de France 3, déconfiture des télévisions privées, galères des médias alternatifs, précarisation des journalistes, concentration économique, appauvrissement des contenus, pression des pouvoirs politiques et économiques… Faut-il toucher le fond pour remonter à la surface ?

C’est fait. Après avoir convoqué à l’Elysée, début octobre, les patrons des grands journaux pour inaugurer les Etats généraux de la presse dont il a eu lui-même l’idée, Nicolas Sarkozy a annoncé, fin janvier, un plan de soutien de l’Etat de 600 millions d’euros pour la presse écrite. Dans son paquet cadeau un catalogue de mesures : le report d’un an de l’augmentation des tarifs postaux, une aide aux marchands de journaux, la promesse d’achat par l’Etat de publicité institutionnelle, des gadgets comme un abonnement gratuit subventionné à un quotidien de son choix pour chaque jeune français pendant l’année de ses 18 ans… Au même moment, l’omni président a imposé sa réforme de l’audiovisuel public d’une main de maître. La suppression de la publicité sur France Télévision entre 20 heures et 6 heures du matin a été effective avant que le parlement n’en ait adopté le principe. Dans les deux cas, on assiste à une prise en main sidérante par le chef de l’Etat de ceux censés assurer un contre-pouvoir médiatique. La possibilité qu’il s’est octroyé de nommer et révoquer les dirigeants des chaînes publiques est symptomatique. Côté presse écrite, la volonté de Nicolas Sarkozy d’assouplir les règles de concentration des médias pour consolider les « grands groupes » ne manque pas non plus de piquant. Dans « notre belle région(g) » (© le Ravi), la concentration des médias, on en connaît un rayon. La Provence, Nice Matin, Var Matin, autrefois propriétés de Hachette, appartiennent au groupe Hersant. Du fait de leur monopole, de leur capacité à absorber l’essentiel du marché publicitaire, qui représente environ 50 % des recettes notamment grâce à l’apport des annonces institutionnelles, ces titres se portent bien. Avec un paradoxe : ils perdent pourtant sans arrêt des lecteurs de moins en moins enclins à payer ce que leur offre en résumé la presse gratuite… Et un constat : leur contenu, axé sur une information de proximité inodore, sur le sport et les faits divers, est conçu pour fédérer le plus de monde en évitant soigneusement d’importuner quiconque, surtout s’il porte une écharpe tricolore. Autre grand média régional : France 3 avec son bataillon de journalistes et son maillage géographique du territoire. L’une des conséquences directes de la suppression de la pub a été la fin du décrochage local d’information à 19H55, l’horaire le plus fréquenté, de façon à passer le maximum d’annonces avant l’interdiction ! Avec pour corollaire une baisse de l’audience des journaux de proximité. Confortablement installés dans une forteresse assiégée, les rédactions de la télévision régionale, à la pyramide d’âge avancée, craignent pour leur avenir. A l’image, à l’autre bout de l’échelle, des journalistes précaires, les fameux « pigistes » payés à la tâche, article par article, et soumis aux aléas du marché et aux humeurs de leur employeur. Mais tout va bien : le Ravi sort une nouvelle formule…

M. G.

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