Toulon, conseil municipal du 21 octobre 2005

novembre 2005
Tous les mois, un grand reporter du Ravi « teste » incognito un conseil municipal dans une ville ou un village de notre belle région...

9H37 C’est parti. Hubert Falco, dont le bureau est juché sur une estrade surélevée au centre de l’assemblée, fait l’appel des différents élus. Comme à l’école. Le maire, très paternaliste, tutoie la plupart des adjoints et des conseillers municipaux de sa majorité.

9H40 L’opposition opère un tour de chauffe concernant une somme que la ville est condamnée à verser à la Société des eaux. « Doit-on continuer à laisser la gestion d’un bien public comme l’eau à des marchands de soupe ? », interroge Bruno Maranzana (PS). « Vos amis socialistes ont plus privatisé que nous, rétorque Hubert Falco. Je comprends mieux que vous ne soyez pas toujours très à l’aise dans votre parti politique. » 24lop_samson.jpg 9H49 Une délibération propose l’achat d’espaces publicitaires dans Var Matin. « Je m’étonne que la Marseillaise ne soit pas mentionnée. Peut-être s’agit-il d’un oubli ? », questionne Madeleine Brun (PCF). Que nenni ! certifie le maire, des contacts seraient également en cours avec la Marseillaise. « Vous faites bien de parler de ça, poursuit Hubert Falco. Il est important de communiquer pour que les citoyens sachent ce que l’on fait. Toulon ne le fait peut-être même pas assez. Le budget communication de la ville est seulement de 800 000 euros. Celui de la Région est de 4 millions d’euros, comme celui du Conseil général du Var. » Françoise Gallangau (PS) tente de relancer l’action. « Les Toulonnais trouvent déjà régulièrement la parole des élus dans Var Matin », lance-t-elle. « Quand vous serez au pouvoir – c’est-à-dire jamais je l’espère – vous changerez votre fusil d’épaule. Nous allons continuer à communiquer avec Var Matin. Notre majorité nous permet de le faire », tacle Hubert Falco, dont la bonhomie s’est nettement effritée.

10H05 Bruno Maranzana repart à la charge. « Il y a eu dans Var Matin autrefois des plumes insolentes, souligne l’élu socialiste. Aujourd’hui, c’est le règne de la parole unique. Qu’en est-il de l’indépendance de la presse lorsque les journalistes qui osent écrire des choses insolentes à votre égard sont aussitôt censurés par leurs rédacteurs en chef ? Var Matin est une presse aux ordres, aux pieds de son principal financeur : la mairie de Toulon. » Hubert Falco, un peu décontenancé par la virulence du « contre », botte en touche. Et parle de lui à la troisième personne. « Je trouve que la presse est objective. Et c’est normal quand on est au pouvoir d’avoir plus souvent l’occasion de s’exprimer. J’ai été élu 14 fois. Le jour où Falco ne sera plus maire, on ne parlera plus de moi. »

10H15 Lorenzo Matéos (PCF) s’interroge sur l’enlisement des discussions avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) concernant le financement de la rénovation du vieux Toulon. « J’ai toujours dit qu’il nous faudra au moins une décennie pour aboutir et qu’on ne rasera pas gratuit demain dans le centre ancien, souligne Hubert Falco. Ce sera la priorité du deuxième mandat que nous espérons faire. Sans l’aide de l’Etat, nous ne pourrons pas aboutir sur ce dossier : elle doit s’élever au moins à 50 % des dépenses. Quand l’ANRU propose 10 %, je leur dis gardez-les ! » Le maire se lance ensuite dans une grande tirade lyrique où il est question de « mixité sociale » et de « faire enfin entrer le soleil » dans le centre toulonnais.

10H31 Bruno Maranzana (PS), décidemment très en forme, cherche à ramener le maire à des considérations plus concrètes : « Vous devez réquisitionner des espaces pour le logement social. C’est le principal dossier où vous n’êtes pas suffisamment engagé. Il n’y a plus moyen d’attendre. » Curieusement, Hubert Falco fait d’abord une diversion sur sa méthode de gouvernance caractérisée, selon lui, par la « collégialité ». Expression qui, après « mes chers collègues », revient le plus fréquemment dans sa bouche. Collégialité peu apparente lors du Conseil municipal : conseillers et adjoints de la majorité sont presque totalement réduits au silence. Les débats se résument au dialogue entre le maire et son opposition, dont le temps de parole n’est toutefois pas compté.

10H39 Hubert Falco rend un hommage implicite au père de feu la Constitution européenne, Valéry Giscard d’Estaing. « Personne n’a le monopole du c?ur dans cette assemblée ! Je me suis dit que ce serait indécent de construire du neuf en laissant vivre les gens des cités dans des logements non réhabilités. C’est notre priorité. J’ai vraiment envie de réussir cette ville. » Et de préciser – bis repetita – « j’ai déjà été élu 14 fois, mon objectif n’est pas la notoriété ».

10H52 « Vous ne pouvez pas ignorer les 6000 demandes de logements non satisfaites chaque année. Certains dorment dans des voitures. L’Etat n’aide en rien Toulon à rénover son centre ville », lance Madeleine Brun (PCF). « Vos déclarations me satisfont car vous êtes, hélas, en affirmant que rien ne se fait, de plus en plus en décalage avec la population », rétorque Hubert Falco.

11H06 La délibération 12.1.1, présentée par l’adjoint à la Culture, porte sur l’acquisition d’un aspirateur « Nilfisk GD1005 » pour la bibliothèque municipale. « C’est très bien qu’un élu seul n’achète pas un aspirateur et que cela passe par la collégialité », se réjouit le maire.

11H09 Jean-Louis Marfaing (Vert) intervient sur une question de fond : l’arrosage des espaces verts cet été alors que la sécheresse sévissait et le dérèglement de certains dispositifs inondant malencontreusement la chaussée. Hubert Falco assure, une fois de plus, le spectacle : « J’ai moi-même chez moi un arroseur automatique. Ce matin, il s’est déréglé et je me suis trouvé trempé de la tête aux pieds. J’ai été obligé de remonter me changer. Heureusement, il n’y avait pas de caméra cachée. »

11H17 Confidence du maire à l’assemblée municipale : « Le matin, dès 6H30, je sais déjà ce qui s’est passé dans la nuit. C’est une vieille habitude rurale. »

11H25 A propos de la rénovation de l’église Saint Flavien, Hubert Falco : « C’est une bonne chose, on va pouvoir aller prier au chaud. »

11H30 Au sujet des tarifs de la salle de musculation à l’espace Beaucaire, le maire s’adresse à Bruno Maranzana (PS), complice : « Bruno, on va y aller ? »

11H38 Françoise Gallangau (PS) interpelle le maire sur les modalités de distribution des repas à domicile au bénéfice des personnes âgées. Les plateaux du lundi sont par exemple livrés dès le vendredi ! En préambule à sa question, la conseillère d’opposition indique : « Je ne voudrais pas revenir sur ce qui a fait dernièrement la Une de la presse. » Une allusion à l’expulsion d’une octogénaire toulonnaise de son domicile. Hubert Falco – ancien secrétaire d’Etat aux personnes âgées et maire d’une ville où le troisième âge pèse son comptant d’électeurs – s’emballe : « Je suis assez fin politique pour vous voir arriver sous vos airs angéliques. Je savais que vous alliez essayer d’aborder le sujet. Et bien je vais vous regarder droit dans les yeux et vous certifier que la ville a fait ce qu’elle devait faire. Et vous méditerez ! Le responsable, c’est le fils. Je me verrais mal, pour des raisons personnelles, hypothéquer la maison de maman à Grignan. » La question de la distribution des repas reste sans réponse.

11H45 « Mes chers collègues, en vous félicitant pour la qualité des débats sur les dossiers les plus importants, je vous remercie et lève la séance. » Fin du Falco show.

Michel Gairaud

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