Les députés au scanner

mai 2012

le Ravi déshabille – âge, sexe, origine, profession, bilan… – les députés sortants et les candidats à leur succession. Qui cumule ? Qui sont les arapèdes du palais Bourbon ? Qui est héritier ou parachuté ? Qui part gagnant ou perdant ? Radioscopie des législatives en Paca.

ravi97_unelight.jpg Qui a dit que plus personne ne rêve d’une carrière politique ? Le charme suranné du palais Bourbon semble faire toujours autant d’effet. Près de 500 candidats se disputent les 42 circonscriptions de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Autre chiffre : sur les 40 sortants, seulement 6 ne se représentent pas. On prend visiblement goût à l’exercice du pouvoir. Peut-être aussi à un statut avantageux : 7100 euros brut par mois, les transports gratuits, un régime de retraite très enviable… Il y a de nombreuses raisons à cette avalanche de candidatures. L’une d’elle est le système de financement des partis basé sur le nombre de postulants aux législatives et leur score à cette élection.

La bande annonce des scrutins des 10 et 17 juin et ces centaines de candidats donnent une photographie faussée du pluralisme politique dans notre région. Des chiffres encore : en 2007, seuls 6 députés de gauche avaient échappé à la vague UMP. L’élection du deuxième président socialiste de la 5ème République va-t-elle redistribuer sensiblement les cartes ? Nicolas Sarkozy a rassemblé 57,6 % des suffrages en Paca le mois dernier, 64,2 % dans les Alpes-Maritimes, le département français où il a fait son meilleur score, suivi de peu par le Var avec 62,6 %. François Hollande n’est arrivé en tête que dans les départements alpins mais aussi – nouveauté – à Avignon et à Marseille. Les ambitions de la gauche sont réelles mais modestes : elle espère briser le monopole de la droite handicapée par le FN dans le Vaucluse, conquérir quelques circonscriptions dans les Bouches-du-Rhône… Il n’y a que dans les Alpes où elle a la patate et espère peut-être y faire le grand chelem.

A l’heure d’élire nos représentants, nous avons aussi voulu passer au scanner nos députés. L’équipe sortante avait un profil très marqué : de droite donc, masculine, âgée, d’origine sociale aisée, fermée à toute forme de diversité. Si on met les options politiques de côté, cela risque de ne pas changer. Il y avait 8 députées avec un « e ». Il y a seulement 38,8 % de candidates (40 % en moyenne en France) alors que la loi exige la parité. Les grands partis, UMP en tête, préfèrent payer de lourdes amendes que de mettre au garage leurs barons. Selon nos projections, il pourrait n’y avoir que 5 femmes élues fin juin dans la région. La sociologie des députés est aussi monolithique : la quasi-totalité de ceux qui franchissent la ligne d’arrivée sont des « pro » depuis de nombreuses années, qui affichent bien plus de 50 années au compteur. Et aucun d’entre eux n’a été ouvrier.

Encore un chiffre ? Les trois quarts de nos députés sortants figurent parmi les mauvais élèves en matière d’assiduité et d’activité à l’Assemblée nationale. Mention spéciale pour les cancres UMP Bernard Brochand, député-maire de Cannes et Renaud Muselier, député de Marseille. Alors, blanc bonnet et bonnet blanc tous ces candidats ? Que nenni ! Ils défendent des projets de société très dissemblables, parfois avec conviction et courage. Nombreux font de la xénophobie leur fonds de commerce. Tout en décernant un petit palmarès satirique, nous vous laissons le soin de repérer le candidat qui vous correspond. Une lecture assidue du Ravi peut vous y aider. N’hésitez pas à consulter nos archives.

Michel Gairaud

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